Des palais empreints d’Histoire pour accueillir les visiteurs en Arabie saoudite

Le palais Al-Hamra, le palais Tuwaiq et le palais Rouge en Arabie saoudite seront transformés en luxueux hôtels. Des projets similaires pour les palais Khuzam et Al-Saqqaf sont à l’étude. (Photo fournie)
Le palais Al-Hamra, le palais Tuwaiq et le palais Rouge en Arabie saoudite seront transformés en luxueux hôtels. Des projets similaires pour les palais Khuzam et Al-Saqqaf sont à l’étude. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 26 janvier 2022

Des palais empreints d’Histoire pour accueillir les visiteurs en Arabie saoudite

  • La première phase du projet se concentre sur le développement de deux destinations historiques: le palais Al-Hamra à Djeddah, le palais Tuwaiq et le palais Rouge à Riyad
  • Le lancement de Boutique Group est un tournant qui permettra au monde entier de découvrir et d’apprécier le patrimoine et les trésors culturels de l’Arabie saoudite

LA MECQUE/RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a récemment annoncé le lancement de Boutique Group, qui prévoit de transformer un grand nombre de palais d’importance historique et culturelle en Arabie saoudite en hôtels de luxe.

Cette décision s’inscrit dans le cadre des efforts visant à présenter aux visiteurs nationaux et étrangers le riche patrimoine et la culture dynamique du Royaume, ainsi que l’hospitalité pour laquelle le pays est réputé. La première phase du projet se concentre sur le développement de deux destinations historiques: le palais Al-Hamra à Djeddah, le palais Tuwaiq et le palais Rouge à Riyad.

Le palais Al-Hamra

Le palais Al-Hamra est l’un des plus importants de l’ère moderne d’un point de vue historique, selon Saleh al-Misnad al-Tamimi, chercheur en Histoire saoudienne contemporaine.

Inspiré de la culture et du style andalous, il a été construit sous le règne du roi Saoud ben Abdelaziz pour le prince Faisal ben Abdelaziz, mais il n’était pas destiné à accueillir des réceptions officielles et des conférences.

Le palais, situé au nord de l’ambassade des États-Unis, était relativement petit lors de sa construction vers la fin des années 1950, déclare M. Al-Tamimi à Arab News. Il a ensuite été agrandi et transformé en un lieu d’accueil des invités royaux et de réunions officielles.
Selon M. Al-Tamimi, le bureau du prince se trouvait du côté sud du bâtiment et donnait directement sur la mosquée du palais. Les employés du palais transmettaient les demandes et les plaintes des citoyens au prince dans son bureau, près de la salle de réception.

Le palais a accueilli de nombreux événements importants, précise M. Al-Tamimi, notamment la première conférence des ministres des Affaires étrangères des pays islamiques en mars 1970, qui a abouti à la formation du Secrétariat général de l’Organisation de la conférence islamique, désormais connue sous le nom d’«Organisation de la coopération islamique» (OCI).

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Inspiré de la culture et du style andalous, le palais Al-Hamra a été construit sous le règne du roi Saoud ben Abdelaziz pour le prince Faisal ben Abdelaziz. (Photo fournie)

Parmi les nombreux dirigeants et chefs d’État étrangers qui ont rencontré le roi Faisal au palais, on compte le président américain, Richard Nixon; le président égyptien, Anouar el-Sadate; le président libanais, Sleiman Frangié et le président soudanais, Jaafar Nimeiry. Le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, était une rare exception et il a plutôt été reçu dans la Cour royale du palais Khuzam.

Le palais Al-Hamra a été construit par l’entreprise Arab Engineering Company, qui avait réalisé de nombreuses structures similaires à Djeddah, notamment celles appartenant au prince Nawaf ben Abdelaziz et au politicien, économiste et poète, Mohammed Suroor Sabban.

À la suite des travaux de développement que Boutique Group entreprendra, le palais Al-Hamra comptera 77 chambres, dont 33 suites et 44 villas de luxe.

Mohammed H. al-Ruwaili, du centre culturel Al-Sudairy à Jouf, a décrit le lancement de Boutique Group comme un tournant civilisationnel, historique et d’investissement culturel, qui permettra au monde entier de découvrir et d’apprécier le patrimoine et les trésors culturels de l’Arabie saoudite.

Il indique que le projet mise sur le patrimoine saoudien représenté par les luxueux palais nichés dans la nature et autrefois propriété des rois et des princes, en les transformant en attractions touristiques dont les visiteurs du monde entier pourront profiter.

