En exil, les Libanais les plus aisés trouvent un nouveau foyer à Chypre

Nadine Kalache Maalouf , Céline el-Bacha et sa fille Morgane dans un restaurant en bord de  mer dans la station balnéaire de Paralimni, à Chypre, le 22 décembre. (AP)
Nadine Kalache Maalouf , Céline el-Bacha et sa fille Morgane dans un restaurant en bord de mer dans la station balnéaire de Paralimni, à Chypre, le 22 décembre. (AP)
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Publié le Jeudi 30 décembre 2021

En exil, les Libanais les plus aisés trouvent un nouveau foyer à Chypre

  • Ils sont reconnaissants de ne pas avoir eu à recourir à des passeurs et à se lancer dans des traversées risquées de la Méditerranée pour atteindre les côtes européennes
  • Des milliers de Libanais, dont des enseignants, des médecins et des infirmières, ont quitté le pays en pleine crise économique dévastatrice

PARALIMNI, Chypre: De nombreux Libanais aisés qui ont fui la chute économique de leur pays pour une nouvelle vie dans la nation insulaire voisine de Chypre déclarent que la transition a été un tourbillon d'émotions.

Ils sont reconnaissants de ne pas avoir eu à recourir à des passeurs et à se lancer dans des traversées risquées de la Méditerranée pour atteindre les côtes européennes. Mais ils se sentent également coupables d'avoir laissé derrière eux leur famille et leurs amis pour lutter contre les crises sans précédent du Liban – une économie en faillite, une incertitude politique et des bouleversements sociaux.

Les sentiments sont intenses pour Céline el-Bacha, une architecte qui a déménagé avec sa famille de quatre personnes dans la nation insulaire méditerranéenne en août 2020, et Nadine Kalache Maalouf, arrivée avec son mari et ses deux enfants il y a quatre mois.

Ils font partie des plus de douze mille Libanais qui ont quitté leur patrie au cours des deux dernières années pour Chypre – à moins de cinquante minutes de vol de Beyrouth – pour inscrire leurs enfants à l'école, créer des entreprises et acheter des appartements sur l'île.

«Nous avons eu la chance de pouvoir partir», déclare Mme Maalouf. «Nous faisons de notre mieux ici en tant que communauté libanaise pour aider nos familles, nos amis au pays. Ce n’est donc pas comme si nous venions de déménager, que nous tournions le dos et que nous ne regardions pas en arrière.»

Des milliers de Libanais, dont des enseignants, des médecins et des infirmières ont quitté le pays au milieu d'une crise économique dévastatrice qui a plongé les deux tiers de la population du pays dans la pauvreté depuis octobre 2019. Cette fuite des cerveaux s'est accélérée après l'explosion massive du port de Beyrouth l'année dernière, lorsque du nitrate d'ammonium mal stocké a explosé, tuant au moins deux cent seize personnes et détruisant plusieurs quartiers résidentiels.

L'exode est révélateur de l'état du Liban, où non seulement les pauvres cherchent une issue, mais aussi une classe moyenne relativement aisée ne croit plus au redressement du pays.

Pour ceux qui peuvent se le permettre, Chypre, membre de l'Union européenne (UE), est une option attrayante pour sa proximité et les facilités qu'elle offre, notamment la résidence pour un certain niveau d'investissement dans l'immobilier et les entreprises. Alors que les banques libanaises restreignent l’accès aux dépôts, nombreux sont ceux qui ont cherché à ouvrir des comptes bancaires à Chypre ou à acheter des appartements afin de libérer leur argent.

L'île a une tradition d'accueil des Libanais, arrivés pour la première fois dans les années 1980, au plus fort de la guerre civile de quinze ans au Liban, et à nouveau en 2006, lorsque Chypre a servi de base pour évacuer les civils pendant la guerre d'un mois entre Israël et le groupe militant du Hezbollah au Liban.

