Covid: une biotech annonce avoir produit le premier vaccin à ARN messager en Afrique

L'Afrique est le continent le moins vacciné au monde. (Photo, AFP)
L'Afrique est le continent le moins vacciné au monde. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 04 février 2022

Covid: une biotech annonce avoir produit le premier vaccin à ARN messager en Afrique

  • La société Afrigen Biologics and Vaccines est basée au Cap, en Afrique du Sud, et dirige le projet pilote, soutenu par l'OMS et l'initiative Covax
  • Les tests sur les animaux commenceront le mois prochain «mais les études sur les humains ne débuteront que vers novembre 2022»

JOHANNESBURG : Une société de biotechnologie sud-africaine a annoncé jeudi avoir fabriqué le premier vaccin à ARN messager contre la Covid-19 sur le continent africain, à l'aide du séquençage de Moderna, et qu'il serait prêt pour les essais cliniques en novembre.

La société Afrigen Biologics and Vaccines est basée au Cap, en Afrique du Sud, et dirige le projet pilote, soutenu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'initiative Covax.

"À l'échelle du laboratoire, nous disposons d'un vaccin que nous devons maintenant tester", a déclaré la directrice générale d'Afrigen, Petro Terblanche. 

Les tests sur les animaux commenceront le mois prochain "mais les études sur les humains ne débuteront que vers novembre 2022", a-t-elle précisé après avoir rencontré un groupe de sponsors du projet.

Les chercheurs d'Afrigen ont séquencé le code génétique publiquement disponible que Moderna avait utilisé pour concevoir son vaccin, puis ont fabriqué l'ADN, l'ARN et leur propre produit. 

"Nous sommes les premiers à utiliser la séquence développée par l'Université de Stanford et utilisée par Moderna pour son vaccin, afin de concevoir et développer un vaccin produit à l'échelle du laboratoire", a déclaré Mme Terblanche. 

"Nous avons terminé le processus de la conception jusqu'à une formule finale. C'est un petit pas mais c'est un bon début, c'est un début fabuleux", a encore déclaré la directrice du laboratoire. 

"Il s'agit de la première étape importante qui permettra aux pays à revenu faible et intermédiaire de produire eux mêmes des vaccins".

Mme Terblanche a pris la parole après que le Medicines Patent Pool (MPP), organisation de santé publique dédiée aux brevets sur les médicaments et soutenue par les Nations Unies, eut accordé une subvention de 39 millions d'euros.

Charles Gore, directeur exécutif du MPP, a assuré dans un communiqué que son organisation était "ravie de soutenir Afrigen et ses partenaires africains afin d'accroître considérablement la capacité de fabrication locale et de réduire les inégalités flagrantes actuelles" en matière de vaccin contre le Covid-19. 

La subvention couvrira les travaux du pôle de transfert de technologie pendant cinq ans, jusqu'en 2026.  

"Nous continuerons à soutenir ce projet... il est très important pour le monde et pour l'Afrique", a déclaré l'ambassadeur de France à Pretoria, Aurélien Lechevallier, après avoir visité le laboratoire. Le gouvernement français participe au financement du pôle mis en place en juillet. 

L'Afrique est le continent le moins vacciné au monde. Plus d'un an après l'administration des premiers vaccins contre la Covid-19 et deux ans après le début de la pandémie, seulement 11,3 % des Africains ont été complètement immunisés.  

À ce jour, seulement un pour cent des vaccins utilisés en Afrique sont produits sur le continent.


Amal Clooney parmi les experts ayant conseillé la CPI sur les crimes de guerre à Gaza

 L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
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  • L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
  • "Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré

WASHINGTON: L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a demandé des mandats d'arrêt contre deux ministres israéliens, dont Benjamin Netanyahu, et trois dirigeants du Hamas.

Dans un message sur le site de la "Clooney foundation for justice", fondée avec son mari acteur George Clooney, l'avocate et militante des droits humains explique qu'elle a été contactée "il y a plus de quatre mois" par le procureur de la CPI pour rejoindre un groupe d'experts en droit international chargé d'"examiner des preuves de crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés" commis en Israël et dans la bande de Gaza.

"Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré.

"Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que les chefs du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment prise d'otage, assassinat et crime sexuel. Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment l'emploi de la famine comme arme de guerre, assassinat, persécution et extermination", a-t-elle écrit.

Au sujet des demandes de mandats d'arrêt réclamés lundi par le procureur Karim Khan, l'avocate libano-britannique a assuré qu'elle soutenait cette "étape historique" visant à "faire justice aux victimes d'atrocités en Israël et en Palestine".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.


Biden affirme que l'offensive d'Israël à Gaza «  n'est pas un génocide »

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
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  • "Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU
  • Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI)

WASHINGTON: Joe Biden a pris lundi la défense d'Israël face à la justice internationale, jugeant "scandaleuse" la demande de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et balayant l'accusation de "génocide" pour l'offensive à Gaza.

"Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, devant laquelle Israël est accusé de "génocide".

Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI).

Ce magistrat a réclamé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et contre son ministre de la Défense.

"Nous rejetons" cette demande, a dit Joe Biden, répétant que son soutien à Israël était "inébranlable".

