Pour Macron, l'horizon s'éclaircit vers la présidentielle

Le président français Emmanuel Macron avant une réunion sur le Sahel, à Paris, le 17 février 2022. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron avant une réunion sur le Sahel, à Paris, le 17 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 18 février 2022

Pour Macron, l'horizon s'éclaircit vers la présidentielle

  • Emmanuel Macron a déjà présenté un certain nombre de ses projets lors de ses récentes visites présidentielles, que l'opposition a dénoncé comme autant de déplacements de candidat organisés aux frais de l'Etat
  • Il a ainsi détaillé des programmes sur la sécurité, le nucléaire civil, l'espace, en projetant la France, à chaque fois, à l'horizon 2030, voire 2050, soit bien au-delà du prochain quinquennat

PARIS : Le reflux de l'épidémie de Covid-19 et la fin d'une intense séquence internationale autour du Mali dégagent la voie à l'entrée en campagne présidentielle d'Emmanuel Macron tant attendue par ses adversaires, même si la crise ukrainienne reste menaçante.

Le "moment nécessaire" est-il arrivé? Il y a une semaine, le chef de l'Etat liait l'officialisation de sa candidature à deux conditions: dépasser le "pic épidémique" et tourner la page d'une "situation internationale éminemment à risques".

La première est en bonne voie puisque tous les indicateurs sont à la baisse et le retour à une vie quasi normale semble à portée de main.

La seconde est moins assurée: la situation reste confuse à la frontière russo-ukrainienne et, malgré les annonces de Moscou du retrait de certaines unités militaires, le risque d'une invasion n'a pas disparu selon Washington.

Mais, même si Emmanuel Macron entend rester très impliqué dans la médiation entre Moscou et Kiev, aucun rendez-vous international n'est à son agenda dans les prochains jours.

Parallèlement, il a en partie soldé le dossier malien en annonçant jeudi, avec ses partenaires européens, le départ des troupes en réaction aux "obstructions" de la junte au pouvoir à Bamako.

"Avec la fin de cette séquence qui l'a beaucoup occupé, son agenda de président va clairement s'alléger", souligne un proche.

Pour autant, Emmanuel Macron, qui a déjà récolté 1.345 parrainages, va-t-il entrer en lice la semaine prochaine? Ou celle d'après? En l'absence de signaux clairs, les supputations vont bon train.

"J'espère que ce moment arrive. Quand? C'est une décision très personnelle. Les candidats ont jusqu'à début mars pour se déclarer", a résumé mardi la ministre déléguée Marlène Schiappa.

Tous les regards se tournent vers l'échéance phare de la semaine prochaine: le Salon de l'agriculture, rendez-vous incontournable avec la France rurale pour le chef de l'Etat comme pour tous les aspirants à l'Elysée.

Emmanuel Macron y déambulera-t-il le samedi 26 février dans le costume du président-candidat? Certains observateurs imaginent même qu'il l'endosse sur place, en se déclarant au milieu des vaches, des tracteurs et des stands de produits régionaux.

En position de favori

Pour ce moment tant attendu, "il lui faudra être à la fois original et solennel, un équilibre qui n'est pas facile à trouver. Ca phosphore...", indique un cadre de la majorité, en reconnaissant que "seules quelques personnes sont dans le secret".

Une fois l'officialisation faite, "tout est prêt pour les 15 premiers jours de la campagne", les derniers arbitrages sur le programme devant être actés ces jours-ci, assure ce responsable.

Emmanuel Macron a déjà présenté un certain nombre de ses projets lors de ses récentes visites présidentielles, que l'opposition a dénoncé comme autant de déplacements de candidat organisés aux frais de l'Etat.

Il a ainsi détaillé des programmes sur la sécurité, le nucléaire civil, l'espace... en projetant la France, à chaque fois, à l'horizon 2030, voire 2050, soit bien au-delà du prochain quinquennat.

Cette posture présidentielle lui a permis de conserver une position en surplomb des autres candidats et de cultiver une image de "visionnaire", en particulier face à ceux qui cultivent la nostalgie de la "France d'avant".

"Dans cette campagne, il y a certains pour qui l'ADN politique, c'est le passé. Pour nous, c'est l'avenir", a assuré mercredi à Toulouse Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, après l'appel du chef de l'Etat à renouer avec "l'esprit de conquête" dans l'exploration spatiale.