Grâce à leurs cours, jardins et sols attrayants, ils pourront être transformés en hôtels de luxe de classe mondiale, richement décorés et aux conceptions architecturales inégalées, précise-t-il à Arab News.

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Le palais, situé au nord de l’ambassade des États-Unis, était relativement petit lors de sa construction vers la fin des années 1950. (Photo fournie)

«Je pense que nous sommes à la veille d’un changement qualitatif important dans la mise en valeur de destinations historiques et culturelles de notre pays», indique M. Al-Ruwaili, en faisant allusion à la première phase du projet de Boutique Group.

«L’annonce faite par le prince héritier est historique puisqu’elle sera probablement suivie d’étapes importantes dont bénéficieront les citoyens saoudiens.»

Abdallah Almounif, doyen de la faculté de tourisme et d’antiquités de la King Saud University, a également salué l’annonce, affirmant que le projet assurera la restauration et la préservation des sites historiques en les transformant en destinations touristiques privilégiées.

«C’est une initiative importante pour le Royaume. Elle est comparable à celle de l’Europe, où de nombreux palais célèbres ont fait l’objet de projets de restauration et de préservation», souligne-t-il.

Le palais Rouge

Le roi Abdelaziz a ordonné la construction du palais Rouge à Riyad en 1942 pour servir de résidence à son fils, Saoud, qui était alors le prince héritier. Les invités officiels y étaient également reçus.

Lorsque le roi Saoud a emménagé dans son palais de Nasiriya en 1956, le palais Rouge est devenu le siège du Conseil des ministres sous les règnes des rois Faisal, Khaled et Fahd, avant de devenir le siège du Conseil des doléances.

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Après les travaux de rénovation, le palais Rouge comptera 71 chambres, dont 46 suites et 25 chambres luxueuses. (Photo fournie)

On le surnomme «palais Rouge» en raison de la couleur particulière de son extérieur. Parmi les invités de marque accueillis au palais, on compte les présidents égyptiens Nasser et El-Sadate; le président syrien, Choukri al-Kouatli; le Premier ministre indien, Jawaharlal Nehru et le roi Talal ben Abdallah de Jordanie.

Le palais se compose de 16 suites et chambres équipées de climatiseurs, de ventilateurs de plafond et d’un système qui permet à la lumière du soleil d’éclairer l’intérieur du palais. Après rénovation, le palais comptera 71 chambres, dont 46 suites et 25 chambres luxueuses.

Le palais Tuwaiq

Le palais Tuwaiq est situé dans le quartier diplomatique de Riyad et il couvre une superficie de quelque 24 000 mètres carrés. Conçu en 1981 et achevé en 1985, il a reçu le Prix Aga Khan d’architecture en 1998.

Le palais est désormais un centre d’activités culturelles, de conférences, de séminaires, d’expositions spécialisées et d’activités sociales. Il accueille également des ateliers de formation, des festivals ainsi que des réunions.

Il comprend plusieurs salles, des installations publiques et des espaces d’accueil derrière un long mur ondulé recouvert de pierres de Riyad – du calcaire de couleur beige.

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Conçu en 1981 et achevé en 1985, le palais Tuwaiq a reçu le Prix Aga Khan d’architecture en 1998. (Photo fournie)

Il dispose également d’une maison d’hôtes de 3 étages surplombant la vallée, avec 4 suites et 25 chambres.

Il existe plusieurs salles de réception et amphithéâtres, tous équipés de dispositifs de présentation et de traduction, en plus de salles à manger entre autres services d’accueil.

Trois auvents blancs s’étendent le long des salles principales, dont les murs de verre offrent une vue à couper le souffle sur la vallée environnante, les jardins et les sentiers extérieurs. Après les travaux de rénovation, le palais comprendra 96 chambres, dont 40 suites et 56 villas de luxe.

Le palais Khuzam

Bien qu’il ne soit actuellement pas inclus dans le plan de réaménagement, le palais Khuzam a un grand potentiel pour devenir un luxueux hôtel. Situé dans la région d’Al-Nazla al-Yamaniya, au sud-est de la ville historique de Djeddah, le palais doit son nom aux tulipes Khuzam qui poussent en abondance sur son sol. La construction a commencé en 1928 et s’est achevée en 1932.