Nadine Kalache Maalouf, 43 ans, qui a déménagé à Chypre avec son mari et ses deux enfants, raconte qu'elle est agréablement surprise par la «facilité» du processus de réinstallation. Elle n'a pas encore trouvé de travail mais elle s'est rapprochée de la communauté libanaise très unie de Chypre.

«Nous avions peur de cette étape», indique-t-elle, mais les autorités chypriotes de l'immigration «ont rendu la tâche très facile».

Le porte-parole du ministère chypriote de l'Intérieur, Loizos Michael, a confirmé à Associated Press que le gouvernement avait des «procédures simplifiées» pour les ressortissants libanais qui souhaitent immigrer légalement, «dans le cadre de l'aide humanitaire» au Liban.

De plus, des incitations sont offertes aux hommes d'affaires libanais qui souhaitent transférer leurs entreprises à Chypre, ajoute M. Michael, sans plus de précisions.

Mme Maalouf indique que sa principale motivation est de protéger ses enfants de la situation économique désastreuse du Liban – l'inflation galopante a vu la livre libanaise perdre plus de 90 % de sa valeur en moins de deux ans – et de leur offrir une chance pour un avenir meilleur.

«C'est effrayant quand vous êtes parent, vous avez peur et vous vous dites: “Je dois sauver mes enfants”», explique Nadine Kalache Maalouf.

La transition a été plus facile pour Céline el-Bacha, 47 ans, et sa famille. Ils avaient acheté une maison de vacances à Chypre quelques années auparavant dans la ville de Paralimni sur la côte est de l'île et ils sentaient qu'ils étaient déjà chez eux ici.

Sa fille aînée, Stéphanie, étudie depuis deux ans dans une université parisienne. Sa fille cadette, Morgane, 17 ans, a eu la chance d'intégrer la seule école francophone de Chypre à Nicosie, la capitale.

Mme El-Bacha et son mari, également architecte, ont créé une entreprise à Chypre et ils travaillent tous les deux. Ils ont un sentiment d'obligation envers le pays qui les a accueillis, précise-t-elle.

«Nous voulons sentir que nous ne sommes pas illégaux dans le pays», indique-telle. «Chypre nous a aidés à tous les niveaux, et c'est comme si nous devions rendre cela.»

Céline el-Bacha est chanceuse, estime-t-elle, surtout quand elle se souvient à quel point de nombreux Libanais se sentent impuissants face aux querelles constantes de l'élite politique. Sa maison à Beyrouth a subi des dommages mineurs lors de l'explosion du port du 4 août 2020, principalement des bris de verre. Aucun d'entre eux n'a été blessé, mais certains de ses amis et parents n’ont pas été aussi chanceux.

Plus tard au cours de ce mois d’août 2020, la famille a déménagé à Chypre. Les cinq premiers mois, Céline éprouvait des sentiments de culpabilité, comme si elle «trahissait son pays», déclare-t-elle.

Nadine Kalache Maalouf, qui s'est également retrouvée avec sa famille à Paralimni, ne croit pas que les choses s'arrangeront de sitôt au Liban, malgré les prochaines élections. «J'entends cela depuis que je suis adolescente. Les choses iront mieux. Nous verrons et les choses ne s'améliorent jamais», constate-t-elle.

Pour sa proximité avec le Liban, Chypre est, à bien des égards, idéale pour Mme Maalouf et Mme El-Bacha. Elles peuvent facilement rendre visite à leur famille et à leurs amis à Beyrouth.

«Le peuple chypriote est très chaleureux et accueillant», indique Nadine Kalache Maalouf. «Nous ne nous sentons pas comme des étrangers ici.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier d'Arabie saoudite invite les dirigeants du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion informelle

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
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  • Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte
  • "L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars"

RIYADH : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a invité les dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion vendredi à Riyad, a indiqué jeudi une source officielle.

Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte, renforçant ainsi la coopération et la coordination.

"L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars", a ajouté la source.