Emmanuel Macron va entrer en campagne pour le scrutin du 10 et du 24 avril en position de favori, tous les sondages le plaçant nettement en tête du premier tour, en recueillant environ 25% des suffrages, et vainqueur au second quel que soit l'adversaire.

Si "l'élection présidentielle était un référendum", il serait en difficulté car seule "une minorité de Français est convaincue de la qualité de son bilan", souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès. Mais "sa principale force réside surtout dans la faiblesse des autres candidats" puisque les Français considèrent qu'ils feraient globalement moins bien, ou pas mieux, que lui, ajoute le politologue.


A Buenos Aires, l'hommage symbolique de Macron aux victimes de la dictature

Le président français Emmanuel Macron est arrivé samedi soir dans la capitale de l'Argentine
Le président français Emmanuel Macron est arrivé samedi soir dans la capitale de l'Argentine
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  • Emmanuel Macron va rendre dimanche à Buenos Aires un hommage symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine.
  • L'Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l'Accord de Paris sur le climat.

BUENOS AIRES : Emmanuel Macron va rendre dimanche à Buenos Aires un hommage symbolique aux victimes, notamment françaises, de la dictature militaire argentine, avant de retrouver le président ultralibéral Javier Milei, accusé de révisionnisme sur cette page sombre de l'histoire du pays latino-américain.

Le président français est arrivé samedi soir dans la capitale de l'Argentine au début d'une tournée régionale et a déjà eu un dîner de travail avec son homologue. Son objectif affiché : le « raccrocher » au « consensus international » et aux « priorités du G20 », auquel ils participeront ensuite, lundi et mardi, au Brésil.

La tâche s'annonce ardue, tant Javier Milei est un admirateur de Donald Trump, tenté comme le républicain qui vient d'être élu pour la deuxième fois président des États-Unis, de tourner le dos à plusieurs engagements multilatéraux.

L'Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l'Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump avait lui-même effectué lors de son premier mandat.

Avant un nouvel entretien avec Javier Milei à la Casa Rosada, le chef de l'État français, accompagné de son épouse Brigitte, va déposer une gerbe au pied de l'église de la Santa Cruz, lieu de mémoire de la résistance contre la dictature (1976-1983).

L'Élysée évoque « un message fort » pour « dire que la France n'oublie pas ».

En décembre 1977, plusieurs membres fondateurs des Mères de la Place de Mai, qui réclamaient des informations sur leurs proches disparus, ont été arrêtés, torturés et assassinés après s'être réunis dans cette église.

Parmi les victimes figuraient les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, qui avaient été enlevées puis tuées dans un « vol de la mort » de la dictature, avant d'être jetées au large du Río de la Plata depuis un avion.

Au total, au moins 22 Français ont été recensés parmi les morts ou disparus de cette époque.

- Bilan revisité -

Emmanuel Macron n'est pas le premier dirigeant français à saluer la mémoire de ces victimes. Mais le contexte a changé depuis l'arrivée au pouvoir de Javier Milei il y a 11 mois.

Le président, et encore plus sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d'une famille de militaires, sont accusés de révisionnisme par les organisations de défense des droits humains.

Ils préfèrent parler de « guerre » contre des « guérillas » d'extrême gauche plutôt que de « dictature », pour relativiser la responsabilité de l'armée.

Par ailleurs, ils n'hésitent pas à réviser le bilan de la junte militaire au pouvoir durant ces années : alors que celui, généralement admis, des organisations de défense des droits humains fait état de 30 000 morts, Javier Milei évoque moins de 9 000 victimes.

En juillet, six députés du parti au pouvoir ont rendu visite en prison à Alfredo Astiz et à d'autres ex-militaires condamnés pour crimes contre l'humanité. Le président Milei avait toutefois pris ses distances avec ce geste.

Astiz, ex-capitaine de marine de 73 ans, a été condamné à deux reprises en Argentine à la perpétuité, notamment pour l'enlèvement et la disparition des religieuses françaises. En France, il a été condamné à la prison à vie en 1990 pour le même dossier, en son absence.

Début novembre, des proches de Français disparus ont été reçus par des conseillers du président Macron à l'Élysée. Ils ont demandé au chef de l'État de transmettre à son homologue argentin leur « inquiétude » concernant la possible libération d'Alfredo Astiz.

