BAMAKO: Les autorités maliennes dominées par les militaires ont fait savoir mercredi qu'elles étaient en discussion avec la communauté des Etats ouest-africains et d'autres partenaires pour trouver un "compromis" sur les échéances pour un retour des civils au pouvoir.
Le ministère de l’Administration territoriale a indiqué dans un communiqué qu'un "groupe de dialogue" s'était réuni le 31 janvier au niveau ministériel.
Ce groupe vise "à un rapprochement de positions et à la recherche de compromis", dit-il. Il est constitué de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine, des Nations unies et d'un certain nombre de pays, dont le Ghana - qui assure la présidence de la Cédéao -, le Sénégal - qui exerce celle de l'UA - ou encore la Mauritanie, voisine du Mali.
La junte arrivée au pouvoir par un putsch en août 2020 et confortée par un second coup d'Etat en mai 2021, est en plein bras de fer avec la Cédéao, appuyée par l'Union africaine et une partie de la communauté internationale, depuis qu'elle est revenue sur son engagement initial d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays.
Elle a dit son intention de se maintenir au pouvoir jusqu'à cinq années supplémentaires, en invoquant la nécessité de profondes réformes pour rétablir la stabilité dans un pays en pleine tourmente depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012.
La Cédéao et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont pris le 9 janvier une batterie de sanctions économiques et diplomatiques vigoureuses contre le Mali.
Le gouvernement installé par les militaires martèle depuis un discours de résistance au nom de la souveraineté nationale. Lui et la Cédéao se sont cependant dits ouverts au dialogue. La Cédéao réclame des colonels un "chronogramme (calendrier) acceptable".
Le ministère malien dit dans son communiqué qu'un "mécanisme de concertation" a été mis en place pour s'entendre sur un "chronogramme consensuel".
Ce mécanisme consiste dans le "groupe de dialogue" ainsi qu'un "groupe de travail élargi" chargé d'examiner les détails du calendrier élaboré à ce jour par la junte et courant jusqu'à fin 2026. Ce "groupe de travail" a siégé mardi, dit le ministère.
De nombreux Maliens adhèrent à la rhétorique de "résistance" des autorités et l'opposition a du mal à se faire entendre.
Mais une coalition réunissant des partis de l'ancienne majorité de l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, destitué par les colonels en 2020 et depuis décédé, ainsi que des organisations de la société civile, a annoncé mercredi qu'elle cesserait de reconnaître les autorités actuelles à partir du 25 mars.
Cette coalition, appelée "cadre des partis et regroupements pour une transition réussie", a réclamé un nouveau gouvernement "de mission conduit par un Premier ministre neutre", selon un document remis lors d'une conférence de presse.