Au procès du 13-Novembre, Yassine Atar sous l'ombre du grand frère

«Moi, je veux que tout le monde sache tout sur moi. Que tout le monde comprenne qui j'étais, que je suis innocent et de bonne foi». (Photo, AFP)
«Moi, je veux que tout le monde sache tout sur moi. Que tout le monde comprenne qui j'étais, que je suis innocent et de bonne foi». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 février 2022

Au procès du 13-Novembre, Yassine Atar sous l'ombre du grand frère

  • Yassine Atar, petit frère du commanditaire des attentats, a de nouveau tenté de se distinguer de son aîné pour clamer son innocence
  • Il est notamment jugé pour avoir détenu une clé d'une planque du principal accusé Salah Abdeslam

PARIS : Il a vécu le départ de son grand frère pour la Syrie comme un "crachat" sur sa famille. Au procès du 13-Novembre, l'accusé Yassine Atar, petit frère du commanditaire des attentats, a de nouveau tenté de se distinguer de son aîné pour clamer son innocence.

Yassine Atar est debout dans le box des accusés pour la deuxième journée de suite. Il transpire de sa voix et de sa gestuelle une urgence de s'exprimer, et le président de la cour d’assises spéciale doit parfois le recadrer. 

"Moi, je veux que tout le monde sache tout sur moi. Que tout le monde comprenne qui j'étais, que je suis innocent et de bonne foi", s'excuse le Belge de 35 ans de son débit mitraillette.

Il est notamment jugé pour avoir détenu une clé d'une planque du principal accusé Salah Abdeslam - la question sera abordée plus tard - mais sait surtout que pèse sur lui l'ombre écrasante de son frère, présumé mort en Syrie et jugé par défaut au procès. 

C'est de leur relation qu'il est question ce jour. 

Dès ses premiers mots à la cour en septembre, l'accusé avait tenu à se distinguer : "Oussama Atar, c'est Oussama Atar, moi je ne suis pas Oussama Atar".

En 2003 à 19 ans, Oussama Atar est parti étudier en Syrie puis combattre en Irak, avant de se faire arrêter par les troupes américaines. Il passera six ans en prison, notamment dans la tristement célèbre prison d'Abou Ghraïb, avant d'être libéré et de rentrer en Belgique en 2012.

Il en repartira un an plus tard, "sans prévenir personne", dit son petit frère, cette fois pour y devenir un haut cadre de l'Etat islamique.

"J'ai pris ça comme un crachat, d'abord sur ma mère. Pendant un an, on lui a expliqué qu'on avait souffert pendant dix ans, et le mec, il en a rien à foutre. Du jour au lendemain, j'entends qu'il a disparu", s'énerve Yassine Atar.

«Campagne médiatique»

Il assure que leurs relations s'étaient tendues, son grand frère n'approuvant pas son "mode de vie" ou le fait qu'il ait été condamné pour une affaire de stupéfiants.  

Après ce deuxième départ en septembre 2013, ses contacts avec Oussama Atar sont "inexistants", "comme l'a montré l'enquête", insiste Yassine Atar, qui semble obsédé par son dossier. Dans un SMS envoyé à sa soeur fin 2015, il lui dit qu'ils ne sont pas parlé "depuis deux ans".

Cette dernière a témoigné devant la cour juste avant lui, par visioconférence, pour longuement expliquer les différences entre les deux hommes. Yassine, grand frère "surprotecteur", "bien coiffé, bien habillé, pas du tout dans la religion". Et Oussama, "très renfermé sur lui même, déjà ado", qui "a gâché notre vie à tous" et qu'elle ne considère plus comme son frère.

La cour veut en savoir plus sur cette année qu'Oussama Atar a passée en Belgique, où il est revenu "rachitique, la peau sur les os", disent ses proches qui avaient organisé une "campagne médiatique" pour réclamer sa libération.

La famille pensait qu'il était parti faire de l'humanitaire, et il a été jugé et condamné en Irak pour "entrée illégale sur le territoire, pas pour terrorisme", justifie Yassine Atar.

Lui comme sa soeur assurent que le sujet était "tabou" et qu'Oussama Atar ne leur a rien dit, ce que la cour et le ministère public peinent à croire. "Toute la famille s'est mobilisée pendant 10 ans pour le faire sortir et personne n'a la curiosité d'essayer d'en savoir plus ?", demande l'avocat général, sceptique. 

"Il ne voulait pas en parler", balaie Yassine Atar. "On sait très bien ce qu'il s'est passé à Abu Ghraïb, on l'a vu à la télé. Nous on voulait qu'il se soigne, qu'il refasse sa vie et qu'il passe à autre chose".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.