BRUXELLES: La Commission européenne va adopter mercredi son projet controversé de label "vert" pour les investissements dans certaines centrales nucléaires et à gaz qui contribuent à lutter contre le réchauffement climatique, a annoncé mardi un porte-parole.
Le texte fixe les critères permettant de classer comme "durables" les investissements dans des centrales nucléaires ou à gaz pour la production d'électricité, avec pour objectif d'orienter les fonds privés vers les activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Une proposition de texte avait été envoyée aux 27 Etats de l'UE le 31 décembre au soir.
Ces derniers, ainsi qu'un groupe d'experts conseillant la Commission, avaient jusqu'au 21 janvier pour faire remonter leurs remarques.
Mais, selon des sources concordantes, ce projet très clivant, qui divise les Etats membres et a été débattu pendant des mois, s'attirant à la fois les critiques des ONG et celles de spécialistes de la finance, n'a pas bougé dans ses grandes lignes.
Le texte sera adopté mercredi matin lors de la réunion hebdomadaire des commissaires et sera présenté à la presse par le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, et la commissaire au Services financiers, Mairead McGuinness.
La reconnaissance des centrales nucléaires et à gaz dans la lutte contre le changement climatique est défendue par la France et de nombreux pays d'Europe centrale qui font valoir que les énergies renouvelables (éolien, solaire...), déjà labellisées par la Commission, souffrent de production intermittente et ne permettront pas, à elles seules, de répondre aux besoins en électricité.
Mais l'inclusion du nucléaire, qui n'émet pas de CO2, dans les activités pouvant bénéficier de la finance verte, accordée comme pour le gaz à titre transitoire, suscite l'opposition de l'Allemagne et d'une poignée de pays membres, dont l'Autriche et le Luxembourg.
Les anti-nucléaires font valoir que cette technologie pose un risque d'accident et engendre des déchets radioactifs dangereux qui doivent être stockés pendant des milliers d'années.
L'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède, ont par ailleurs publié une lettre commune pour s'opposer à l'inclusion du gaz, une source d'énergie fossile émettrice de CO2.
Les centrales à gaz ne seront cependant labellisables que si elles respectent des critères de performances draconiens et remplacent des modes de production plus polluants, comme les centrales à charbon.
Après la publication du texte mercredi, s'ouvrira une période de quatre mois (qui pourra être prolongée de deux mois), durant laquelle le Parlement européen aura la possibilité de rejeter le projet par un vote à la majorité simple. Le Conseil européen pourrait théoriquement aussi s'y opposer en organisant un vote, mais il lui faudrait pour cela réunir 20 Etats membres, ce qui paraît hors de portée.