Le recyclage peut réduire la production de déchets en Arabie saoudite

L'Arabie saoudite produit près de 15 millions de tonnes de déchets chaque année, dont 95 % finissent dans des décharges et seulement 5 % du total des déchets sont recyclés. (Shutterstock)
L'Arabie saoudite produit près de 15 millions de tonnes de déchets chaque année, dont 95 % finissent dans des décharges et seulement 5 % du total des déchets sont recyclés. (Shutterstock)
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Le recyclage peut réduire la production de déchets en Arabie saoudite

  • La culture de consommation dans les pays du CCG a créé des montagnes de déchets, dont la plupart sont non biodégradables
  • «L'économie circulaire» ouvre d'énormes opportunités aux Saoudiens pour réduire, réutiliser et recycler les déchets qu'ils génèrent

DJEDDAH: Comme c'est le cas dans de nombreuses autres régions du monde, la combinaison de la croissance démographique, de l'urbanisation et de l'expansion économique a non seulement augmenté la consommation personnelle au Moyen-Orient, mais elle génère également des quantités colossales de déchets.
Cinq pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – Bahreïn, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), le Qatar et le Koweït – se classent parmi les dix premiers pays au monde en matière de production de déchets solides par habitant.
Grâce à leur richesse pétrolière, les dépenses de consommation dans ces pays ont augmenté au cours des dernières décennies pour devenir un moteur essentiel des économies nationales. Mais de la même façon que dans de nombreux pays avancés, la consommation a créé des montagnes de déchets, dont la plupart sont non biodégradables et extrêmement nocifs pour l'environnement.
L'Arabie saoudite produit à elle seule près de 15 millions de tonnes de déchets par an, dont 95 % finissent dans des décharges, polluant le sol et libérant des gaz à effet de serre, dont du méthane, présent dans l'atmosphère pendant des décennies.
Ce qui n'est pas enterré finit souvent comme détritus dans les rues des villes, sous forme de sacs en polyéthylène, d’emballages de fast-food, de bouteilles en plastique et de canettes de soda vides.
Entre le début de l’année 2020 et le premier semestre de 2021, l'Arabie saoudite n'a recyclé que 5 % de ses déchets totaux, notamment le plastique, le métal et le papier.
Pour réduire la production de déchets, protéger les écosystèmes fragiles et tirer le meilleur parti des matériaux réutilisables, le pays peut s'appuyer sur le concept «d'économie circulaire», un système en boucle fermée qui implique l'approche des 3 R : réduire, réutiliser et recycler.
Le principal acteur de ce changement dans cet effort est la Saudi Investment Recycling Company (Sirc), créée en 2017 en tant que filiale à part entière du Fonds d'investissement public (PIF).

 

En bref

 

  • Le plastique met plus de quatre cents ans à se dégrader.
  • Seulement 12 % du plastique est incinéré dans le monde.

La Sirc cherche à détourner 85 % des déchets industriels dangereux, 100 % des déchets solides et 60 % des déchets de construction et de démolition des décharges d'ici à 2035. Les seuls types de déchets non traités par son mandat sont ceux créés par l'énergie militaire et nucléaire, tous deux gérés par des organismes spécialisés.
Le modèle d'économie circulaire ouvre d'immenses possibilités, que ce soit en termes de produits, de création d'énergie ou de services, qui peuvent apporter une contribution majeure à la diversification de l'économie saoudienne, loin du pétrole et de ses dérivés, conformément à la stratégie de réformes des objectifs de la Vision 2030 du Royaume.
L'Arabie saoudite a l’intention d’investir près de 24 milliards de riyals saoudiens (1 riyal saoudien = 0,24 euro) dans le recyclage des déchets d'ici à 2035, dans le cadre de ses efforts pour adopter un système de gestion des déchets plus durable. Le Royaume investira quelque 1,3 milliard de riyals dans les déchets de construction et de démolition et près de 900 millions de riyals dans les déchets industriels. Les investissements dans les déchets solides municipaux dépasseront 20 milliards de riyals, tandis que les investissements dans les autres types de déchets s'élèveront à plus de 1,6 milliard.
Il existe plusieurs façons de créer de la valeur dans une économie circulaire. L'une d'entre elles est la «valorisation énergétique des déchets», qui consiste à sécher et à incinérer les déchets, les eaux usées brutes et les boues industrielles pour alimenter des turbines à vapeur.

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Des volontaires en Arabie saoudite nettoient les plages de leurs déchets pour empêcher leur retour dans les eaux. (Fourni/Journée mondiale du nettoyage)

La combustion des déchets produit du dioxyde de carbone (CO2), mais les laisser se décomposer dans les décharges entraîne vingt à quarante fois plus d'émissions de gaz à effet de serre, sous forme de méthane, sur une période de plusieurs années.
Sans surprise, le concept de l'économie circulaire fait son chemin. En 2020, alors que l'Arabie saoudite assurait la présidence du Groupe des vingt (G20), le Royaume proposait aux alliés le concept d'une économie circulaire du carbone comme moyen d'atténuer l'accumulation de carbone dans l'atmosphère.
Mais un modèle d'économie circulaire ne peut réussir sans la participation active des grandes entreprises, des petits entrepreneurs et du grand public.
Les experts indiquent que la construction d'installations de recyclage dans le Royaume n'est qu'une partie de la solution; elle doit aller de pair avec des efforts pour inculquer à la population saoudienne une culture du recyclage domestique et de la consommation responsable.
«Nous devons investir dans l'infrastructure mais, également, créer des programmes de sensibilisation», a déclaré Ziyad al-Shiha, PDG de la Sirc, à Arab News en octobre. «Une fois que nous aurons atteint 25 à 35 % de recyclage, nous pourrons dire au public: “Regardez, c’est votre effort et c’est le résultat que nous vous offrons”.»

