BAGDAD : Six roquettes ont été tirées vendredi sur l'aéroport international de Bagdad, sans faire de victimes mais endommageant deux avions de ligne vides, la dernière en date d'une série d'attaques généralement imputées par Washington à des factions irakiennes pro-Iran.
Jamais revendiqués, des tirs de roquettes ou des drones piégés visent régulièrement les intérêts américains et les troupes de la coalition internationale antijihadistes en Irak, où des groupes armés pro-Iran réclament le départ des soldats américains.
Le 9 décembre, l'Irak avait annoncé la "fin de la mission de combat" de la coalition, qui conserve toutefois ses effectifs sur le sol irakien pour poursuivre un rôle de formation et de conseil. Quelque 2.500 militaires américains et un millier de soldats de pays membres de la coalition sont toujours stationnés sur trois bases tenues par les forces irakiennes.
La vague d'attaques s'est intensifiée depuis le début de l'année, alors que l'Iran et plusieurs groupes alliés dans la région ont marqué le deuxième anniversaire de la mort du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, tués par un tir de drone américain en Irak le 3 janvier 2020.
Vendredi, six roquettes de type Katioucha sont tombées à l'aube sur des aires de stationnement ou des pistes de l'aéroport.
Les projectiles ont causé des "dégâts importants sur une des pistes et à deux avions civils", a indiqué l'Autorité de l'aviation civile dans un communiqué, sans plus de détails.
Un des avions endommagés, un Boeing 767, appartient à la compagnie publique irakienne Iraqi Airways, selon une source à l'aéroport.
La compagnie a posté sur les réseaux sociaux des photos de cet appareil, un trou béant près du cockpit. Elle a assuré que cet avion était déjà "hors service", tout en précisant que les vols de la compagnie n'allaient pas être affectés.
Les forces de sécurité ont par ailleurs annoncé avoir retrouvé un lance-roquette où se trouvaient trois missiles dans la région d'Abou Ghraib, à l'ouest de la capitale, indiquant dans leur communiqué avoir "des pistes sérieuses" pour retrouver les coupables.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat et il était difficile d'en identifier la cible.
Contexte politique tendu
Ces dernières semaines, des attaques au modus operandi similaires ont visé notamment un centre diplomatique américain à l'aéroport de Bagdad mais aussi des troupes de la coalition internationale antijihadistes, dirigée par Washington.
Le 3 janvier, les militaires américains avaient abattu deux drones piégés visant la coalition à l'aéroport, selon une source de la coalition.
Les drones visaient un "Centre de soutien diplomatique", rattaché à l'ambassade américaine, et qui abrite du personnel de la coalition ainsi que "des prestataires et du personnel civil".
Le 13 janvier, trois personnes parmi lesquelles deux enfants ont été blessées par une roquette qui s'est abattue sur une école située dans la "Zone verte", un secteur ultrasécurité à Bagdad où sont notamment situées l'ambassade américaine et plusieurs ministères. Au même moment deux autres roquettes sont tombées dans le complexe de l'ambassade américaine, sans faire de blessé.
Ces attaques sont systématiquement imputées par les Etats-Unis aux factions irakiennes pro-Iran, qui réclament le départ de toutes les troupes américaines déployées en Irak, dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe Etat islamique (EI).
Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, a condamné dans un communiqué l'attaque de vendredi y voyant "une nouvelle tentative de saper la réputation de l'Irak que nous nous sommes efforcés de restaurer à l'échelle régionale et internationale" mais aussi une manière de "mettre doute la situation (du pays) en matière de sécurité".
L'incident intervient aussi dans un contexte post-électoral tendu, marqué par des tractations interminables pour former une coalition parlementaire, désigner un Premier ministre et nommer un nouveau gouvernement.
Trois roquettes sont ainsi tombées mardi près de la maison à l'ouest de Bagdad du président du Parlement irakien Mohammed al-Halboussi, reconduit à ce poste pour un deuxième mandat.