Un ministre chypriote impute le «problème» migratoire de l'île à la Turquie

Le ministre chypriote de l'intérieur Nicos Nouris donne une interview à l'AFP à son bureau de Nicosie, la capitale divisée de Chypre, le 11 février 2022
Le ministre chypriote de l'intérieur Nicos Nouris donne une interview à l'AFP à son bureau de Nicosie, la capitale divisée de Chypre, le 11 février 2022
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Publié le Dimanche 13 février 2022

Un ministre chypriote impute le «problème» migratoire de l'île à la Turquie

  • Le ministre chypriote-grec de l'intérieur reproche à la Turquie d'orchestrer une bonne partie de l'arrivée des réfugiés originaires de Syrie et de migrants d'Afrique subsaharienne
  • Des ONG et observateurs accusent de leurs côtés Nicosie de loger les migrants dans des camps surpeuplés, dénonçant par ailleurs des mauvais traitements

NICOSIE: Chypre est confrontée à un "énorme" problème avec l'immigration clandestine, déclare le ministre de l'Intérieur de cette île méditerranéenne, petit pays de l'Union européenne le plus proche du Moyen-Orient. 

Le pays se trouve dans une situation "d'urgence", explique à l'AFP Nicos Nouris, soulignant que 4,6% de la population de Chypre est aujourd'hui composée de demandeurs d'asile ou de migrants ayant obtenu une protection internationale, le taux le plus élevé dans l'UE.

Le ministre chypriote-grec reproche à la Turquie, dont les troupes occupent le tiers nord de l'île depuis 1974, d'orchestrer une bonne partie de l'arrivée des réfugiés originaires de Syrie et de migrants d'Afrique subsaharienne.

Des ONG et observateurs accusent de leurs côtés Nicosie de loger les migrants dans des camps surpeuplés, dénonçant par ailleurs des mauvais traitements.

"Ce qui est violent, c'est ce que la Turquie nous fait", rétorque M. Nouris, alors que les demandes d'asile ont monté en flèche, atteignant plus de 13.000 l'année dernière, sur une population de 850.000 dans le sud de l'île.

Question « instrumentalisée » par Ankara

"La question migratoire à Chypre est un énorme problème parce qu'elle a été instrumentalisée par la Turquie", assène le ministre, membre du parti conservateur Disy.

La Turquie, qui accueille des millions de Syriens, et l'Union européenne avaient conclu en 2016 un accord controversé selon lequel Ankara s'engage à empêcher les passages clandestins dans l'UE en échange, notamment, d'une aide financière. 

Mais selon M. Nouris, de 60 à 80 migrants, aidés de passeurs, franchissent illégalement chaque jour la Ligne verte séparant l'île en deux, avec 85% de demandeurs d'asile étant arrivés de cette façon en 2021.

Beaucoup de migrants font escale à Istanbul avant d'arriver en avion dans la partie nord, indique M. Nouris qui déplore que nombre d'entre eux, une fois passés dans le Sud, ignorent que l'île ne fait pas partie de l'espace Schengen.

"Ils ne peuvent pas se rendre en Allemagne ou en France, où ils veulent aller" et "se retrouvent coincés sur l'île".

Si les autorités chypriotes insistent sur le fait que la Ligne verte n'est pas une frontière -- la partie nord n'étant pas un pays reconnu officiellement --, ils veulent néanmoins la rendre moins poreuse.

Elles ont ainsi renforcé une partie avec des barbelés, et vont augmenter les patrouilles et installer un système de surveillance de fabrication israélienne.

Fabrice Leggeri, le patron de Frontex, l'agence européenne chargée de sécuriser les frontières extérieures de l'UE, est attendu mercredi à Chypre.

Selon M. Nouris, Chypre voudrait que Frontex patrouille dans les eaux au sud de la Turquie "d'où chaque nuit (...) nous avons des départs illégaux de migrants". Il reconnaît cependant que cela nécessiterait l'accord d'Ankara.

Chypre souhaiterait aussi que l'UE allonge la liste des pays d'origine considérés comme sûrs pour conclure des accords pour des rapatriements.

Outre la Syrie, les pays d'origine des demandeurs d'asile sont le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Nigeria et la Somalie, selon le ministre.  

Les autorités ont récemment renvoyé par avion plus de 250 Vietnamiens et coopéré avec la Belgique pour rapatrier 17 Congolais. 

Appel à la solidarité

Un vol conjoint avec l'Allemagne est prévu le 8 mars pour rapatrier des Pakistanais, indique-t-il, concédant qu'il s'agira d'un "retour forcé".

Human Rights Watch et d'autres ONG de défense des droits humains ont accusé Chypre d'utiliser des méthodes musclées contre les migrants, notamment en repoussant ceux qui arrivaient par la mer. 

M. Nouris insiste sur le fait que "Chypre n'a jamais, jamais repoussé" les migrants, mais a le droit de ramener les bateaux vers le Liban.

La question migratoire a été sous les feux des projecteurs cette semaine avec des violences dans le centre de Pournara, près de Nicosie, conçu à l'origine pour des centaines de migrants mais qui en accueille aujourd'hui 2.500.

Des bagarres, impliquant des Nigérians, Congolais et Somaliens ont fait 35 blessés, et la police recherche un adolescent accusé d'avoir poignardé un autre.

Ces violences montrent que Chypre a besoin de la "solidarité" et l'aide de l'UE, plaide M. Nouris: "Dans un endroit surpeuplé, avec autant de nationalités différentes, c'est le genre de choses auxquelles on peut s'attendre".


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.