PARIS: Fermeture de guichets en gare, suppressions de postes, montée en puissance de la dématérialisation: la réorganisation du réseau Transilien par la SNCF et Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports publics en région parisienne, inquiète syndicats et élus.
"La fermeture des guichets signifie une déshumanisation encore plus forte des transports. Sur des éléments de forts trafics comme en Ile-de-France, c'est une erreur funeste", accuse Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT-Cheminots.
Au total, la CGT-Cheminots et SUD-Rail ont compté 133 guichets voués à la fermeture dans des petites gares faiblement fréquentées de la région parisienne.
SUD-Rail évoque même la suppression de 338 postes d'agents commerciaux en gare, soit "plus de 500 emplois". Des chiffres contestés par la SNCF, selon qui le projet n'est pas encore totalement finalisé.
Il y aura bien des fermetures de guichets, mais pas de suppressions d'emplois, tempère le groupe ferroviaire. Le but est de "s'adapter au comportement des voyageurs qui a fortement progressé vers le digital", souligne une porte-parole de Transilien, la division des trains de la banlieue parisienne.
"L'idée, c'est d'éviter que des agents se retrouvent seuls pendant des heures avec très peu d'actions guichet à faire", précise-t-elle. "Il fallait qu'on +redispatche+ nos forces vives là où on en a le plus besoin."
La SNCF prévoit donc de renforcer ses équipes mobiles pour les déployer là où c'est nécessaire lorsqu'il y a des situations perturbées, un événement exceptionnel ou des retards importants.
Et même si la présence de cheminots sera par endroits diminuée, "un voyageur peut toujours solliciter un téléconseiller via le numéro de service client ou un interphone" en cas de problème, indique Transilien.
Des mesures insuffisantes pour Romain Pitelet, responsable CGT-Cheminots pour tout le sud de l'Ile-de-France. "On est dans le transport de masse, le petit numéro d'urgence en cas d'événement, ça va vite montrer ses limites", insiste-t-il.
Concurrence avant l'heure
Surtout, "la SNCF fait le choix de catégoriser ses usagers", s'indigne Romain Pitelet. "Il y aura ceux qui fréquentent les grande gares ou les gares qui intéressent la SNCF, le centre de Paris, des gares comme Versailles, et puis il y aura des usagers qui fréquentent des gares moyennes ou petites et qui n'auront plus de guichet", détaille-t-il.
Pour lui, il y a deux sujets: la volonté de la SNCF de dégager des marges sur un contrat particulièrement important et celle de IDFM de réduire la voilure dans une préfiguration "de ce que pourraient être les appels d'offre d'ouverture à la concurrence".
La disparition des agents commerciaux et des guichets, remplacés par des automates qui n'acceptent que la carte bleue, inquiète aussi Fabien Dumas, secrétaire fédéral de SUD-Rail.
"Qu'est-ce qu'on fait des gens qui n'ont que du liquide?", s'interroge-t-il. "Sur la banlieue nord par exemple, il y a beaucoup de gens en difficulté qui n'ont pas de carte bleue", ajoute-t-il.
"Il y a encore des choses à améliorer", reconnaît Transilien.
Des élus se mobilisent également pour contester la réorganisation. Le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot (LR) a lancé une pétition pour s'opposer à la fermeture des guichets dans les gares de sa circonscription.
Mardi, les élus communistes du conseil régional ont distribué des tracts en gare de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), où il n'y aura bientôt plus de personnel à partir de 20H00.
Les syndicats, qui appellent à manifester devant le siège du conseil régional le 16 février, s'inquiètent aussi des suppressions de postes.
"Il serait faux d'imaginer que comme il n'y a pas de licenciement à la SNCF, les suppressions de postes se font de manière indolores", insiste Thomas Cavel de la CFDT.
Si Transilien veut transférer les agents concernés dans ses équipes mobiles, ceux qui ne le souhaiteront pas "seront accompagnés dans des mobilités géographiques ou fonctionnelles", promet cette activité de la SNCF, qui prévoit de recruter 150 agents en 2022.