Syrie: sept civils tués dans une déflagration liée à des munitions non explosées

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.  Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes. Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
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  • Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite
  • Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées"

AL-NAYRAB: Au moins sept civils ont été tués jeudi en Syrie dans une déflagration liée à des munitions non explosées éparpillées sur le territoire après la guerre civile, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Sept civils, dont une femme et un enfant, ont été tués lorsque des munitions stockées dans une maison ont explosé", dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH, précisant qu'il s'agissait d'un bilan provisoire.

La veille, l'ONG Handicap international (HI) a averti que deux tiers de la population syrienne étaient exposés aux 100.000 à 300.000 munitions non explosées.

Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite.

Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées".

Des habitants ont confié à l'AFP que le propriétaire avait stocké les munitions à proximité de la maison. Selon l'OSDH, il s'agit d'un ferrailleur qui collectait des munitions non explosées pour leur contenu métallique.

Les journalistes n'ont pas été autorisés à s'approcher du site par crainte de nouvelles explosions.

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international.

Quinze millions de Syriens sont exposés aux munitions non explosées éparpillées sur l'ensemble du territoire après 14 ans de guerre civile, d'après la même source.

"C'est un désastre absolu", s'est émue Danila Zizi, responsable du programme Syrie de HI, lors d'un entretien avec l'AFP.

Alors que 800.000 déplacés internes et 280.000 réfugiés sont rentrés chez eux en Syrie depuis la chute en décembre de Bachar al-Assad, selon l'ONU, ce phénomène "constitue une menace sérieuse pour la sécurité des civils" et aura des "conséquences sur les efforts de redressement du pays", déplore HI.


L'aéroport international de Beyrouth, dernière poudrière du conflit entre Israël et l'Iran

L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
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  •  La décision du Liban de bloquer les vols iraniens déclenche des manifestations en faveur du Hezbollah, alors que les États-Unis et Israël tentent de réduire le financement du groupe
  • Les analystes avertissent que l'escalade des tensions pourrait raviver la guerre avec Israël, le Hezbollah risquant plus qu'il ne peut se le permettre

LONDRES: Quelques semaines après que le Liban a formé son premier gouvernement en plus de deux ans, offrant une lueur d'espoir à ce pays en crise, la décision de bloquer les vols commerciaux entre Beyrouth et Téhéran menace de relancer l'instabilité.

Le 13 février, le Liban a empêché un avion iranien d'atterrir à l'aéroport international Rafic Hariri après qu'Israël a accusé le Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran d'utiliser des vols commerciaux civils pour acheminer clandestinement des fonds au Hezbollah.

Téhéran a rapidement riposté en bloquant les vols libanais.

Le timing de cette querelle la rend particulièrement délétère. Le Liban devrait recevoir des dizaines de milliers de visiteurs dimanche pour les funérailles du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué lors d'une frappe aérienne israélienne le 27 septembre.

L'interdiction par le Liban des vols iraniens a suscité des protestations parmi les partisans du Hezbollah, qui ont bloqué la route menant à l'aéroport, se sont heurtés à l'armée libanaise et ont même attaqué un convoi transportant des soldats de la paix de l'ONU, incendiant un véhicule et en blessant deux.

Makram Rabah, professeur adjoint à l'Université américaine de Beyrouth, estime que la décision du nouveau gouvernement libanais de bloquer les vols iraniens va au-delà des efforts déployés pour lutter contre la contrebande de fonds illicites.

«Je crois sincèrement qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de contrebande d'argent, ce que les Gardiens de la révolution iraniens tentent de faire, mais qu'il y a aussi des armes en jeu», a-t-il déclaré à Arab News.

Les manifestants du Hezbollah brandissent un portrait encadré de leur chef Hassan Nasrallah lors d'un rassemblement le long de la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025. Ils sont entourés par des soldats de l'armée libanaise  (AFP)

«Les autorités libanaises ont été exhortées par la communauté internationale, en particulier par les États-Unis, à adopter une position ferme à cet égard.»