«Le palais a été construit en briques de pierre et son toit en bois javanais», précise M. Al-Tamimi. «Près de trois ans plus tard, la Compagnie nationale égyptienne y a construit des annexes en béton armé, dont le palais que le roi Abdelaziz utilisait pour recevoir les rois, les chefs d’État, les ministres, les ambassadeurs et les hauts fonctionnaires», ajoute-t-il.

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Situé dans la région d’Al-Nazla al-Yamaniya, au sud-est de la ville historique de Djeddah, le palais doit son nom aux tulipes Khuzam qui poussent en abondance sur son sol. (Photo fournie)

Selon M. Al-Tamimi, le palais Khuzam est le lieu où l’accord de concession permettant l’exploitation pétrolière a été signé entre le gouvernement saoudien, représenté par le ministre des Finances, cheikh Abdallah ben Souleimane, et la société Standard Oil of California, représentée par Lloyd Hamilton, le 29 mai 1933.

Le palais a également accueilli les cérémonies de signature d’un accord frontalier avec le Koweït et d’un mémorandum avec l’Égypte concernant des projets de construction, toujours selon M. Al-Tamimi. D’autres événements notables s’y sont tenus, notamment le renouvellement du traité de Djeddah avec le gouvernement britannique en 1943, la signature de l’accord sur l’aérodrome de Dhahran avec les États-Unis, un accord commercial avec la Syrie et un traité d’amitié avec le Pakistan.

Le palais revêtait, tout au long de l’Histoire du Royaume, une importance primordiale, au point que ses emblématiques portes principales figuraient autrefois sur les billets de banque saoudiens.

Le palais Al-Saqqaf

Le palais Al-Saqqaf, également connu sous le nom de «palais royal d’Al-Bayyadiyah», est situé dans la Ville sainte de La Mecque. Il devrait être inclus dans la phase suivante du projet de Boutique Group, car il fait actuellement l’objet de travaux de restauration.

«Le palais est une référence dans le domaine de l’art architectural et l’un des plus anciens bâtiments archéologiques», déclare Samir Ahmed Barqa, chercheur en Histoire de La Mecque, à Arab News.

«Il représente des conceptions architecturales patrimoniales. Il est empreint du style architectural islamique, car il abrite beaucoup d’art et de décorations islamiques. Il a également accueilli de nombreux événements de haut niveau tout au long d’une ère royale qui remonte au premier État saoudien.»

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Le palais Al-Saqqaf, également connu sous le nom de «palais royal d’Al-Bayyadiyah», est situé dans la ville sainte de La Mecque. (Photo fournie)

Le site se compose de deux palais plus anciens, Al-Bayyadiyah al-Shamali et Al-Bayyadiyah al-Janoubi, combinés avec un palais plus récent construit par le roi Abdelaziz, qui y a vécu à partir de 1924.

«Le palais est devenu le siège du gouvernement lorsque le roi fondateur est venu à La Mecque», déclare M. Barqa. «Après cela, le palais a servi de siège à l’adjoint du roi Abdelaziz à Hijaz, son fils, le prince Faisal, avant de devenir le siège de la Ligue islamique mondiale, puis le quartier général de la police de La Mecque», poursuit-il.

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Le roi Abdelaziz a ordonné la construction de plusieurs salles pour accueillir les présidents, rois et autres dignitaires en visite, ainsi que les chefs des missions du Hajj. (Photo fournie)

Le roi Abdelaziz a ordonné la construction de plusieurs salles pour accueillir les présidents, rois et autres dignitaires en visite, ainsi que les chefs des missions du Hajj. Le palais est devenu le siège de la Cour royale en 1953, puis celui de plusieurs ministères entre 1960 et 1982.

Il comprend plus de 100 chambres, dont une salle de réunion centrale. L’entrée principale se distingue par sa splendeur.

S’il est inclus dans le projet de Boutique Group, il deviendra sans aucun doute une attraction importante pour les touristes religieux visitant La Mecque, fascinés par le patrimoine du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Gray fait son grand retour à Beyrouth : symbole d’espoir et de renouveau

Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
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  • Cinq ans après l’explosion du port, Le Gray rouvre ses portes en novembre 2025, devenant un symbole fort de relance pour le centre-ville de Beyrouth et l’hospitalité libanaise
  • Sous la direction de Charles Akl et du chef étoilé Alan Geaam, l’hôtel incarne l’alliance du luxe, de la mémoire et du renouveau culturel, gastronomique et économique de la capitale

BEYROUTH: Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la fermeture qui s’en est suivie, l’hôtel Le Gray s’apprête à rouvrir ses portes en novembre 2025, marquant un tournant symbolique pour la capitale libanaise. Situé sur la place des Martyrs, au cœur du centre-ville, cet établissement iconique, membre du réseau Leading Hotels of the World (LHW) retrouve son éclat d’antan et incarne l’espoir d’un renouveau pour l’hospitalité et la culture libanaises.

