BEYROUTH: Les services d'urgence des hôpitaux ont été embourbés dans la violence et un dentiste a été tué dans sa clinique au cours d'une semaine qui a vu la criminalité violente augmenter au Liban.
La violence ne s'est pas limitée au personnel médical, un enfant a été enlevé à sa mère et des bandes armées organisées se sont déchaînées dans diverses régions.
Le Syndicat des hôpitaux du Liban a déclaré qu'il craignait que les hôpitaux ne deviennent un «défouloir» pour une population frustrée, aux prises avec la crise économique.
Les médecins ont affirmé que plusieurs des incidents de sécurité sont liés à l'augmentation des factures d'hôpital.
D'autres incidents ont vu des Libanais tenter de revendiquer leurs droits par la force, comme obtenir un lit indisponible dans un hôpital ou réclamer un dépôt en espèces détenu par la banque.
Parmi les hôpitaux de la capitale, Al-Makassed subit plus que tout autre des attaques contre le personnel médical, infirmier et administratif, notamment dans le service des urgences.
L'administration de l'hôpital a révélé il y a quelques jours que ces attaques avaient été commises par «des barbares qui insultent, battent et menacent les médecins des urgences de manière inattendue».
L'hôpital a fermé ses urgences jusqu'à ce que le corps médical soit sécurisé.
Moins de 24 heures après la flambée de violence à l'hôpital de Beyrouth, le même scénario s'est produit à l'hôpital universitaire Cheikh Ragheb Hareb de Nabatieh, où le Hezbollah et le mouvement Amal sont extrêmement puissants.
Des vandales ont détruit le service des urgences et ont battu le personnel médical alors qu'il tentait de soigner un patient.
Les caméras ont montré les parents du patient et le personnel soignant en train de se disputer, ce qui a dégénéré en bagarre, faisant plusieurs blessés et entraînant la destruction de certains équipements médicaux.
Le Parlement a promulgué une loi le 5 janvier visant à «renforcer la protection juridique des médecins, de leurs assistants et du personnel hospitalier et à imposer des sanctions, notamment des peines d'emprisonnement, aux auteurs d'abus contre les édifices hospitaliers et contre leurs employés, causant de graves dommages moraux et matériels».
Les attaques ont également touché les médecins privés.
Deux jours avant l'incident de Nabatieh, le dentiste Elie Jasser a été poignardé à mort dans sa clinique, un crime choquant qui a secoué le public libanais et suscité un tollé sur les réseaux sociaux.
Le suspect, arrêté par les forces de sécurité, est un soldat qui aurait été furieux que Jasser n'ait pas soigné efficacement la douleur de sa fiancée.
Le Dr Khaled al-Soloh, président de l'Association dentaire de la Bekaa, a averti: «Ce crime prémédité reflète l'absence de la loi et la désintégration de l'État qui renonce à sa responsabilité de protéger les médecins qui sont devenus un «défouloir» pour n’importe qui.»
Le Dr Charaf Abou Charaf, président de l'Ordre des médecins libanais, a signalé que les attaques contre les institutions médicales avaient augmenté depuis un an et demi.
«Il se passe rarement une semaine sans qu'un médecin soit victime de violences verbales ou physiques. Cela n'encourage pas les médecins à rester au Liban, mais plutôt à immigrer.»
«Environ 3 000 médecins ont quitté le Liban sur 15 000 médecins inscrits au syndicat», a souligné Abou Charaf.
Abou Charaf a ajouté: «Il existe une loi qui protège le secteur de la santé au Liban et qui criminalise l'auteur de l’acte, qui devrait être appliquée. Les tribunaux ne peuvent pas libérer un coupable après son arrestation. Les choses ne peuvent pas continuer ainsi.
«Il n'y a pas de protection sociale, pas de sécurité, et les revenus sont faibles.
«Nous savons que la situation générale est difficile pour tout le monde, mais cela signifie-t-il que les choses peuvent s’envenimer comme ça? L'État doit être puissant pour dissuader les agresseurs.»
Abou Charaf a de plus ajouté: «Ce à quoi nous assistons aujourd'hui ne s'est pas produit pendant la guerre civile. Le matériel médical, les médicaments et les lits pour les patients étaient disponibles et les gens avaient de l'argent. La situation aujourd'hui est très difficile.»
La criminalité violente a pris un nouveau tournant au Liban, qui continue d'être secoué par la montée des crises économiques.
Les vols de voitures, de magasins et les vols à la tire se poursuivent et les enlèvements contre rançon sont devenus monnaie courante.
Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlawi, a annoncé que Rayan Kanaan, un enfant enlevé mercredi, avait été libéré par les forces de sécurité.
Kanaan a été enlevé par deux personnes dans une voiture alors qu'il se trouvait avec sa mère dans un marché à Halat, dans la région de Byblos. Ils auraient demandé 250 000 dollars (1 dollar américain = 0,87 euro) en échange de sa libération.
Mawlawi a indiqué que des efforts importants ont été déployés par la Division de l'information des Forces de sécurité intérieure pour rendre le garçon à sa famille en toute sécurité.
L'annonce, n'a cependant révélé aucune information sur les ravisseurs et s'ils ont été arrêtés ou se sont enfuis avant l'arrivée des forces de sécurité.
Les ravisseurs auraient fui avec le jeune dans un endroit de la région de Baalbeck-Hermel, une zone d'influence du Hezbollah qui abrite des gangs armés.
Entre-temps, vendredi, un tribunal a libéré Abdallah al-Saei, arrêté le mois dernier après avoir retenu en otage les employés de la Banque de Beyrouth et des pays arabes dans une succursale de la ville de Jeb Jannine.
Il a menacé de brûler la banque si on ne l’autorisait pas à retirer ses économies s'élevant à un montant de 50 000 dollars.
Il a obtenu son argent, l'a donné à sa femme et s'est finalement rendu à la police.
Le tribunal a libéré Al-Saei et l’a autorisé à conserver son argent.
On lui a demandé de s'excuser auprès des employés de la banque après la confrontation.
Vendredi également, les habitants de la ville frontalière d'Al-Qaa ont protesté contre le fléau des vols et autres délits.
Ils ont dit: «Ne nous pousser pas à recourir aux armes pour défendre nos terres.»
Le maire d'Al-Qaa, Bachir Matar, a affirmé que les gangs responsables des vols se trouvaient à la frontière entre le Liban et la Syrie.
Ces gangs profitent des points de passage illégaux qui appartiennent généralement au Hezbollah, a ajouté le maire.
Matar a soutenu que les gangs sont un mélange de Libanais et de Syriens. «À la lumière de notre protestation, l'armée effectue des patrouilles. Cependant, la Syrie doit contrôler ses frontières.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com