Les vols iraniens atterrissant à Beyrouth étaient déjà soumis à des inspections strictes, qui ont également été étendues aux vols en provenance d'Irak afin d'empêcher que des fonds illicites ne parviennent au Hezbollah via le voisin iranien, a rapporté le journal Asharq Al-Awsat.

Au début du mois, Iraqi Airways a annulé un vol régulier en provenance de Bagdad, les sources aéroportuaires de Beyrouth évoquant soit une protestation contre les mesures de sécurité renforcées, soit des problèmes logistiques.

Cette décision a été prise après qu'un transporteur iranien a été soumis à des contrôles de sécurité rigoureux à l'aéroport de Beyrouth le mois dernier, car on le soupçonnait de transporter des fonds destinés au Hezbollah.

Ces mesures «sont nécessaires compte tenu de la récente guerre au Liban et de l'engagement du Liban à respecter les protocoles de sécurité convenus avec les États-Unis», qui ont contribué à négocier le cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, a déclaré à Asharq Al-Awsat une source chargée de la sécurité de l'aéroport.

Il s'agit de «mesures préventives» destinées à empêcher le seul aéroport international du Liban de devenir une cible potentielle d'attaques israéliennes, a ajouté la source.

De telles mesures pourraient également refléter les nouvelles réalités politiques au Liban depuis que le Hezbollah a été battu par Israël au cours du conflit qui a duré un an et qui a vu la direction de la milice amputée de ses dirigeants. Son arsenal, autrefois redoutable, a été considérablement réduit.

Des partisans du mouvement islamiste chiite libanais Hezbollah jettent des pierres lors d'affrontements avec les forces anti-émeutes de l'armée libanaise sur la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

Yeghia Tashjian, coordinateur du groupe des affaires régionales et internationales à l'Institut Issam Fares pour la politique publique et les affaires internationales à l'Université américaine de Beyrouth, pense que le Liban est «entré dans une nouvelle ère» depuis le cessez-le-feu.

«Malheureusement, peu de gens sont conscients des conséquences et des étapes qui auraient suivi la signature de l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre», a déclaré M. Tashjian à Arab News.

«Le Liban est entré dans une nouvelle ère où le gouvernement subit d'énormes pressions de la part des États-Unis et d'Israël. On a le sentiment que la reconstruction et l'aide occidentale seront conditionnées à des réformes et à la mise en œuvre complète de la résolution 1701».

Le cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis exigeait la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Elle demandait au Hezbollah de se déplacer au nord du fleuve Litani et à l'armée libanaise et aux forces de maintien de la paix de l'ONU de se déployer dans le sud.

L'accord du 27 novembre exigeait également que les troupes israéliennes se retirent du Liban dans les 60 jours. Cependant, un grand nombre d'entre elles restent dans les villes frontalières. En outre, l'organisation Armed Conflict Location and Event Data Project a enregistré 330 frappes aériennes et bombardements israéliens entre le 27 novembre et le 10 janvier.

La résolution 1701 avait permis de maintenir une paix relative dans la région jusqu'à ce que l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre le sud d'Israël déclenche la guerre à Gaza. En soutien à ses alliés du Hamas, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur le nord d'Israël, déclenchant des affrontements transfrontaliers qui ont rapidement dégénéré.

Au cours du conflit, Israël a demandé aux compagnies aériennes iraniennes et irakiennes de ne pas atterrir à Beyrouth, car elles étaient soupçonnées de transporter des fonds et des armes au Hezbollah. Ces compagnies aériennes ont d'abord refusé, mais ont repris leurs vols après le cessez-le-feu du 27 novembre.

Toutefois, à la suite d'un avertissement lancé la semaine dernière par les États-Unis, selon lequel Israël pourrait abattre des transporteurs commerciaux iraniens entrant dans l'espace aérien libanais, Beyrouth a interdit deux vols de Mahan Air, ont déclaré des responsables de la sécurité libanaise à l'agence de presse AFP.