Un nouveau souffle pour Beyrouth

La réouverture de Le Gray intervient dans un contexte d’effort de relance économique. Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement en janvier 2025, le Liban semble s’engager dans une phase de stabilisation et de redressement. L’ouverture des Beirut Souks plus tôt en octobre a déjà insufflé un vent d’optimisme dans une ville meurtrie, encore marquée par les séquelles de la guerre de 2024.

« C’est un retour à la vie et une réaffirmation de notre engagement envers Beyrouth, » déclare Charles Akl, directeur général de Le Gray.

« Le Gray a toujours été plus qu’un hôtel : c’est un symbole, un lieu de rencontre, une part de l’âme de la ville. Aujourd’hui, il revient pour redonner espoir et dynamisme au centre-ville. »

La gastronomie au cœur du renouveau

Symbole fort de ce retour : la cuisine. Le chef franco-libanais Alan Geaam, seul chef libanais étoilé au Guide Michelin, prend les commandes des restaurants de l'hôtel. Après vingt-sept ans en France, il signe ici un retour aux sources empreint d’émotion et d’ambition.

« Mon objectif est de porter encore plus haut le nom du Liban sur la scène gastronomique internationale, » confie le chef. « C’est un honneur de revenir à Beyrouth, de former de jeunes talents et de faire rayonner notre cuisine. »

Alan Geaam introduit à cette occasion Qasti Beyrouth, déclinaison locale de son restaurant emblématique présent à Paris et dans d’autres grandes villes, ainsi que Padam, une adresse signature au sein de l’hôtel.

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Qasti Beyrouth : la cuisine d’Alan Geaam au cœur de Le Gray. (Photo: ANFR)

Une redécouverte d’un joyau urbain

À l’occasion du pre-opening de l’hôtel, un groupe de journalistes a été invité à redécouvrir les lieux. L’expérience a été décrite comme un moment d’émotion et de redécouverte, dans un cadre où se mêlent raffinement, art et mémoire.

Avec plus de 100 chambres et suites repensées sous la direction artistique de l’architecte Galal Mahmoud, l’hôtel allie élégance contemporaine et références subtiles à l’histoire et à la culture libanaises. Plus de 600 œuvres d’art ornent les espaces communs et les chambres, transformant l’hôtel en véritable galerie.

Le Gray propose également des espaces événementiels et de conférence modulables, capables d’accueillir aussi bien des événements professionnels que des célébrations privées.

Un lieu au carrefour du passé et de l’avenir

À quelques pas des Beirut Souks, du front de mer et de Zaitouna Bay, Le Gray se trouve à la croisée de l’histoire, de la culture et du renouveau économique. Il se veut désormais moteur du redéploiement touristique du centre-ville.

Pour Charles Akl, cette réouverture dépasse le simple acte économique : « C’est une responsabilité collective : celle de redonner de l’élan à la ville, de raviver les talents, et de réaffirmer la place de Beyrouth sur la carte mondiale de l’hospitalité et de la culture. »

Avec cette réouverture très attendue, Le Gray ne se contente pas de retrouver sa place dans le paysage hôtelier. Il incarne la résilience d’un peuple et la volonté d’un pays de se reconstruire, avec élégance et conviction.


À l’occasion d’octobre rose, une rencontre entre science et bienveillance, à la résidence d’Arabie à Paris

 Fatima Al Ruwaily s’exprimant lors de la rencontre. (Photo Arlette Khouri)
Fatima Al Ruwaily s’exprimant lors de la rencontre. (Photo Arlette Khouri)
 Au milieux des personnes qui ont animées la rencontre. (Photo Arlette Khouri)
Au milieux des personnes qui ont animées la rencontre. (Photo Arlette Khouri)
Octobre rose  Résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris la Résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris. (Photo Arlette Khouri)
Octobre rose Résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris la Résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris. (Photo Arlette Khouri)
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  • Parmi les invitées, la chirurgienne mammaire et endocrinienne à l’hôpital King Faisal, le Dr Wafa Al Khayyal, a pris la parole avec passion. Derrière les chiffres, elle a su mettre des visages, des parcours, des vies
  • Elle a rappelé qu’en Arabie saoudite, le cancer du sein est le plus fréquent de tous les cancers, touchant des femmes souvent plus jeunes qu’en Europe

PARIS: La Résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Paris s’est parée de rose : des guirlandes délicates, des bouquets pastel, des rubans légers semblaient adoucir l’automne et rappeler qu’en ce mois d’Octobre rose, la beauté pouvait aussi être un acte de résistance.

