Karabakh : Bakou réclame le retrait arménien, les frappes s'intensifient

Les participants tiennent des pancartes avec le hashtag "Reconnaître l'Artsakh" lors d'un flash mob pour soutenir la région séparatiste du Haut-Karabakh à Erevan le 4 octobre 2020 (Photo, AFP)
Les participants tiennent des pancartes avec le hashtag "Reconnaître l'Artsakh" lors d'un flash mob pour soutenir la région séparatiste du Haut-Karabakh à Erevan le 4 octobre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 05 octobre 2020

Karabakh : Bakou réclame le retrait arménien, les frappes s'intensifient

  • Face à « la hausse du nombre des victimes au sein de la population civile », le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a exprimé sa « préoccupation » et réitéré son appel à « un cessez-le-feu au plus vite »
  • Dimanche, l'Azerbaïdjan a affirmé avoir grièvement blessé le président de la république auto-proclamée et pris Jebraïl, une ville azerbaïdjanaise de 9.000 habitants contrôlée depuis les années 1990 par les séparatistes arméniens

STEPANAKERT : L'Azerbaïdjan a réclamé dimanche le retrait arménien du Nagorny Karabakh où les bombardements sur les zones urbaines se sont intensifiés, suscitant l'inquiétude pour les civils, au huitième jour de combats entre forces séparatistes arméniennes et armée azerbaïdjanaise.

« Je n'ai qu'une seule condition » pour un cessez-le-feu, a déclaré le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, dans un discours télévisé à la nation, diffusé dans la soirée.

« Les forces armées (arméniennes, ndlr) doivent quitter nos territoires », a-t-il lancé, demandant également que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian « présente ses excuses devant le peuple azerbaïdjanais » et « dise que le Karabakh, ce n'est pas l'Arménie ».

Tout au long de la journée, les deux camps ont multiplié les déclarations belliqueuses tandis que les bombardements se sont intensifiés, visant notamment la capitale indépendantiste Stepanakert ainsi que la deuxième ville d'Azerbaïdjan, Gandja.  

Face à « la hausse du nombre des victimes au sein de la population civile », le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a exprimé sa « préoccupation » et réitéré son appel à « un cessez-le-feu au plus vite ».

Depuis vendredi, Stepanakert est la cible de frappes d'artillerie, forçant la population à se terrer. Dimanche, les tirs de roquettes d'intensité redoublée ont touché son centre et la périphérie.

Dans l'après-midi, Choucha, une ville de 4.000 habitants, a été à son tour atteinte par des tirs azerbaïdjanais.

Bombes dans la cour

Le dirigeant du Nagorny Karabakh, Araiyk Haroutiounian, a annoncé qu'en représailles aux frappes sur Stepanakert, des infrastructures militaires installées dans les « grandes villes » d'Azerbaïdjan, situées à une plus grande distance du front, avaient été prises pour cible.

Dans la soirée, les combats se poursuivaient « sur toute la ligne de front », l'armée du Nagorny Karabakh ayant repoussé une nouvelle offensive azerbaïdjanaise, selon la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchan Stepanian. 

Les séparatistes ont annoncé dimanche avoir « détruit » l'aéroport de la deuxième plus grande agglomération azerbaïdjanaise, Gandja, ce que l'Azerbaïdjan a démenti, affirmant que des civils avaient été tués.

D'autres villes azerbaïdjanaises ont été frappées, selon Bakou : Horadiz, Beylagan et Terter. 

Azerbaïdjanais et Arméniens, qui démentent systématiquement les succès militaires annoncées par le camp ennemi, s'accusent aussi mutuellement de viser des civils. 

« C'est leur stratégie militaire », a ainsi commenté un conseiller de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev.

Une habitante de Beylagan, a raconté que sa maison avait été en partie détruite la veille.

« J'étais en train de cuire le pain quand j'ai entendu des explosions, j'ouvre la porte et je vois des bombes tomber dans la cour », a expliqué cette femme. 

Succès et démentis

Comme les jours précédents, les deux camps revendiquaient divers succès sur le champ de bataille. 

Dimanche, l'Azerbaïdjan a affirmé avoir grièvement blessé le président de la république auto-proclamée et pris Jebraïl, une ville azerbaïdjanaise de 9.000 habitants contrôlée depuis les années 1990 par les séparatistes arméniens bien que située hors du territoire du Karabakh. La partie arménienne a démenti ces deux annonces. 

La présidence du Karabakh a assuré que son armée « contrôlait totalement la situation dans toutes les directions ». 

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a estimé quant à lui samedi que l'Arménie faisait face au « moment peut-être le plus décisif de son histoire » contemporaine.

A Erevan, la capitale, de nombreux habitants sont allés allumer des cierges à l'église Saint Sarkis. « Je suis venue demander la paix à Dieu, pour notre pays et nos soldats », a raconté une Erevanaise, Aytsemik Melikian.

Le bilan s'alourdit

Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan à la chute de l'URSS, entraînant une guerre au début des années 1990 qui a fait 30.000 morts. Le front y est quasiment gelé depuis malgré des heurts réguliers. 

Les deux camps s'accusent de la reprise des hostilités le 27 septembre, une crise parmi les plus graves, sinon la plus grave, depuis le cessez-le-feu de 1994, faisant craindre une guerre ouverte entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Le bilan des morts, toujours très partiel Bakou ne communiquant pas ses pertes militaires, s'est alourdi à 251 : 209 combattants séparatistes, 18 civils du Karabakh et 24 civils azerbaïdjanais. Mais chaque partie affirme avoir tué plus de deux mille soldats ennemis.

Un conflit direct entre ces deux ex-républiques soviétiques du Caucase pourrait avoir des conséquences imprévisibles, plusieurs puissances étant en concurrence dans la région : la Russie, le traditionnel arbitre régional, la Turquie, alliée à l'Azerbaïdjan, ou encore l'Iran.

Les Turcs sont déjà accusés de jeter de l'huile sur le feu en encourageant Bakou à l'offensive militaire et sont fortement soupçonnés d'avoir déployé des mercenaires syriens pro-turcs au Karabakh.  


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.