« À ce stade, il n'y a pas de remise en cause des procédures judiciaires qui ont abouti à la condamnation des personnes responsables », assure-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron, tout en précisant ne pas vouloir « interférer dans la politique intérieure argentine ».

Jean-Pierre Lhande, président de l'Association des parents et amis des Français disparus en Argentine, a estimé que l'hommage présidentiel était « insuffisant ».

« Ce que je réclame depuis des années, c'est qu'on nomme un responsable en France de la recherche des Français disparus en Argentine et que l'Argentine nomme quelqu'un d'autre », a-t-il dit à l'AFP, en soulignant que le temps presse car « les parents des disparus sont presque tous morts 


Le ministre français des Armées entame samedi soir une tournée dans les pays du Golfe

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu (Photo, AFP)
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu (Photo, AFP)
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  • Sébastien Lecornu débutera sa tournée par le Qatar, où il s'entretiendra dimanche avec son nouvel homologue, Saoud ben Abdelrahmane Al Thani.
  • Le ministre français se rendra ensuite en Arabie saoudite pour s'entretenir avec son homologue saoudien, Khalid Bin Salman.

PARIS : Le ministre français des Armées entame samedi soir une tournée dans les pays du Golfe où il évoquera notamment la guerre à Gaza et au Liban et travaillera « à la préservation » des intérêts stratégiques de la France dans la région, a annoncé samedi son ministère.

Sébastien Lecornu débutera sa tournée par le Qatar, où il s'entretiendra dimanche avec son nouvel homologue, Saoud ben Abdelrahmane Al Thani.

Cette visite intervient alors que le Qatar, où se trouve le bureau politique du Hamas, a suspendu sa médiation entre Israël et le groupe islamiste palestinien.

Avec les États-Unis et l'Égypte, le Qatar a participé pendant des mois à des efforts de médiation pour mettre fin à la guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par des attaques sanglantes du Hamas contre Israël.

Cependant, les deux parties s'accusent mutuellement de bloquer tout accord pour un cessez-le-feu.

L'émirat du Golfe s'engagera de nouveau « lorsque les parties feront preuve de volonté et de sérieux », a indiqué le porte-parole des Affaires étrangères du pays, Majed Al Ansari.

La visite de Sébastien Lecornu « s'inscrit dans le cadre de l'engagement commun de la France et du Qatar en faveur de la sécurité et de la stabilité au Proche et Moyen-Orient, ainsi que du renforcement de la coopération bilatérale de défense », a souligné son ministère dans un communiqué publié samedi.

Le ministre français se rendra ensuite en Arabie saoudite pour s'entretenir avec son homologue saoudien, Khalid Bin Salman.

Ce déplacement permettra de préparer la visite d'État d'Emmanuel Macron dans ce pays qui aura lieu du 2 au 4 décembre. Annoncée vendredi, la visite du président français vise à renforcer, avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, le partenariat entre les deux pays, de la défense à l'économie du futur.

Mardi, Sébastien Lecornu se rendra aux Émirats arabes unis, partenaire stratégique pour la France, pour y rencontrer son homologue Mohamed Bin Mubarak Fadhel Al Mazrouei.

Il ira également visiter le 5ᵉ régiment de cuirassiers, implanté au milieu du désert, dans un camp militaire des Émirats.

« Ce régiment participe aux missions de coopération bilatérale avec les pays de la région et contribue à la préparation opérationnelle des unités projetées de France » dans le combat numérisé interarmes en milieu désertique et en zone urbaine, explique le ministère.

La tournée de Sébastien Lecornu dans le Golfe doit s'achever mercredi.


Macron en Argentine pour "raccrocher" Milei au "consensus international"

Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte avant leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 12 novembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend l'arrivée du secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte avant leur rencontre au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 12 novembre 2024. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est attendu samedi en Argentine pour rencontrer le président ultralibéral Javier Milei, admirateur de Donald Trump, dans l'espoir de le "raccrocher" au "consensus international" à la veille du G20 au Brésil
  • Le chef de l'Etat français doit arriver en fin de journée à Buenos Aires où il sera reçu pour un dîner en tête-à-tête par son homologue argentin

Buenos Aires, Argentine: Emmanuel Macron est attendu samedi en Argentine pour rencontrer le président ultralibéral Javier Milei, admirateur de Donald Trump, dans l'espoir de le "raccrocher" au "consensus international" à la veille du G20 au Brésil.

