Opposer pro et antivaccins: un «clivage électoral décisif» voulu par Macron?

Le président sortant surfe sur une large adhésion de la population à sa gestion de la pandémie. (Photo, AFP)
Le président sortant surfe sur une large adhésion de la population à sa gestion de la pandémie. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 31 janvier 2022

Opposer pro et antivaccins: un «clivage électoral décisif» voulu par Macron?

  • Macron, qui ne s'est pas encore déclaré candidat, a délibérément stigmatisé les non-vaccinés
  • Sur la vaccination, le président français Emmanuel Macron prend un risque très calculé

PARIS : Le président français Emmanuel Macron, qui affiche sa volonté d'exercer une pression maximale sur les récalcitrants à la vaccination, joue sur du velours en pleine crise sanitaire, mais reste à la merci d'un retournement de l'opinion, selon des analystes.

Alors que la France a enregistré plus de sept millions de nouvelles contaminations à la Covid-19 depuis le début de l'année, le pass vaccinal, obligatoire pour aller au restaurant ou prendre le train, est entré en vigueur le 24 janvier, après des manifestations drainant quelques dizaines de milliers de protestataires à travers le pays. 

Considéré comme largement favori à sa propre succession, avec près de 25 % d'intentions de vote au premier tour, M. Macron, qui ne s'est pas encore déclaré candidat, a délibérément stigmatisé les non-vaccinés, confiant dans un entretien au quotidien Le Parisien au début du mois avoir "très envie de les emmerder" pour les amener à résipiscence.

Pour le politiste italien Giuliano da Empoli, "Emmanuel Macron fait de l'opposition entre pro et antivaccins le clivage politique décisif de l'élection présidentielle".

Le résultat, écrit dans une tribune publiée par le journal Le Monde M. da Empoli, qui a été conseiller de l'ex-chef du gouvernement italien Matteo Renzi, est de "polariser le champ politique en identifiant les candidats les plus extrêmes comme seuls adversaires et en affaiblissant toutes les figures intermédiaires, au premier rang desquelles la candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse".

"La stratégie de Macron c'est de consolider sa base électorale", observe Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l'Université de Lille (Nord).

Stratégie pour l'instant payante puisque son socle électoral semble se "solidifier" : 78% des électeurs ayant l'intention de voter pour lui se déclarent "sûrs de leur choix", en hausse de 6 points depuis début janvier, selon un sondage BVA publié vendredi.

"Le coeur de son électorat, c'est un électorat diplômé, assez aisé et qui est très hostile au côté un peu +irrationnel+, ou du moins perçu comme tel, des antivax, donc il apparaît comme le camp de la raison face à l'obscurantisme, le complotisme, etc", explique Rémi Lefebvre.

"Le risque c'est de mobiliser les antivax, mais on en trouve dans l'électorat LFI, dans l'électorat Zemmour, dans l'électorat Le Pen", ajoute-t-il, en référence à La France insoumise (LFI) du candidat de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, et des deux représentants de l'extrême droite, "donc on ne peut pas dire que ça va favoriser un camp contre lui".

«Cocotte-minute»

Dans l'ensemble, le président sortant surfe sur une large adhésion de la population à sa gestion de la pandémie, même si elle "crée chez une toute petite partie des Français une vraie colère, sur les extrêmes, dans les comportements, avec des agressions de députés", remarque Emile Leclerc, directeur de recherche à l'institut de sondages Odoxa.

"Cette crise d'une certaine manière c'est comme une cocotte-minute : tant qu'elle est bien couverte, tout se passe bien, et puis du jour au lendemain, si vous ouvrez un peu la cocotte, ça peut exploser", prévient-il, décelant de premiers signes préoccupants pour M. Macron.

Dans les dernier baromètres politiques, il perd 5 ou 6 points par rapport à décembre, "c'est la première fois depuis neuf mois qu'il passe sous la barre des 40 %", souligne Emile Leclerc.

Dans un récent éditorial, le quotidien L'Opinion pointait le risque politique du "croisement de deux courbes, une première, ascendante, qui introduit de nouvelles restrictions à l'encontre des non-vaccinés, cible assumée du chef de l'Etat", et une seconde, descendante in fine, des contaminations. 

"Entre la réalité et la perception qu'ils en ont, il suffit d'un rien pour que dans l'esprit des Français, et donc des électeurs, l'image d'Emmanuel Macron passe de celle d'un président protecteur tenant bon la barre dans cette crise à rallonge, à celle d'enquiquineur en chef instaurant un tour de vis ne se justifiant pas totalement", selon le journal.

Giuliano da Empoli s'interroge sur les conséquences à terme de "l'adoption d'un style populiste par les leaders modérés". Selon lui, l'exemple italien montre qu'"utiliser les armes du populisme contre les populistes ne contribue finalement qu'à renforcer l'emprise de ces derniers".

Pour Rémi Lefebvre, "il y a une stratégie de cynisme, de polarisation, c'est totalement assumé" de la part du président sortant, quitte à affaiblir ainsi sa légitimité pour un second mandat. "Macron pense d'abord à la manière de gagner, ce qui serait quand même un exploit", rappelle-t-il, puisque aucun de ses prédécesseurs n'a été réélu au suffrage universel hors cohabitation.


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

Short Url
  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

Short Url
  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.