Liban: un an après, la famille d'un militant anti-Hezbollah assassiné réclame justice

La réalisatrice de documentaires allemande Monika Borgmann, la veuve de l'éminent militant et intellectuel libanais assassiné Lokman Slim, se tient près de la tombe de son mari à sa résidence dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale du Liban, le 26 janvier 2022. JOSEPH EID / AFP
La réalisatrice de documentaires allemande Monika Borgmann, la veuve de l'éminent militant et intellectuel libanais assassiné Lokman Slim, se tient près de la tombe de son mari à sa résidence dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale du Liban, le 26 janvier 2022. JOSEPH EID / AFP
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Publié le Mardi 01 février 2022

Liban: un an après, la famille d'un militant anti-Hezbollah assassiné réclame justice

  • Un an après son assassinat de sang-froid dans le sud du Liban, la famille de Lokman Slim, un militant et intellectuel critique du Hezbollah, réclame toujours justice dans un pays où règne souvent l'impunité
  • Un an après le meurtre, l'enquête piétine toujours et reste dans la phase de «collecte d'informations»

BEYROUTH: Un an après son assassinat de sang-froid dans le sud du Liban, la famille de Lokman Slim, un militant et intellectuel critique du Hezbollah, réclame toujours justice dans un pays où règne souvent l'impunité.
"Nous avons vraiment besoin que justice soit faite pour Lokman", dit à l'AFP sa femme Monika Borgmann, depuis la demeure familiale située dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, mouvement armé chiite pro-iranien à l'important rôle dans la vie politique libanaise.
Si le meurtre de son époux reste impuni, c'est comme si on donnait un "feu vert aux meurtriers, quels qu'ils soient, pour qu'ils continuent" à commettre ce genre de crimes, a-t-elle ajouté, à quelques jours d'une cérémonie commémorant cet assassinat.
Le 4 février 2021 Lokman Slim, 58 ans, a été retrouvé mort dans sa voiture, tué par balles, après avoir disparu la veille.
L'assassinat de cet activiste et chercheur, dont le travail multiforme portait notamment sur la mémoire de la guerre civile libanaise (1975-1990), avait choqué le Liban.
Le meurtre a été condamné par plusieurs pays occidentaux et les ambassadeurs de plusieurs chancelleries ont assisté aux funérailles de M. Slim.
Partisan acharné de la laïcité, issu de la haute bourgeoisie chiite, il était l'une des rares voix dissidentes au sein de sa communauté. Peu avant son assassinat, il avait répété lors d'entretiens à la télévision que le Hezbollah prenait le Liban en otage pour le compte de l'Iran.

Doutes

Un an après le meurtre, l'enquête piétine toujours et reste dans la phase de "collecte d'informations", a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
"La justice a demandé aux autorités compétentes de mener une enquête préliminaire et de collecte de preuves" sur ce crime, a-t-elle précisé. Mais pour l'instant, rien n'a mené à "des pistes importantes".
L'enquête "n'est pas close, mais personne n'a été arrêté par exemple" déplore la veuve, de nationalité libanaise et allemande, exprimant ses "doutes".
Mme Borgmann appelle à la mise en place d'une commission d'enquête internationale indépendante, forte du soutien exprimé par trois rapporteurs spéciaux des Nations unies. "Le gouvernement devrait demander une assistance technique internationale pour enquêter sur le meurtre de M. Slim", ont-ils déclaré en mars 2021.
A la suite de cet assassinat, le Hezbollah a été pointé du doigt par des journalistes et hommes politiques. A plusieurs reprises, le mouvement avait menacé M. Slim selon sa famille.
En décembre 2019, des militants du Hezbollah s'étaient rassemblés devant sa maison pour l'accuser de trahison. M. Slim avait alors averti que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et son allié le chef du mouvement Amal, Nabih Berri --également président du Parlement-- seraient responsables de tout ce qui "pourrait lui arriver".
A quoi bon "pointer du doigt qui que ce soit", soupire Mme Borgmann. "Ce n'est vraiment pas satisfaisant", insiste-t-elle. "Nous avons besoin de preuves et nous demandons des comptes. Après cela, j'espère que (..) ceux qui ont exécuté Lokman et ceux qui ont ordonné cela iront en prison."

Assassinats politiques

L'assassinat de Lokman Slim n'est pas le premier dans l'histoire tumultueuse du Liban, pays aux profondes divisions politiques et communautaires, et où de nombreux politiciens, intellectuels, religieux et journalistes ont été tués.
L'institut de recherche et de statistiques Information International a ainsi dénombré 220 assassinats et tentatives d'assassinat depuis l'indépendance du Liban en 1943 jusqu'au meurtre de M. Slim.
Le manque de preuves ou des ingérences politiques empêchent souvent la justice de poursuivre les auteurs de ces crimes.
Peu après sa mort, la famille de Lokman Slim a établi une fondation à son nom pour étudier et analyser les assassinats politiques au Liban et dans la région.
Ceux-ci "jouent un rôle majeur dans le contrôle de la vie politique dans les sociétés arabes", a déclaré à l'AFP la directrice de la fondation, Hana Jaber. Elle espère aussi contribuer à "briser l'isolement de ceux qui sont menacés".
"Nous devons croire en la justice pour que cela se produise."

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.