PARIS : Le reflux de l'épidémie de Covid-19 et la fin d'une intense séquence internationale autour du Mali dégagent la voie à l'entrée en campagne présidentielle d'Emmanuel Macron tant attendue par ses adversaires, même si la crise ukrainienne reste menaçante.
Le "moment nécessaire" est-il arrivé? Il y a une semaine, le chef de l'Etat liait l'officialisation de sa candidature à deux conditions: dépasser le "pic épidémique" et tourner la page d'une "situation internationale éminemment à risques".
La première est en bonne voie puisque tous les indicateurs sont à la baisse et le retour à une vie quasi normale semble à portée de main.
La seconde est moins assurée: la situation reste confuse à la frontière russo-ukrainienne et, malgré les annonces de Moscou du retrait de certaines unités militaires, le risque d'une invasion n'a pas disparu selon Washington.
Mais, même si Emmanuel Macron entend rester très impliqué dans la médiation entre Moscou et Kiev, aucun rendez-vous international n'est à son agenda dans les prochains jours.
Parallèlement, il a en partie soldé le dossier malien en annonçant jeudi, avec ses partenaires européens, le départ des troupes en réaction aux "obstructions" de la junte au pouvoir à Bamako.
"Avec la fin de cette séquence qui l'a beaucoup occupé, son agenda de président va clairement s'alléger", souligne un proche.
Pour autant, Emmanuel Macron, qui a déjà récolté 1.345 parrainages, va-t-il entrer en lice la semaine prochaine? Ou celle d'après? En l'absence de signaux clairs, les supputations vont bon train.
"J'espère que ce moment arrive. Quand? C'est une décision très personnelle. Les candidats ont jusqu'à début mars pour se déclarer", a résumé mardi la ministre déléguée Marlène Schiappa.
Tous les regards se tournent vers l'échéance phare de la semaine prochaine: le Salon de l'agriculture, rendez-vous incontournable avec la France rurale pour le chef de l'Etat comme pour tous les aspirants à l'Elysée.
Emmanuel Macron y déambulera-t-il le samedi 26 février dans le costume du président-candidat? Certains observateurs imaginent même qu'il l'endosse sur place, en se déclarant au milieu des vaches, des tracteurs et des stands de produits régionaux.
En position de favori
Pour ce moment tant attendu, "il lui faudra être à la fois original et solennel, un équilibre qui n'est pas facile à trouver. Ca phosphore...", indique un cadre de la majorité, en reconnaissant que "seules quelques personnes sont dans le secret".
Une fois l'officialisation faite, "tout est prêt pour les 15 premiers jours de la campagne", les derniers arbitrages sur le programme devant être actés ces jours-ci, assure ce responsable.
Emmanuel Macron a déjà présenté un certain nombre de ses projets lors de ses récentes visites présidentielles, que l'opposition a dénoncé comme autant de déplacements de candidat organisés aux frais de l'Etat.
Il a ainsi détaillé des programmes sur la sécurité, le nucléaire civil, l'espace... en projetant la France, à chaque fois, à l'horizon 2030, voire 2050, soit bien au-delà du prochain quinquennat.
Cette posture présidentielle lui a permis de conserver une position en surplomb des autres candidats et de cultiver une image de "visionnaire", en particulier face à ceux qui cultivent la nostalgie de la "France d'avant".
"Dans cette campagne, il y a certains pour qui l'ADN politique, c'est le passé. Pour nous, c'est l'avenir", a assuré mercredi à Toulouse Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, après l'appel du chef de l'Etat à renouer avec "l'esprit de conquête" dans l'exploration spatiale.
Emmanuel Macron va entrer en campagne pour le scrutin du 10 et du 24 avril en position de favori, tous les sondages le plaçant nettement en tête du premier tour, en recueillant environ 25% des suffrages, et vainqueur au second quel que soit l'adversaire.
Si "l'élection présidentielle était un référendum", il serait en difficulté car seule "une minorité de Français est convaincue de la qualité de son bilan", souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès. Mais "sa principale force réside surtout dans la faiblesse des autres candidats" puisque les Français considèrent qu'ils feraient globalement moins bien, ou pas mieux, que lui, ajoute le politologue.