LONDRES: Le monde doit agir immédiatement pour faire face à la crise humanitaire croissante que subit l’Afghanistan, déclare la commissaire à l’enfance pour l’Angleterre.
S’exprimant au sujet des reportages réalisés par Sky News qui évoquent des enfants enfermés dans des prisons pour des «vols de vélos», une famine de plus en plus grave ainsi que la vente de jeunes enfants et d’organes, Rachel de Souza fait écho aux appels lancés par des politiciens pour venir en aide aux personnes dans le besoin au moyen d’une conférence des donateurs.
«Une conférence internationale est le moins que nous puissions faire. La situation nécessite une action d’envergure. C’est absolument déchirant de voir ces reportages, mais nous ne devons pas fermer les yeux sur ce qui se passe. C’est l’une de ces situations où tout le monde – chacun de nous –, l’ensemble des gouvernements à travers le monde doivent agir pour soutenir ces enfants», explique-t-elle à Sky News.
«Il est tout simplement horrible de penser à la situation de ces enfants en plein hiver […] et aux histoires de vente de jeunes filles. Nous devons absolument agir. Il est inconcevable que des enfants puissent vivre cela en 2022», insiste-t-elle.
L’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown est l’un des plus ardents partisans d’une conférence de donateurs dont l’objectif est de recueillir des fonds d’une valeur de 4,4 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) afin de mettre fin à la famine et à la mort des enfants afghans.
Il affirme que l’argent «devrait être immédiatement versé; sinon, les Afghans concluront que l’Occident ne leur viendra jamais en aide – même au moment où ils en ont le plus besoin».
L’Afghanistan est «désormais une terre presque oubliée et nos yeux se détournent de la plus grande catastrophe humaine de la planète. Les gens sont en train de mourir – notamment de froid», écrit-il dans The Daily Mirror.
«L’aide que nous recevons pour payer la nourriture, les soins de santé et la scolarisation des filles demeure largement inférieure aux montants nécessaires.»
Mark Lowcock, ancien sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires, affirme pour sa part: «La grande majorité de la population meurt de faim et c’est la raison pour laquelle les gens ont recours à ces mesures extrêmes.»
«Il n’est pas du tout approprié d’imposer une sorte de punition collective à l’ensemble du peuple afghan parce que vous n’aimez pas le régime; ces gens ne l’ont d’ailleurs pas choisi.»
La baronne Amos, une autre ancienne sous-secrétaire générale de l’ONU, déclare à Sky News que trois millions d’enfants de moins de 5 ans «seront victimes de malnutrition aiguë d’ici au mois de mars si une aide financière n’est pas envoyée d’urgence. Parmi eux, un million d’enfants mourront».
Le ministère britannique des Affaires étrangères s’est engagé le mois dernier à débloquer 131 millions de dollars d’aide d’urgence pour soutenir l’Afghanistan, ce qui, selon le ministère, permettrait d’assurer de la nourriture, des services de santé et de l’eau à 2,7 millions de personnes.
Cependant, même avec des fonds supplémentaires, des millions de personnes en Afghanistan resteront menacées par la famine, la pauvreté et le froid jusqu’à ce qu’une solution à plus long terme soit trouvée.
Des fonds afghans de plusieurs milliards de dollars ont été gelés dans des banques ou des organisations à l’étranger lorsque les talibans se sont emparés de ce pays qui était aux mains d’un gouvernement soutenu par l’Occident.
À la fin du mois dernier, la Banque mondiale a subi la pression d’un groupe d’organisations caritatives, parmi lesquelles Save the Children, afin de débloquer plus d’1,2 milliard de dollars de fonds afghans gelés depuis l’année dernière.
Gwen Hines, responsable de Save the Children au Royaume-Uni, exhorte les États-Unis et le Royaume-Uni à faire pression pour débloquer le fonds fiduciaire destiné à soutenir l’éducation et la santé.
«C’est un cercle vicieux où chacun attend l’autre pour agir. Mais les gens doivent survivre à l’hiver, sinon ils mourront de faim», affirme-t-elle. «Les parents sont en train de vendre leurs propres enfants. Nous ne pouvons plus attendre, nous devons agir maintenant.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com