Présidentielle: Macron condamné à inventer

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville de Tourcoing dans le cadre d'une visite officielle d'une journée dans le nord de la France axée sur les questions migratoires. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville de Tourcoing dans le cadre d'une visite officielle d'une journée dans le nord de la France axée sur les questions migratoires. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Présidentielle: Macron condamné à inventer

  • Appuyé sur un socle électoral solide, le chef de l'Etat ne paraît pour l'heure pas pâtir de la dégradation du jugement des Français sur sa gestion de la crise sanitaire
  • Ce capital de départ amène le chef de l'Etat à temporiser sur sa candidature qui, si elle ne fait aucun mystère, l'obligerait à descendre dans l'arène pour ferrailler avec ses rivaux et dévoiler son projet

PARIS : L'entourage d'Emmanuel Macron l'assure: fidèle à son "ADN", le président arrive dans la présidentielle avec des propositions de rupture, certains proches lui conseillant toutefois d'éviter d'être "anxiogène".

Pour l'heure, cette campagne en faux plat ne dessert pas le président sortant, tant s'en faut. Crédité de 24% à 25% des intentions de vote au premier tour selon les instituts, Emmanuel Macron devancerait largement ses concurrents et sortirait gagnant du deuxième tour, quel que soit son adversaire.

Appuyé sur un socle électoral solide, le chef de l'Etat ne paraît pour l'heure pas pâtir de la dégradation du jugement des Français sur sa gestion de la crise sanitaire et sa volonté "d'emmerder" les non vaccinés.

Et la situation hors des frontières, marquée par son activisme diplomatique pour apaiser les vives tensions entre l'Ukraine et la Russie, "profite au président en place", note le directeur général de l'Ifop Frédéric Dabi.

Ce capital de départ amène le chef de l'Etat à temporiser sur sa candidature qui, si elle ne fait aucun mystère, l'obligerait à descendre dans l'arène pour ferrailler avec ses rivaux et dévoiler son projet. En abandonnant une partie de sa stature présidentielle.

"La campagne sera frénétique, accélérée, ce ne sera pas la durée qui comptera mais l'intensité et les thématiques", prédit un conseiller du chef de l'Etat en soulignant qu'il est de son "intérêt d'entrer dans le jeu tard pour ne pas que ce soit vite oublié".

Alors qu'à ce stade les propositions des candidats n'impriment guère chez les Français, M. Macron voudra-t-il réduire la voilure d'un programme dont les contours restent indéfinis, en clivant moins pour mieux rassembler ensuite ? Une tentation qui permettrait aussi de préserver "l’électorat très éclaté" de M. Macron, constitué, selon un proche, de  "deux tiers de socio-démocrates, un tiers de droite", sachant qu'il est "difficile de parler à des gens si différents".

Mais "le projet du président, ce n’est pas de continuer dans un bloc central pépère. Il y aura une radicalité. De la disruption", répond d'emblée l'un de ses conseillers.

"Il ne peut pas se renier", insiste un autre de ses proches. "Il doit partir de son ADN" en se montrant "à la fois disruptif et protecteur, ce sera une ligne de crête", poursuit-il.

En jouant petits bras, M. Macron menacerait d'écorner l'image de réformateur qui fut l'un de ses principaux atouts pour accéder à l'Elysée.

«Opéra punk»

"Sa force est qu'il a gardé une certaine cohérence et les deux fondements de sa popularité: l'incarnation comme président et la transformation", analyse M. Dabi, en soulignant sa "capacité d'inventivité".

Si un cadre de la majorité anticipe un programme sous forme d'"opéra punk", reste toutefois à en identifier les mesures, dans un contexte où santé et pouvoir d'achat figurent parmi les préoccupations majeures des Français.

Alors que les groupes de travail de La République en marche phosphorent depuis plusieurs semaines - les travaux sont ramassés en flux continu par le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler - et que M. Macron est abreuvé de notes de toutes parts, le mystère demeure sur le détail de ses ambitions à deux mois du premier tour.

"J'ai beaucoup de mal à me projeter sur ce que seront les thèmes du débat présidentiel", admet un ministre de poids, en appelant à "rester sur les fondamentaux de 2017 et la question du travail".

Un poil plus spécifique, un proche du président croit savoir qu'"il a en tête cinq-six objets de rupture". Parmi les pistes sur la table, l'intéressement des salariés et des formes de démocratie participative.

L'un de ses proches avertit cependant qu'il lui faudra "en même temps rassurer face aux craintes de dépossession" d'une partie des Français et qu'il devra "éviter de faire peur par un ton trop belliqueux".

Le chef de l'Etat a ainsi tempéré d'avance son projet de réforme des retraites, dont la version initiale était "trop anxiogène", selon ses propres termes. 


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.