Le Liban sous le choc après une éruption de violence contre le personnel médical

Le Syndicat des hôpitaux du Liban a exprimé sa préoccupation de voir le personnel hospitalier devenir un «défouloir» dans le contexte de la crise économique. (Photo, AFP/Archives)
Le Syndicat des hôpitaux du Liban a exprimé sa préoccupation de voir le personnel hospitalier devenir un «défouloir» dans le contexte de la crise économique. (Photo, AFP/Archives)
Un garçon passe devant des voitures de patrouille de la police libanaise à Souk Sabra, dans la banlieue sud de la capitale libanaise, Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
Un garçon passe devant des voitures de patrouille de la police libanaise à Souk Sabra, dans la banlieue sud de la capitale libanaise, Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Samedi 05 février 2022

Le Liban sous le choc après une éruption de violence contre le personnel médical

  • Les médecins tirent la sonnette d'alarme alors que les attaques se multiplient sous couvert de protestation contre les conditions de vie
  • Les vols et les vols à la tire sont en hausse, les Libanais luttant contre les conditions économiques

BEYROUTH: Les services d'urgence des hôpitaux ont été embourbés dans la violence et un dentiste a été tué dans sa clinique au cours d'une semaine qui a vu la criminalité violente augmenter au Liban.

La violence ne s'est pas limitée au personnel médical, un enfant a été enlevé à sa mère et des bandes armées organisées se sont déchaînées dans diverses régions.

Le Syndicat des hôpitaux du Liban a déclaré qu'il craignait que les hôpitaux ne deviennent un «défouloir» pour une population frustrée, aux prises avec la crise économique.

Les médecins ont affirmé que plusieurs des incidents de sécurité sont liés à l'augmentation des factures d'hôpital.

D'autres incidents ont vu des Libanais tenter de revendiquer leurs droits par la force, comme obtenir un lit indisponible dans un hôpital ou réclamer un dépôt en espèces détenu par la banque.

Parmi les hôpitaux de la capitale, Al-Makassed subit plus que tout autre des attaques contre le personnel médical, infirmier et administratif, notamment dans le service des urgences.

L'administration de l'hôpital a révélé il y a quelques jours que ces attaques avaient été commises par «des barbares qui insultent, battent et menacent les médecins des urgences de manière inattendue».

L'hôpital a fermé ses urgences jusqu'à ce que le corps médical soit sécurisé.

Moins de 24 heures après la flambée de violence à l'hôpital de Beyrouth, le même scénario s'est produit à l'hôpital universitaire Cheikh Ragheb Hareb de Nabatieh, où le Hezbollah et le mouvement Amal sont extrêmement puissants.

Des vandales ont détruit le service des urgences et ont battu le personnel médical alors qu'il tentait de soigner un patient.

Les caméras ont montré les parents du patient et le personnel soignant en train de se disputer, ce qui a dégénéré en bagarre, faisant plusieurs blessés et entraînant la destruction de certains équipements médicaux.

Le Parlement a promulgué une loi le 5 janvier visant à «renforcer la protection juridique des médecins, de leurs assistants et du personnel hospitalier et à imposer des sanctions, notamment des peines d'emprisonnement, aux auteurs d'abus contre les édifices hospitaliers et contre leurs employés, causant de graves dommages moraux et matériels».

Les attaques ont également touché les médecins privés.

Deux jours avant l'incident de Nabatieh, le dentiste Elie Jasser a été poignardé à mort dans sa clinique, un crime choquant qui a secoué le public libanais et suscité un tollé sur les réseaux sociaux.

Le suspect, arrêté par les forces de sécurité, est un soldat qui aurait été furieux que Jasser n'ait pas soigné efficacement la douleur de sa fiancée.

Le Dr Khaled al-Soloh, président de l'Association dentaire de la Bekaa, a averti: «Ce crime prémédité reflète l'absence de la loi et la désintégration de l'État qui renonce à sa responsabilité de protéger les médecins qui sont devenus un «défouloir» pour n’importe qui.»