L’épouse de l’ambassadeur, Madame Fatima Al Ruwaily, a voulu cet instant à son image : chaleureux, délicat, tourné vers les autres. Elle a accueilli, avec un sourire attentif, une centaine de femmes venues écouter, partager, s’informer, mais aussi se sentir unies face à un combat qui dépasse toutes les frontières : celui contre le cancer du sein.

Dès les premiers instants, la gravité du sujet s’est trouvée enveloppée d’une tendresse spontanée, grâce aux gestes de l’hôtesse : un mot pour chacune, une main posée avec douceur, une attention portée aux moindres détails rendaient la cause plus humaine encore.

Madame Al Ruwaily a ouvert la rencontre par un mot simple et fort :

« Le cancer du sein est l’ennemi des femmes et de toute l’humanité, et le dépistage est une clé, un geste de vie. »

Elle a rappelé à quel point l’Arabie saoudite, dans le cadre de la Vision 2030, fait de la santé et de la prévention un pilier de son développement, grâce à des programmes nationaux de dépistage gratuit et accessible toute l’année, ainsi qu’à la modernisation rapide des hôpitaux.

Le Royaume – a-t-elle ajouté – se place aujourd’hui parmi les pays les plus actifs dans la lutte contre cette maladie. L’hôpital spécialisé et centre de recherche King Faisal a d’ailleurs été classé premier centre médical universitaire du Moyen-Orient et 20ᵉ au monde.

Parmi les invitées, la chirurgienne mammaire et endocrinienne à l’hôpital King Faisal, le Dr Wafa Al Khayyal, a pris la parole avec passion. Derrière les chiffres, elle a su mettre des visages, des parcours, des vies.

Elle a rappelé qu’en Arabie saoudite, le cancer du sein est le plus fréquent de tous les cancers, touchant des femmes souvent plus jeunes qu’en Europe: « L’âge médian de nos patientes est de 34 ans, soit dix ans de moins qu’en France »,
a-t-elle précisé, soulignant l’importance de la sensibilisation.

Grâce à des campagnes nationales continues, portées par des associations comme la Zahra Breast Cancer Association, la culture du dépistage s’est profondément ancrée dans la société saoudienne.

« Nous avons brisé un tabou », a-t-elle affirmé.

Son propos, empreint de science et de compassion, a ensuite glissé vers une philosophie du soin moderne : celle d’une médecine plus humaine, plus douce, plus intelligente.

« Le cancer du sein n’est pas une condamnation à mort, car aujourd’hui nous savons guérir avec dignité ; nous comprenons la biologie et nous respectons le corps et l’identité de la femme. »

La chirurgie, assure le Dr Al Khayyal,

« n’est plus une mutilation, elle devient une reconstruction de soi. »

Cette nouvelle vision, où la technologie s’allie à la bienveillance, a trouvé un écho particulier dans le silence ému de la salle. Le message de la praticienne est clair : soigner, c’est aussi redonner confiance, beauté et pouvoir.

Ce fil de la reconstruction, le Dr Kim Defremicourt, spécialiste du cancer du sein et de la microchirurgie reconstructrice à la clinique du Parc Monceau, l’a poursuivi avec une précision mêlée de douceur.

Elle a évoqué, avec des mots simples et pédagogiques, les possibilités de reconstruction immédiate ou différée après une mastectomie, et les techniques modernes – du lambeau dorsal au lipofilling – qui redonnent volume, chaleur et, surtout, féminité.

« Ce que nous rendons à nos patientes, c’est plus qu’une forme, c’est une part d’elles-mêmes »,
affirme-t-elle dans une intervention claire, mais surtout apaisante, car
« il ne s’agit plus de science, mais de renaissance. »

Enfin, le Dr Marie Mikayelyan, spécialiste des cancers gynécologiques à l’Hôpital américain de Paris, a replacé le débat dans une perspective plus large de santé publique.