Le chef de l'Etat français doit arriver en fin de journée à Buenos Aires où il sera reçu pour un dîner en tête-à-tête par son homologue argentin. Ils auront ensuite un autre entretien dimanche.

Le moment est particulier. Javier Milei sera tout juste de retour de Mar-a-Lago, en Floride, où il a rencontré le président élu des Etats-Unis. Deux hommes ayant en commun une politique de coupes claires dans les dépenses publiques, que Donald Trump veut mettre en oeuvre lorsqu'il retournera à la Maison Blanche en janvier et que l'Argentin, qui se décrit comme un "anarcho-capitaliste", pratique depuis son arrivée au pouvoir il y a onze mois.

Ils caressent aussi tous les deux l'idée de tourner le dos aux grands accords et objectifs climatiques multilatéraux.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron espère "surmonter" les "divergences", notamment environnementales, pour "convaincre l'Argentine de continuer de participer au consensus international", explique l'Elysée. Et donc "raccrocher le président Milei aux priorités du G20", auquel ils participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.

L'Argentine vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, et les spéculations vont bon train sur sa possible sortie de l'Accord de Paris sur le climat. Un geste que Donald Trump avait lui-même effectué lors de son premier mandat.

"C'est le président Milei lui-même qui a tendu la main" à la France, plaide-t-on à Paris. On avance aussi qu'Emmanuel Macron est l'un des seuls dirigeants étrangers reçus à Buenos Aires depuis l'élection de son homologue, et qu'il peut, avec son expérience des cénacles internationaux, avoir une influence sur celui dont ce sera le premier sommet du G20.

- Hommage aux victimes -

Le président français aime afficher sa capacité à dialoguer avec des homologues controversés, voire ostracisés. Quitte à mettre en scène une certaine proximité, sans nier les divergences -- même si les résultats de cette démarche ont été jusqu'ici mitigés.

"Ce sera un test pour le poids et l'influence de Macron en Amérique latine", estime Oscar Soria, un activiste argentin vétéran des négociations climatiques. "S'il n'arrive pas à convaincre Milei de rester dans l'Accord de Paris, cela montrera qu'il a perdu de son aura dans la région", ajoute-t-il, redoutant que cela ouvre la voie à d'autres retraits "en cascade" de pays d'Amérique du Sud.

Pour Alejandro Frenkel, de l'Université nationale de San Martín, Emmanuel Macron, qui s'était déjà opposé à l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro sur la déforestation, "a intérêt à s'imposer comme une référence" sur les questions environnementales et à "marquer sa différence".

Il va avancer ces sujets aussi pour expliquer aux pays du Mercosur, dont l'Argentine et le Brésil, pourquoi il s'oppose à la signature d'un accord de libre-échange entre ce bloc régional et l'Union européenne, dit cet expert en relations internationales à l'AFP.

Alors que les réformes à marche forcée pour ramener Buenos Aires vers l'équilibre budgétaire et tenter de sortir d'une profonde crise économique sont très controversées, la France se montre plutôt élogieuse, jugeant qu'elles "vont dans le bon sens".

Paris entend aussi approfondir les relations économiques, notamment dans le domaine des métaux critiques, alors qu'Eramet vient d'inaugurer une mine de lithium en Argentine.

Selon Ariel González Levaggi, du Conseil argentin pour les relations internationales, Emmanuel Macron devrait également profiter de sa visite pour faire avancer la possible vente de sous-marins français Scorpène, même si la présidence française relativise l'état d'avancement des négociations.

"L'Argentine ne dispose actuellement d'aucun sous-marin opérationnel et pour la marine argentine, c'est une priorité", explique-t-il à l'AFP, tout en soulignant que Buenos Aires doit "surmonter un problème de financement".

Dimanche, le président français rendra par ailleurs hommage à la vingtaine de Français disparus et assassinés sous la dictature militaire argentine entre 1976 et 1979, alors que Javier Milei est régulièrement accusé par ses détracteurs de révisionnisme sur cette page sombre de l'histoire de son pays.

Après l'Argentine, puis le G20, Emmanuel Macron se rendra au Chili, où il prononcera notamment jeudi devant le Congrès à Valparaiso un grand discours sur sa politique à l'égard de l'Amérique latine.