Chronologie des progrès environnementaux saoudiens

2016: Lancement de Saudi Vision 2030.
2017: Annonce du Programme national des énergies renouvelables.

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2018: Lancement de la Stratégie nationale de l'environnement.
2019: L'Arabie saoudite rejoint l'Alliance solaire internationale.

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2020: Lancement du Fonds environnemental.
27 mars 2021: Lancement de Saudi Green Initiative et Middle East Green Initiative.
16 septembre 2021: Les îles Farasan sont ajoutées au Réseau mondial des réserves de biosphère de l'Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

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23 octobre 2021: L'Arabie saoudite annonce l'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici à 2060.
23 octobre 2021: L'Arabie saoudite rejoint le Global Methane Pledge.

Des progrès ont déjà été réalisés dans la promotion d'un comportement respectueux de l'environnement à l’échelle communautaire. Les autoroutes saoudiennes sont mieux entretenues qu'avant. Même dans les villes, les égouts ne sont plus obstrués par les mégots de cigarettes, les mouchoirs en papier, les gobelets en papier et les emballages alimentaires jetés.
Ces améliorations résultent en partie de l'introduction de sanctions; le ministère des Affaires municipales et rurales et du Logement peut désormais imposer des amendes de 133 dollars (1 dollar = 0,90 euro) à quiconque est surpris en train de jeter ou de cracher dans un lieu public.
Mais les préoccupations environnementales et l'intérêt du public pour le recyclage et la réduction des déchets ménagers ont également nettement augmenté, grâce aux campagnes menées par des groupes de la société civile.
L'un de ces groupes, Mawakeb Alajer, s’efforce depuis dix-sept ans d’encourager le recyclage à Djeddah en fournissant des installations de tri où le public peut déposer un large éventail de produits recyclables, allant des déchets de papier et de plastique aux meubles indésirables et même aux vieilles robes de mariée.
«En tant que magasin de seconde main, nous encourageons les gens à donner ce dont ils n'ont plus besoin à des œuvres caritatives, ce qui aide à protéger l'environnement en réduisant les déchets», déclare Sara Alfadl, porte-parole de Mawakeb Alajer, à Arab News.
«Nous sommes convaincus que chacun joue un rôle dans la communauté et nous fournissons un service dont tout le monde peut bénéficier. Nous trions tout ce que nous recevons. Cela prend beaucoup de temps, nécessite beaucoup de main-d'œuvre et c’est difficile. Heureusement, la plupart des articles que nous recevons, qu'il s'agisse de vêtements ou de déchets recyclables, sont en bon état.»
En coopération avec des entreprises locales, des chargements de camions de matériaux recyclables sont apportés à l'installation de Mawakeb Alajer où ils sont triés puis vendus, donnés ou envoyés pour être réutilisés ou recyclés. Avec ce processus, le groupe contribue à changer progressivement les attitudes du public.
«La prise de conscience en est encore à ses balbutiements mais elle se développe néanmoins», souligne Sara Alfadl.
Les écoles ont commencé à jouer un rôle important pour changer la mentalité de la prochaine génération, en adoptant des projets de «culture environnementale» qui donnent aux élèves la possibilité d'apprendre en participant à des programmes de recyclage et à des projets scientifiques en milieu scolaire.

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Le maire saoudien rend hommage à l'expatrié britannique Neil Walker, pour ses vingt-sept ans de nettoyage des plages qui ont inspiré des initiatives environnementales créatives à Al-Khobar. (Fourni)

De leur côté, de nombreuses entreprises saoudiennes s'adaptent au modèle de l’économie circulaire, conformément aux objectifs de développement durable poursuivis par le Royaume.
Mona Alothman, cofondatrice de Naqaa, un fournisseur local de solutions de durabilité environnementale interentreprises, déclare que de nombreuses entreprises intègrent désormais le recyclage et la réduction des déchets dans leurs modèles commerciaux.
«Ce n'est pas qu'une phase», précise-t-elle à Arab News. «De nombreuses entreprises saoudiennes adoptent des moyens ingénieux pour réduire, réutiliser et recycler leurs fournitures de bureau et mieux gérer leurs déchets, entre autres.»
«Énormément de choses ont changé ces dernières années. La réglementation est devenue plus stricte afin de respecter les normes internationales. La philosophie de base de notre entreprise tourne autour de la durabilité, et le recyclage en fait partie.»
«Les entreprises d'aujourd'hui ne se contentent pas d’appliquer nos solutions recommandées pour les déchets d’entreprises, mais elles initient également des campagnes pour promouvoir et encourager les gens à être plus conscients de la façon dont ils jettent leurs déchets.»
Cette stratégie à plusieurs volets, englobant l'éducation, des programmes caritatifs, des règles et des sanctions plus strictes, encourage les établissements commerciaux du Royaume à adopter des pratiques respectueuses de l'environnement et les communautés à réfléchir davantage aux effets du mode de vie sur l'environnement.
Sara Alfadl et ses collègues de Mawakeb Alajer estiment que les Saoudiens peuvent faire beaucoup pour encourager leurs employeurs, leurs voisins et les autorités locales à mettre en œuvre des pratiques plus respectueuses de l'environnement dans les foyers et les lieux de travail.
«Je pense que le recyclage va se développer rapidement ici en Arabie saoudite», déclare Sara Alfadl. «Avec une prise de conscience croissante, ce qui était autrefois un projet ou une initiative à court terme est devenu une nécessité.»
«Notre vision a toujours été globale. Lorsque les employés se joignent à la démarche de développement durable avec leurs actions, d'autres feront rapidement de même et créeront une communauté de personnes qui suivent l’exemple.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
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  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.