Elle a décrit les facteurs de risque multiples – l’âge, le mode de vie, le surpoids, le tabac, les antécédents familiaux – tout en soulignant la nécessité d’une vigilance accrue.

« Le cancer du sein rajeunit, et nous devons encourager chaque femme à être actrice de sa santé, à écouter son corps et à oser consulter. »

Son message de prudence rejoignait celui des autres intervenantes : la prévention n’est pas une contrainte, c’est un acte d’amour envers soi-même.

Tout au long de la rencontre, les échanges ont alterné entre émotion et connaissance, science et douceur. Les conversations s’égrenaient autour de petites tables ornées de roses pâles, finement décorées.

Madame Fatima Al Ruwaily circulait parmi ses invitées, veillant à chacune comme une amie attentionnée plus qu’une hôtesse officielle. La délicatesse de son accueil a estompé la dureté du sujet.

La rencontre s’est prolongée par une exposition d’œuvres de l’artiste peintre Raja The Hope, et un intermède musical de la pianiste Dania Altabba et de la pianiste Rasha Risk.

Dans ce lieu habituellement dédié à la diplomatie, c’est une autre forme d’échange qui s’est invitée : celle du partage et du courage féminin.

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Réimaginer le Burj Al Khazzan à Riyad : du patrimoine à la vision durable

Le Burj Al Khazzan à Riyad, réimaginé par le studio Stella Amae dans le cadre d’un concept architectural alliant patrimoine et durabilité. (Photo: fournie)
Le Burj Al Khazzan à Riyad, réimaginé par le studio Stella Amae dans le cadre d’un concept architectural alliant patrimoine et durabilité. (Photo: fournie)
Le projet mobilise également des talents créatifs internationaux, comme Studio Jouan pour le design sonore et BOA Light Studio pour l’éclairage. (Photo: fournie)
Le projet mobilise également des talents créatifs internationaux, comme Studio Jouan pour le design sonore et BOA Light Studio pour l’éclairage. (Photo: fournie)
La structure deviendrait une façade bioclimatique qui interagit avec l’air, la lumière, le son et l’humidité. (Photo: fournie)
La structure deviendrait une façade bioclimatique qui interagit avec l’air, la lumière, le son et l’humidité. (Photo: fournie)
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  • Le Burj Al Khazzan, château d’eau emblématique de Riyad, pourrait être transformé en espace culturel et écologique en ligne avec la Vision 2030
  • Le projet, porté par le cabinet franco-japonais Stella Amae, mêle architecture najdi, innovations bioclimatiques et expérience sensorielle

RIYAD: Au cœur du parc Al-Watan, dans le quartier historique d’Al-Futah, s’élève une silhouette familière mais méconnue : le Burj Al Khazzan. Ce château d’eau, haut de 61 mètres, construit dans les années 1970 par l’architecte suédois Sune Lindström, a longtemps assuré une fonction essentielle : stocker l’eau d’une capitale en pleine expansion.

Mais aujourd’hui, alors que Riyad redéfinit son urbanisme à l’aune de la Vision 2030 et du programme Green Riyadh, le Burj s’apprête peut-être à entamer une nouvelle vie. Une vie culturelle, écologique, symbolique.

Le projet de transformation, encore au stade conceptuel, a été imaginé par Stella Amae, cabinet d’architecture franco-japonais basé à Paris et Barcelone, en vue de le proposer au Public Investment Fund (PIF).

« Le Burj est un objet singulier. Il parle de patrimoine, d’eau, de mémoire collective. On veut en faire un repère vivant, un Arbre de Vie (Tree of Life)», explique Alexandre Stella, co-fondateur du studio.

Le design s’inspire du tronc du dattier, arbre emblématique de la région, et des motifs triangulaires de l’architecture najdi. La structure deviendrait une façade bioclimatique qui interagit avec l’air, la lumière, le son et l’humidité, créant un véritable écosystème sensoriel.

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Le design s’inspire du tronc du dattier et des motifs triangulaires de l’architecture najdi. (Photo: fournie)

« On voulait une peau vivante, qui respire. Elle capterait les sons de la ville, diffuserait une lumière douce, intègrerait des nichoirs pour oiseaux… Ce ne serait pas un monument figé, mais un organisme urbain », ajoute-t-il.

Plus qu’un geste architectural, le projet ambitionne de répondre à un besoin social : créer un lieu de rencontre, de contemplation et de transmission, au cœur d’un quartier déjà riche en institutions culturelles.