Téhéran a condamné les menaces israéliennes en les qualifiant de «violation du droit international» et a appelé le 14 février l'Organisation de l'aviation civile internationale à «mettre fin au comportement dangereux d'Israël contre la sûreté et la sécurité de l'aviation civile».

liban

Malgré les appels du Hezbollah et de l'Iran à revenir sur cette interdiction, les autorités libanaises sont allées plus loin lundi en prolongeant indéfiniment la suspension des vols à destination et en provenance de l'Iran, qui devait initialement être levée le 18 février, en raison des menaces israéliennes de bombarder l'aéroport de Beyrouth.

Tashjian, de l'Institut Issam Fares, estime que l'interdiction doit être considérée dans le contexte plus large des efforts visant à démanteler le Hezbollah et d'autres groupes armés non étatiques au Liban.

Un membre des forces anti-émeutes de l'armée libanaise tire un coup de fusil alors qu'elles tentent de disperser une tentative organisée par le Hezbollah de bloquer la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

«La mise en œuvre de la résolution 1701 ne concerne pas uniquement la zone située au sud du fleuve Litani, comme beaucoup le pensent», a-t-il déclaré. «En lisant attentivement le nouvel accord, en particulier le premier paragraphe, il est clair que toute forme de force non autorisée doit être démantelée.»

«C'est dans ce contexte que la pression sur le Hezbollah augmente. Dans les semaines à venir, nous pourrions assister à des pressions supplémentaires, principalement sur les entreprises de micro-finance affiliées au Hezbollah.»

L'universitaire et analyste libanais Rabah estime que le nouveau gouvernement de Beyrouth «doit faire le ménage et se montrer plus agressif dans la défense de sa souveraineté».

La question de l'aéroport et son enchevêtrement dans la lutte régionale pour le pouvoir n'est qu'une phase, a-t-il déclaré, ajoutant qu'«il y aura d'autres façons de défier le Hezbollah, et le Hezbollah ripostera certainement en défiant l'État».

«Il s'agit pour le Hezbollah, ainsi que pour Nabih Berri (président du Parlement) et Haraket Amal (le mouvement Amal), de reconnaître que leurs armes ne sont plus une option – et c'est fondamentalement l'un des défis les plus difficiles à relever.»

Des soldats israéliens passent devant des armes et d'autres équipements pris aux combattants du Hezbollah dans le sud du Liban l'année dernière. (AFP)

Toutefois, il est peu probable que ce changement se produise immédiatement, estime Firas Modad, analyste du Moyen-Orient et fondateur de Modad Geopolitics.

«Le Hezbollah et ses partenaires cherchent à montrer qu'ils conservent un pouvoir national important et agissent pour empêcher toute idée de désarmement du groupe», a déclaré M. Modad à Arab News.

«Ils ont utilisé l'aéroport de Beyrouth, un point de pression international et très important, pour ce faire. Leur excuse est que le Liban a interdit les vols iraniens en raison des menaces israéliennes.»

«Il convient toutefois de noter que les vols étaient interdits même lorsque le Hezbollah contrôlait le ministère libanais des Travaux publics et des Transports.»

Cette photo prise le 29 juillet 2024 montre des passagers regardant l'écran des horaires des vols à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth après que leurs vols ont été retardés ou annulés au milieu des combats entre le Hezbollah et les forces israéliennes. (AFP)

Il a ajouté: «L'Iran et le Hezbollah semblent avoir décidé de faire pression sur les nouvelles autorités libanaises dès le début pour s'assurer que les chiites ne sont pas exclus politiquement.»

«C'est étrange car les partis chiites (Hezbollah et Amal) ont pu choisir leurs ministres de la même manière que tous les autres partis (ont été) représentés dans le nouveau cabinet.»

Si le nouveau cabinet libanais semble avoir mis le Hezbollah sur la touche, le groupe et son allié Amal, dirigé par Berri, ont été autorisés à nommer quatre des 24 ministres, dont le ministre des Finances Yassin Jaber – l'un des postes les plus convoités du gouvernement.

