PARIS: Mutualisation, expropriation ou encore recrutement de personnel: au moment où le groupe privé Orpea est accusé de graves dysfonctionnements dans ses établissements, les candidats à l'Elysée rivalisent d'idées pour améliorer la situation dans les Ehpad.
Après la sortie du livre « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet, le président Emmanuel Macron, pas encore officiellement candidat, a affirmé mercredi lors du Conseil des ministres que « ces révélations étaient absolument choquantes, bouleversantes et qu'elles appelaient évidemment à ce que nous poursuivions notre investissement pour le grand âge ».
Voici les propositions de ses probables rivaux dans la course à l'Elysée:
Haro sur la spéculation (Jadot)
A gauche, l'ensemble des candidats s'insurgent contre la « spéculation » boursière autour des Ehpad privés. Pour y mettre un terme, l'écologiste Yannick Jadot veut en finir avec « toute nouvelle autorisation d'Ehpad privé à but lucratif », afin que la »maltraitance subie dans beaucoup d'établissements ne puisse être un levier de spéculation ». A l'instar de ses rivaux à gauche, il plaide aussi pour des recrutements de « personnel d'accompagnement » afin qu'ils soient au moins 8 pour 10 résidents.
« Y mettre les moyens » (Hidalgo)
La candidate PS Anne Hidalgo, qui reproche à Emmanuel Macron de ne pas avoir mené à bout la « grande loi sur la dépendance qu'il avait pourtant promise », a l'intention de « mettre les moyens » dans le secteur du grand âge. Elle propose de garantir « un service public » dont le premier objectif serait de maintenir à domicile les personnes âgées grâce à des recrutements et à la formation de personnel pour s'en occuper, dont les rémunérations et le statut seraient valorisés. Les Ehpad bénéficieraient, eux aussi, d'une « augmentation de l'encadrement ».
Expropriation (Roussel)
C'est ce que propose le candidat communiste Fabien Roussel pour le groupe Orpea afin de « sortir nos aînés des griffes de la finance ». Son objectif: créer un grand ministère chargé des séniors, ainsi que 300 000 emplois sur trois ans, avec un coût qu'il évalue lui-même entre 10 à 13 milliards d'euros qui serait financé par « les cotisations sociales », a-t-il expliqué sur Public Sénat.
Un réseau public (Mélenchon)
Le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon ne prône pas une nationalisation des Ehpad. « Non, ce n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre », a-t-il assuré sur sa chaîne « Allô Mélenchon ». A ses yeux, il faut confier les Ehpad « à des structures non lucratives qui ne distribuent pas de bénéfices », comme des associations, des coopératives ou des mutualistes. Dans son programme, il préconise le développement d'un « réseau public de maisons de retraite aux tarifs harmonisés et accessibles ». Il défend aussi la création de 10 000 places en Ehpad public pendant cinq ans », avec une augmentation « des moyens matériels et humains ».
Un « changement radical » (Pécresse)
A droite, les candidats s'accordent sur le besoin de renforcer les contrôles. La candidate LR Valérie Pécresse plaide pour « radicalement changer le modèle des Ehpad », avec notamment un « référentiel obligatoire » applicable au public et au privé. Selon elle, il est indispensable que les conditions de vie quotidienne soient « strictement contrôlées », de la qualité de l'alimentation et des soins à la taille des chambres, en passant par « le temps consacré individuellement à chaque résident par les soignants ».
« Remédicaliser les Ehpad » (Le Pen)
Pour Marine Le Pen, il convient d'abord de « remédicaliser les Ehpad ». La candidate du Rassemblement national à l'Elysée déplore qu'il n'y ait pas de médecin coordinateur dans « beaucoup » d'entre eux. Elle souhaite aussi qu'il y ait un certain nombre de soignants par rapport au nombre de résidents afin d'éviter les maltraitances. « Peut-être faut-il réfléchir à un système mutualiste où le profit ne serait pas la priorité et où le bien-être des personnes âgées le soit? », a-t-elle suggéré sur CNews.
Suppression des ARS
Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a trouvé dans la controverse sur les Ehpad un argument supplémentaire pour s'en prendre aux Agences régionales de santé (ARS), dont il souhaite la suppression après leur gestion fortement critiquée de la crise sanitaire. Pour éviter les cas de maltraitance, « la première chose à faire, cela me paraît évident, c'est les contrôles », a-t-il expliqué sur France 2. « Ce sont les ARS qui avaient en charge le contrôle, ce qui prouve qu'elles ne servent à rien ».