Le Dr Charaf Abou Charaf, président de l'Ordre des médecins libanais, a signalé que les attaques contre les institutions médicales avaient augmenté depuis un an et demi.

«Il se passe rarement une semaine sans qu'un médecin soit victime de violences verbales ou physiques. Cela n'encourage pas les médecins à rester au Liban, mais plutôt à immigrer.»

«Environ 3 000 médecins ont quitté le Liban sur 15 000 médecins inscrits au syndicat», a souligné Abou Charaf.

Abou Charaf a ajouté: «Il existe une loi qui protège le secteur de la santé au Liban et qui criminalise l'auteur de l’acte, qui devrait être appliquée. Les tribunaux ne peuvent pas libérer un coupable après son arrestation. Les choses ne peuvent pas continuer ainsi.

«Il n'y a pas de protection sociale, pas de sécurité, et les revenus sont faibles.

«Nous savons que la situation générale est difficile pour tout le monde, mais cela signifie-t-il que les choses peuvent s’envenimer comme ça? L'État doit être puissant pour dissuader les agresseurs.»

Abou Charaf a de plus ajouté: «Ce à quoi nous assistons aujourd'hui ne s'est pas produit pendant la guerre civile. Le matériel médical, les médicaments et les lits pour les patients étaient disponibles et les gens avaient de l'argent. La situation aujourd'hui est très difficile.»

La criminalité violente a pris un nouveau tournant au Liban, qui continue d'être secoué par la montée des crises économiques.

Les vols de voitures, de magasins et les vols à la tire se poursuivent et les enlèvements contre rançon sont devenus monnaie courante.            

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, a annoncé que Rayan Kanaan, un enfant enlevé mercredi, avait été libéré par les forces de sécurité.

Kanaan a été enlevé par deux personnes dans une voiture alors qu'il se trouvait avec sa mère dans un marché à Halat, dans la région de Byblos. Ils auraient demandé 250 000 dollars (1 dollar américain = 0,87 euro) en échange de sa libération.

Mawlawi a indiqué que des efforts importants ont été déployés par la Division de l'information des Forces de sécurité intérieure pour rendre le garçon à sa famille en toute sécurité.

L'annonce, n'a cependant révélé aucune information sur les ravisseurs et s'ils ont été arrêtés ou se sont enfuis avant l'arrivée des forces de sécurité.

Les ravisseurs auraient fui avec le jeune dans un endroit de la région de Baalbeck-Hermel, une zone d'influence du Hezbollah qui abrite des gangs armés.

Entre-temps, vendredi, un tribunal a libéré Abdallah al-Saei, arrêté le mois dernier après avoir retenu en otage les employés de la Banque de Beyrouth et des pays arabes dans une succursale de la ville de Jeb Jannine.

Il a menacé de brûler la banque si on ne l’autorisait pas à retirer ses économies s'élevant à un montant de 50 000 dollars.

Il a obtenu son argent, l'a donné à sa femme et s'est finalement rendu à la police.

Le tribunal a libéré Al-Saei et l’a autorisé à conserver son argent.

On lui a demandé de s'excuser auprès des employés de la banque après la confrontation.

Vendredi également, les habitants de la ville frontalière d'Al-Qaa ont protesté contre le fléau des vols et autres délits.

Ils ont dit: «Ne nous pousser pas à recourir aux armes pour défendre nos terres.»

Le maire d'Al-Qaa, Bachir Matar, a affirmé que les gangs responsables des vols se trouvaient à la frontière entre le Liban et la Syrie.

Ces gangs profitent des points de passage illégaux qui appartiennent généralement au Hezbollah, a ajouté le maire.

Matar a soutenu que les gangs sont un mélange de Libanais et de Syriens. «À la lumière de notre protestation, l'armée effectue des patrouilles. Cependant, la Syrie doit contrôler ses frontières.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".