LILLE: La France souhaite que les États membres de l'UE qui refusent d'accepter des demandeurs d'asile participent financièrement à la solidarité avec les pays d'accueil et de première arrivée, a indiqué jeudi le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin lors d'une réunion avec ses homologues européens à Lille.
La France, qui occupe la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, souhaite faire progresser « par étapes » la très sensible réforme migratoire, a expliqué M. Darmanin, au lendemain d'un discours du président de la République français Emmanuel Macron en faveur d'un pilotage politique de l'espace Schengen pour une meilleure protection des frontières extérieures.
Alors que la ministre allemande Nancy Faeser a plaidé pour une « coalition des bonnes volontés » pour l'accueil des demandeurs d'asile, M. Darmanin a indiqué que la France cherchait à obtenir des engagements de la part d'« un grand pool de pays européens » sur des relocalisations afin d'aider les pays de première entrée comme l'Italie.
« Ce mécanisme de solidarité -et c'est un mécanisme courageux de la part des pays qui le proposent parce que ce n'est pas évident pour les opinions publiques- n'est possible que si, par ailleurs, nous avons des engagements de tenue des frontières extérieures », a insisté M. Darmanin.
Et « pour ceux qui n'accepteraient pas ces relocalisations (...) le président de la République l'a dit hier », ils devraient apporter « un soutien financier très important aux pays de première entrée comme à ceux qui accepteraient ces relocalisations », a-t-il dit. Un certain nombre de pays, dont ceux de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) refusent de se voir imposer l'accueil de demandeurs d'asile.
« L'idée serait de dire: cette solidarité est obligatoire, soit elle s'exprime par la relocalisation soit elle s'exprime par un très gros soutien financier », a-t-il expliqué.
Alors que la tentative de quotas obligatoires de réfugiés décidée lors de la crise migratoire de 2015 s'est soldée par un échec, la question des relocalisations est une pierre d'achoppement des discussions sur le pacte européen sur la migration et l'asile proposé par la Commission européenne en septembre 2020.
« L'Allemagne continue de défendre une Europe ouverte et humaine », a déclaré Mme Faeser, en référence à l'accueil de plus d'un million de réfugiés dans ce pays au moment de la crise de 2015.
Le ministre autrichien de l'Intérieur Gerhard Karner a en revanche exprimé un refus d'un tel accueil, défendant une « alliance de la raison ». Il a souligné l'importance de mieux protéger les frontières extérieures, rappelant la demande faite à l'UE par « 16 pays », dont le sien, de financer des clôtures et murs.