Le nouveau déploiement turc à Idlib braque les projecteurs sur la Syrie

Un combattant rebelle syrien monte la garde à l’ouest de Tal Abyad dans la province de Raqqa, le long de la ligne de front avec les forces syriennes kurdes. (AFP)
Un combattant rebelle syrien monte la garde à l’ouest de Tal Abyad dans la province de Raqqa, le long de la ligne de front avec les forces syriennes kurdes. (AFP)
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Publié le Dimanche 04 octobre 2020

Le nouveau déploiement turc à Idlib braque les projecteurs sur la Syrie

  • De quelle manière le nouveau renforcement militaire de la Turquie sera-t-il envisagé par Moscou ?
  • Conduira-t-il à de nouvelles concessions entre les deux pays, qui soutiennent des camps opposés dans la guerre civile syrienne ?

IDLIB : En dépit des affirmations selon lesquelles le Caucase du Sud est la nouvelle zone litigieuse pour la Turquie et la Russie, les renforcements militaires récents en Syrie indiquent que l’équilibre dans la province est toujours fragile et pourrait provoquer une crise régionale.

Vendredi, un convoi militaire turc, constitué de plus de 25 véhicules et camions blindés transportant du matériel logistique, est entré dans la province d’Idlib au nord-ouest afin de renforcer les zones militaires turques dans la région.

La manière dont le nouveau renforcement militaire de la Turquie sera envisagé par Moscou, ou s’il conduira à de nouvelles concessions entre les deux pays, qui soutiennent des camps opposés dans la guerre civile syrienne, restent une source de préoccupation.

Selon Navvar Saban, analyste miliaire au Centre Omran d’études stratégiques à Istanbul, ce renforcement militaire risque de perturber la Russie car le Kremlin s’attend à ce que la Turquie réduise sa présence militaire en Syrie, principalement au sud de l’autoroute M4 parallèle à la frontière turco-syrienne.

Autour de l'autoroute M4

« La Russie a commencé à autoriser le régime à mobiliser certaines de ses forces au sud de l’autoroute M4. Il n’y aura pas de grande confrontation militaire, mais il pourrait y avoir quelques tirs d’artillerie venant du régime contre les forces turques », dit-il à Arab News.

Le nombre de véhicules militaires turcs dans la région aurait dépassé 9 750 au cours des sept derniers mois.

La Russie refuse de mener de nouvelles patrouilles conjointes tant que l’instabilité règne dans la région.

Le dernier exercice militaire conjoint des troupes turques et syriennes a récemment eu lieu à Idlib le 21 septembre.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov a annoncé le 22 septembre que les deux pays reprendront leurs patrouilles conjointes au nord de la Syrie lorsque la situation se stabilisera après les attaques de Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) sur la base aérienne russe de Hmeimim.

Kyle Orton, chercheur sur la Syrie basé au Royaume-Uni, affirme que le renforcement militaire de la Turquie à Idleb indique qu’Ankara ne soumettra pas les parties restantes de la province.

« La Turquie a cédé plus de territoire que prévu et certainement plus que ce que nombre de ses alliés syriens espéraient. Mais le gouvernement turc a une véritable ligne rouge : il a besoin d'une zone tampon pour garder les terroristes et les réfugiés hors de Turquie », explique-t-il.

Il considère cela comme une réponse de la Turquie aux signes récents de Damas et de l’Iran qu’une autre offensive se prépare à Idleb, indiquant qu’Ankara résistera à une telle action.

« Il est peu probable que les Russes soient trop alarmés par les actions de la Turquie ; Moscou se contente de quitter la Turquie avec Idleb, mais elle ne peut pas contrôler le système Assad et le système iranien, qui a pour objectif ultime la reconquête de chaque recoin de la Syrie », ajoute-t-il.

Par ailleurs, la présidence turque a soumis une motion au parlement le 1er octobre pour étendre son autorité dans le but de lancer des opérations militaires transfrontalières au nord de l’Irak et de la Syrie jusqu’au 30 octobre 2021. La motion souligne les « responsabilités sécuritaires » continues de la Turquie au nord de la Syrie, à l’est de l’Euphrate et dans la province d’Idleb.

Selon Ruwan Al-Rejoleh, analyste indépendante à Washington, DC, une « nouvelle opération » à Idlib, le dernier bastion rebelle, a toujours été évoquée.
« Tous les acteurs l'avaient anticipée, s'y préparaient et en faisaient la promotion de temps en temps, mais les conditions de la pandémie l'ont reportée. La Russie a intérêt à contrôler toute l'autoroute M4 », déclare Mme Al-Rejoleh.

Les forces du régime et les avions de combat russes ont récemment intensifié leurs attaques contre le HTS et d'autres groupes terroristes dans la province d'Idlib par de lourds bombardements.
L'accord de mars négocié entre la Russie et la Turquie exigeait la création d'un couloir de sécurité autour de l'autoroute M4, nettoyant la zone des éléments radicaux et effectuant des patrouilles conjointes pour servir de zone tampon entre les forces du régime et les rebelles.

Lors d’une visioconférence samedi, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la « Turquie éliminera les zones terroristes en Syrie si les autres ne tiennent pas leur promesse ».

D’après Mme Al-Rejoleh, le problème réside dans l’identification des groupes terroristes turcs et russes.

« Bien que la Turquie considère l’existence d'entités armées séparées opérant dans le nord-est de la Syrie, telles que les Unités de protection du peuple (YPG) qui sont liées au Parti interdit des travailleurs du Kurdistan (PKK), comme la menace immédiate à ses frontières, la priorité de la Russie est de se débarrasser de HTS, un groupe internationalement reconnu comme terroriste, et d'autres groupes armés d'opposition syriens qui ont des liens avec la Turquie soit par le biais d'un soutien direct, soit par les canaux de renseignement turcs », explique-t-elle.

Sur le front syrien, ajoute Mme Al-Rejoleh, la Turquie et la Russie sont susceptibles de parvenir à un accord sur d'éventuelles concessions, où la Turquie renoncera « de nouveau » au contrôle de certaines parties d'Idlib en échange d'un soulagement des pressions dans d'autres zones de conflit ou potentiellement à l'élimination de certains chiffres affiliés au PKK et une garantie pour empêcher toute nouvelle vague de réfugiés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.