BEYROUTH: Lundi, des politiciens, ambassadeurs, académiciens et représentants d’organisations internationales ont participé à «une réunion consultative en vue de sauver le secteur éducatif au Liban» dirigée par le ministère de l’Éducation, dans le contexte de la grève continue des enseignants.
Cette grève a contribué à la paralysie des écoles publiques depuis plus de quatre mois, déstabilisant ainsi l’année académique de façon considérable.
«Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes éducatifs en un coup de baguette magique», a dit le Premier ministre Najib Mikati au début de la réunion. «Nous souhaitons que le personnel enseignant comprenne la situation du gouvernement et qu’il prenne conscience des moyens limités que nous possédons.»
«Nous demandons aux enseignants, ainsi qu’aux familles des élèves, d’être patients face à cette crise économique qui vient s’ajouter à la pandémie de Covid-19.»
«Nous appelons les enseignants à nous aider à surmonter cette période difficile avec le moins de dégâts possibles, et à éviter d’adresser des demandes au gouvernement ou encore aux familles des élèves, étant donné que la caisse publique ne peut prendre en charge que les dépenses les plus urgentes.»
Le ministre de l’Éducation Abbas Al-Halabi a précisé que les élèves des écoles publiques avaient à peine eu 25 jours d’école cette année, alors que les élèves du secteur privé allaient presque terminer le programme.
Selon lui, cela risque d’aboutir à une énorme disparité dans les résultats scolaires, sauf si «nous arrivons à rattraper les mois perdus dans les écoles publiques et à achever le programme avant qu’il ne soit trop tard.»
Nous ne savons pas exactement combien d’élèves comptent les écoles publiques cette année. Durant l’année académique 2019-2020, elles en comptaient environ 342 303. L’année suivante, près de 10 000 nouveaux élèves ont rejoint le secteur public, leurs familles étant incapables de payer les frais de scolarité des écoles privées en raison de l’hyperinflation et de la crise économique.
Selon un rapport publié par l’Observatoire de la crise de l’Université américaine de Beyrouth, 70% des familles libanaises se dirigent vers les écoles privées, surtout pour le cycle élémentaire et le collège.
Avant la crise, la part du secteur de l'enseignement privé était estimée à $1,3 milliard.
Il existe au Liban 1 209 écoles privées qui comptent environ 51 215 enseignants et 1 235 écoles publiques qui en comptent près de 40 796.
Il y a aussi 352 établissements éducatifs: ce sont des écoles privées semi-gratuites soutenues par l’État. 7 468 enseignants y travaillent.
Les enseignants contractuels dans les écoles publiques et privées sont au nombre de 30 000.
L’Association des enseignants contractuels demande que le salaire horaire passe de 20 000 LL ($13,22) à 70 000 LL et que les enseignants reçoivent une indemnité de transport quotidienne de 64 000 LL.
Ces enseignants réclament aussi des cartes d’hôpital parce qu’ils sont actuellement dépourvus de toute assurance maladie.
Une idée a été suggérée lors de la réunion: l’année académique devrait être composée de 28 semaines et non 18, comme il a été le cas l’année dernière.
«Les circonstances qui ont poussé les enseignants à faire la grève n’existent plus depuis que le Cabinet a approuvé une aide financière mensuelle ainsi que l’augmentation des indemnités de transport», a indiqué Al-Halabi la semaine dernière.
Il a précisé que le salaire horaire des enseignants contractuels avait doublé, mais qu'une décision législative était nécessaire pour que les enseignants puissent bénéficier de l’indemnité de transport et de la subvention sociale.
«La Trésorerie de l’État ne peut pas mieux faire pour le moment», a-t-il expliqué.
Durant la réunion consultative, Al-Halabi a averti que l’enseignement public était en danger et que tous s’efforçaient de sauver l’année académique.
Les propos du ministre sont intervenus alors que les enseignants contractuels faisaient un sit-in au centre de Beyrouth. Une délégation s'est entretenue avec les autorités concernées à la suite de la réunion consultative.
Les enseignants ont accepté de mettre fin à leur grève à condition qu’un décret visant à augmenter leurs indemnités de transport soit approuvé.
Le retard scolaire dans les écoles publiques a également affecté les réfugiés syriens qui y suivent un enseignement après les heures normales de cours.
Selon le HCR, environ 321 512 élèves réfugiés ont été inscrits à des programmes d'enseignement formel et non formel pour l'année 2020-2021.
Entre-temps, l’aide aux familles vulnérables s’amenuise. Lundi, le ministre des Affaires sociales a annoncé que son ministère serait capable d’atteindre «75 000 familles éligibles au programme pour les familles les plus démunies dans un délai maximal de quatre mois.»
Les visites à domicile aux familles inscrites sur la plateforme de protection sociale commenceront le 15 février, a-t-il ajouté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com