Cette décision a été prise après que l'envoyé adjoint de Washington pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a déclaré le 7 février, après avoir rencontré le président Joseph Aoun, que les États-Unis rejetaient l'idée d'une participation du Hezbollah au gouvernement libanais.

Le président Joseph Aoun (au centre) rencontre l'envoyée spéciale adjointe des États-Unis au Moyen-Orient Morgan Ortagus (3e à gauche) au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 7 février 2025. (Photo distribuée par l'AFP)

Modad estime «qu'il est très probable que le Liban restera soumis à une forte pression internationale et aux menaces israéliennes pour empêcher le Hezbollah de se refinancer, de financer la reconstruction et de se réarmer».

«Le Hezbollah n'a pas la capacité d'affronter Israël ou l'Occident pour empêcher cela», a-t-il ajouté. «Il s'attaque donc au maillon le plus faible, c'est-à-dire à ses partenaires et rivaux nationaux au Liban.»

Qualifiant cette tactique d'«extrêmement imprudente», M. Modad a déclaré: «Le Hezbollah sait qu'il risque une guerre sur trois fronts, contre ses rivaux intérieurs, Israël et les milices djihadistes syriennes.»

Il a ajouté: «La rhétorique utilisée par le Hezbollah pour justifier ses actions est qu'il est de la responsabilité de l'État de reconstruire le Liban et d'affronter Israël.»

Sur cette photo prise le 26 novembre 2024, des secouristes libanais arrivent sur le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé un bâtiment dans la capitale Beyrouth, dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AFP)

«Le Hezbollah sait très bien que l'État libanais n'a pas cette capacité, ni pour financer la reconstruction, ni pour défier militairement Israël. Et si Israël attaque l'aéroport, cela pourrait relancer la guerre et entraîner des dégâts encore plus importants.»

«Simplement, le Hezbollah prend le risque d'une escalade qu'il ne peut pas se permettre. Il est blessé et tient donc à montrer qu'il reste fort. Cela pourrait entraîner des conflits non calculés qui porteraient gravement atteinte au Liban – et au Hezbollah.»

Faisant écho au point de vue de Modad, Tashjian, de l'Institut Issam Fares, a déclaré que le Liban n'était pas en mesure de résister aux exigences américaines.

«Les ressources du Liban, en particulier après la guerre suicidaire, sont limitées», a-t-il déclaré. «Beyrouth ne peut donc pas résister à la pression américaine, notamment en raison des changements régionaux et de la réticence de l'Iran à soutenir ses alliés non étatiques.»

Le Liban, qui souffre toujours d'une crise financière débilitante qui s'est emparée du pays depuis 2019, était déjà paralysé par des années de déclin économique, de paralysie politique et d'autres crises avant la guerre du Hezbollah contre Israël.

Pour aller de l'avant, M. Tashjian estime que «le Liban a besoin d'une diplomatie proactive». Il s'agit notamment de mettre en œuvre la résolution 1701 et de s'engager avec les États-Unis, tout en travaillant «avec les dirigeants chiites pour s'assurer que ces politiques n'isolent pas la communauté».

Des voyageurs devant prendre un vol à l'aéroport international de Beyrouth le 15 février 2025 marchent avec leurs bagages alors que des partisans du Hezbollah bloquent la route menant à l'aéroport le 15 février 2025 (AFP).

En outre, il suggère de proposer des solutions alternatives pour remédier aux perturbations des vols, telles qu'un engagement avec l'Iran pour assurer les vols de la compagnie nationale libanaise, Middle East Airlines, ou l'inspection des vols iraniens à l'arrivée à Beyrouth.

«Une politique étrangère équilibrée est nécessaire pour prévenir toute explosion sociale et politique au Liban», a-t-il déclaré.

«Les provocations militaires israéliennes et les violations du cessez-le-feu se poursuivent, tandis que le Hezbollah s'efforce de comprendre la situation d'après-guerre et de convaincre son public que le pays est entré dans une nouvelle ère, différente de celle de l'après-guerre de 2006.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com