Chaima kidnappée, violée, tuée; le débat sur la peine de mort relancé en Algérie

Un portrait artistique de Chaima largement répandu sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la nouvelle (Capture d’écran)
Un portrait artistique de Chaima largement répandu sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la nouvelle (Capture d’écran)
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Publié le Mercredi 07 octobre 2020

Chaima kidnappée, violée, tuée; le débat sur la peine de mort relancé en Algérie

  • L’affaire a rapidement fait grand bruit dans le pays tout entier, en France, et sur les réseaux sociaux où le hashtag #JeSuisChaima faisait partie lundi des tendances les plus partagées du réseau social Twitter
  • Les juristes et militants des droits de l’homme estiment que la peine de mort n’est pas une sanction moderne et les statistiques montrent qu’elle n’est pas dissuasive

ALGER: Kidnappée, violée puis brulée, c’est la triste histoire de la jeune Chaima Sadou, 19 ans dont le corps calciné a été retrouvé le vendredi 2 octobre, dans une station-service abandonnée de Thenia, une ville située à une soixantaine de kilomètres à l'est de la capitale algérienne.

Son assassin se prénomme Rayan, un jeune délinquant déjà connu par autorités à la suite d’une plainte déposée par la famille de la victime à son encontre en 2016.

Dans une conférence de presse, le procureur de la république a révélé plus de détails sur le meurtre. L’on apprend que le tueur présumé, s’était présenté aux autorités locales afin « d’informer que son amie a été brûlée dans une station-service abandonnée ».

D’après la déposition du coupable, les faits remonteraient au 1er octobre 2020, aux alentours de 15 h, sur les lieux du crime. Le procureur rapporte que le criminel disait être resté avec la victime durant sept minutes seulement avant qu’elle ne lui demande de lui ramener à manger, car elle avait faim. Une fois à une distance de 5 mètres de l’endroit où il l’a laissée, il a vu de la fumée s’élever de l’endroit en question.

« Une enquête a été déclenchée sur le champ, et le corps de la victime examiné. Plusieurs ecchymoses, ainsi que de grandes plaies au niveau de l’arrière de son crâne et en haut de sa cuisse gauche ont été constatées », a confié le procureur.

Suite à sa comparution devant le procureur général, le meurtrier a fini par avouer les faits. Il a par la suite révélé avoir attiré la victime vers le lieu abandonné, avant de la violer, de la frapper, puis de la brûler en l’aspergeant d’essence.

Ainsi, l’auteur de crime a été inculpé pour « viol » et « meurtre avec préméditation avec usage de torture et méthodes barbares ». Le juge d’instruction a ordonné de placer le coupable en prison.

Indignation et peine de mort

Ce meurtre macabre a suscité une forte indignation. C’est l’émoi et la consternation dans toute l’Algérie. L’affaire a rapidement fait grand bruit dans le pays tout entier, en France, et sur les réseaux sociaux où le hashtag #JeSuisChaima faisait partie lundi des tendances les plus partagées du réseau social Twitter.

La famille de la victime, de son côté, ne compte pas en rester là et réclame une peine de mort contre le coupable. La mère de la défunte a demandé l’application de la peine de mort contre l’assassin de sa fille de 19 ans. « Ma fille a été assassinée et brulée. Je demande l’application de la peine de mort ! C’est tout ce que je demande », réclame la mère désespérée qui crie sa détresse à l’intention du président de la république algérien, Abdelmadjid Tebboune.

Face aux appels constants de larges pans de la société pour le rétablissement de la peine capitale, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a récemment ordonné l’application des peines maximales, sans possible allègement ou grâce, contre les auteurs de crimes d’enlèvement de personnes, et ce « quelles que soient les tenants et aboutissants de l’acte d’enlèvement ».

« Pas une sanction moderne »

Dans une déclaration accordée a Arabnews.fr le président de le Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de le recherche (Forem), Mustapha Khiati, s’est dit « favorable » à l’application de la peine de mort contre certains criminels en Algérie, notamment, les violeurs et assassins d’enfants.

Il affirme que durant les vingt dernières années l’Algérie enregistre en moyenne un à deux kidnappings par an. « Les pays sont libres de choisir les lois qui leur conviennent …il y a un grand courant dans l’opinion public qui est en faveur d’une dérogation pour appliquer la peine de mort contre les criminels responsables de trois crimes en un seul (enlèvement, suivi d’un viol, puis un meurtre) », a justifié M. Khiati.

Pour leur part, les juristes et militants des droits de l’homme estiment que la peine de mort n’est pas une sanction moderne et les statistiques montrent qu’elle n’est pas dissuasive. Tel est l’avis du maitre Zakaria Benlahrech qui a souligné que le gouvernement algérien a imposé un moratoire sur la peine de mort depuis 1993. Depuis cette date, aucune peine de mort n’a été exécutée. Bien au contraire, « en tant que défenseur des droits de l’homme je suis catégoriquement contre à la peine de mort, et ce, quels que soient la situation ou le crime commis », nous a-t-il confié.

Notre interlocuteur rappelle que l’Algérie a ratifié les conventions internationales relatives aux droits de l’homme, notamment le pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1989 qui consacre le droit à la vie, le bannissement de la torture et des traitements inhumains et dégradants.  « La peine de mort viole un droit des plus fondamentaux, le droit à la vie. Il s'agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, La peine de mort est discriminatoire », a-t-il dit.

Pour étayer son point de vue, M. Benlahrech s’est appuyé sur des statistiques à l’échelle internationale qui montrent que dans les pays qui ont aboli la peine de mort, la criminalité n’a pas augmenté et que dans les pays qui l’ont maintenue et qui exécutent les condamnés à mort, la criminalité n’a pas diminué « au contraire dans certains pays non abolitionnistes, elle a même augmenté », affirme -t-il.

À titre d’information, la justice algérienne continue à condamner chaque année des dizaines de personnes à la peine de mort, notamment dans des affaires de terrorisme, mais cette peine n'est plus appliquée depuis 1993.


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.