« Scandaleuse »

"Nous sommes aux côtés d'Israël pour éliminer (le chef du Hamas à Gaza Yahya) Sinouar et le reste des bouchers du mouvement palestinien", a-t-il encore déclaré, en promettant de s'activer "contre vents et marées" pour libérer les otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre.

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".

Les Etats-Unis continueront cependant à "apporter (leur soutien à la CPI) en ce qui concerne les crimes commis en Ukraine", a de son côté souligné le chef du Pentagone Lloyd Austin.

La CPI avait émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, accusé du crime de guerre d’expulsion illégale d’enfants ukrainiens.

"Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune", a asséné Joe Biden dans son communiqué.

Antony Blinken a estimé dans un communiqué que la demande du procureur "pourrait compromettre" les pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza.

Par ailleurs, la CPI n'a "pas de juridiction" sur Israël, a-t-il rappelé.

Ni Israël ni les Etats-Unis ne sont membres de la CPI.

« Génocide »

Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense ainsi que trois dirigeants du Hamas pour crimes contre l'humanité présumés.

Karim Khan a déclaré avoir réclamé des mandats contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.

La CIJ, elle, est l'organe judiciaire principal des Nations unies et juge des différends entre Etats.

Elle a été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" dans la conduite de son offensive militaire à Gaza.

La CPI et la CIJ siègent à La Haye (Pays-Bas).


Crise ouverte entre Madrid et Buenos Aires après une attaque de Milei contre Sánchez

Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président argentin Javier Milei fait un geste alors qu'il prononce un discours sur scène lors du rassemblement du parti d'extrême droite espagnol Vox "Europa Viva 24" à Madrid le 19 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin
  • Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne

MADRID: Pedro Sánchez a accusé lundi Javier Milei de ne pas être "à la hauteur" des "liens" unissant leurs deux pays, au lendemain de propos polémiques du président argentin qui font planer la menace d'une rupture des relations entre Madrid et Buenos Aires.

Javier Milei "n'a malheureusement pas été à la hauteur" des "liens fraternels unissant l'Espagne et l'Argentine", a déclaré le Premier ministre espagnol, dont l'épouse a été ciblée par le président ultralibéral argentin.

"Je suis conscient que celui qui a parlé hier (dimanche) ne l'a pas fait au nom du grand peuple argentin", a ajouté le dirigeant socialiste, lors de sa première prise de parole sur cette crise diplomatique, en exigeant des excuses publiques de M. Milei.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait annoncé quelques heures plus tôt avoir convoqué l'ambassadeur argentin pour lui "faire part de la gravité de la situation" après avoir déjà rappelé dimanche pour consultations l'ambassadrice espagnole en Argentine.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques en cas d'absence d'excuses de Javier Milei, M. Albares n'a pas écarté cette éventualité. "Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons", a-t-il prévenu.

Buenos Aires a opposé jusqu'ici une fin de non-recevoir aux demandes de Madrid.

"Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei", notamment accusé par la numéro trois de l'exécutif espagnol Yolanda Diaz de semer la "haine", a jugé dimanche soir le ministre argentin de l'Intérieur, Guillermo Francos.

"Le lion est de retour et surfe sur la vague des larmes socialistes. Vive la liberté, bordel", a ironisé de son côté sur X lundi le président argentin.

«Femme corrompue»

Cette crise diplomatique d'un niveau inédit entre les deux pays a été provoquée par des propos tenus dimanche à Madrid par Javier Milei, invité d'honneur d'une convention du parti d'extrême droite espagnol Vox.

Dans un discours au ton belliqueux, il a attaqué, comme il en a l'habitude, le socialisme, mais s'en est aussi pris à la femme de Pedro Sánchez, Begoña Sánchez, sans toutefois la nommer.

"Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer", a-t-il déclaré.

"Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir", a ajouté le président argentin, qui n'a rencontré ni le roi Felipe VI ni Pedro Sánchez, lors de sa visite de trois jours à Madrid.

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de M. Sánchez de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre sa femme.

Craintes des entreprises

Ces tensions entre les deux pays ont suscité les craintes du monde des affaires en Espagne, pays qui est le deuxième investisseur en Argentine après les États-Unis, avec un montant annuel de près de 15 milliards d'euros, selon l'Institut espagnol du commerce extérieur.

Le président de la confédération patronale CEOE, Antonio Garamendi, a ainsi qualifié les propos de Javier Milei d'"attaque" susceptible de nuire aux échanges. De grandes entreprises comme BBVA, Santander ou Telefonica sont allées dans le même sens.

Tout en condamnant les déclarations de Milei, Esteban González Pons, du Parti Populaire (PP, droite), a rejeté une partie de la faute sur Pedro Sánchez.

Les entreprises espagnoles "ne méritent pas que leur situation soit compromise par le sens de l'honneur de Pedro Sánchez" dont l'épouse ne doit pas être "une question d'Etat", a raillé ce haut responsable de la principale formation d'opposition.

Cette crise survient deux semaines après une première brouille déclenchée par un ministre espagnol, qui avait suggéré que M. Milei se droguait. La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sánchez de n'apporter que "pauvreté et mort" en Espagne avec ses politiques.