Au procès du 13-Novembre, l'accusé qui n'a rien fait, rien vu, rien su

«Attendez, vous faites tout ce voyage, vous traversez plusieurs pays pour rejoindre le 'Châm' (Syrie, ndlr) parce que vous étiez convaincu que c'était votre mission, vous arrivez-là bas et vous faites... rien». (Photo, AFP)
«Attendez, vous faites tout ce voyage, vous traversez plusieurs pays pour rejoindre le 'Châm' (Syrie, ndlr) parce que vous étiez convaincu que c'était votre mission, vous arrivez-là bas et vous faites... rien». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 26 janvier 2022

Au procès du 13-Novembre, l'accusé qui n'a rien fait, rien vu, rien su

  • Muhammad Usman, crâne rasé, polo à manches longues noires, assure qu'il a découvert le groupe Etat islamique (EI) via un certain «Abu Obeida»
  • Il dit avoir découvert «l'ampleur» des attentats en Autriche, où il est arrêté en décembre 2015

PARIS : Il n'a rien fait, rien vu, rien su et il dit d'ailleurs avoir été "choqué" par les attentats. Mardi, au procès des attaques du 13 novembre 2015 à Paris, le Pakistanais Muhammad Usman, qui devait selon l'accusation faire partie des commandos, a usé la patience de la cour.

"Attendez, vous faites tout ce voyage, vous traversez plusieurs pays pour rejoindre le 'Châm' (Syrie, ndlr) parce que vous étiez convaincu que c'était votre mission, vous arrivez-là bas et vous faites... rien".

Le président Jean-Louis Périès fait les questions et les réponses depuis une bonne heure et ne parvient plus à cacher son exaspération face à l'accusé debout dans le box.

Via l'interprète ou parfois en français, Muhammad Usman, crâne rasé, polo à manches longues noires, assure qu'il a découvert le groupe Etat islamique (EI) via un certain "Abu Obeida" qui l'a contacté sur internet pour lui apprendre le "véritable Islam" et lui "retourner le cerveau" pour qu'il rejoigne l'EI.

Malgré l'insistance de la cour, il maintient qu'il n'a, avant cela, "jamais" passé une dizaine d'années au sein d'un groupe djihadiste pakistanais proche d'Al-Qaida, comme l'ont assuré les services de renseignement de son pays: "C'est faux".

Péniblement, la cour le fait revenir sur son trajet entre le Pakistan et la Syrie - "à l'été 2015", selon lui, bien plus tôt selon l'accusation.

Effectivement, il a bien effectué ce périple qualifié par les enquêteurs de "totalement inutile", traversant la Turquie de long en large, principalement à pied. Soit "35 heures de marche par jour", note le président, "ça paraît un peu compliqué".

Une fois sur place, en Syrie comme en Irak, l'accusé assure ensuite qu'il n'a "rien" fait.

"C'était bien Daesh qui vous reçoit, on est d'accord ? En 2015 ils ont des conflits un peu partout, à Falloujah, à Alep, à Raqqa, c'est pour ça qu'ils font venir des gens, des combattants. Et vous, on vous fait venir du Pakistan juste pour lire le Coran et aller la mosquée, pendant trois semaines ?", souffle le président, désabusé.

«Pourquoi vous?»

"Je faisais ce qu'on me disait de faire", répond mollement l'accusé. 

La cour abandonne, et passe à la "mission" qui, selon l'accusation, lui sera finalement confiée à Raqqa: participer à un attentat-suicide en France, dans un groupe composé de l'un de ses coaccusés et des deux Irakiens qui se feront exploser au Stade de France.

Le groupe a été séparé sur la route des migrants, quand Muhammad Usman et l'Algérien Adel Haddadi ont été arrêtés et détenus en Grèce pendant un mois, ce qui les aurait empêchés de rejoindre les autres commandos à temps.

"Pourquoi vous ? Sachant que vous ne vous êtes pas entraîné, soit-disant, que vous n'avez participé à aucune bataille ?", insiste la cour. Du bout des lèvres, l'accusé reconnaît - pour la première fois - un entraînement à la kalachnikov de "un ou deux jours" à Raqqa. 

"Donc il y avait dans la mission l'utilisation d'une Kalachnikov", tente le président Périès.

"Je ne sais pas, je n'avais pas le détail", répond l'accusé. Pas le détail des objectifs c'est ça ? "Oui". Ni de la manière de procéder ? "Ils m'ont juste dit que quand je serai sur place ils me diront".

Muhammad Usman dit avoir découvert "l'ampleur" des attentats en Autriche, où il est arrêté en décembre 2015.

"Je ne savais pas que ça allait se passer comme ça, j'ai été tellement choqué", avance celui qui voulait juste une "revanche" aux bombardements français sur les civils syriens. "Je ne savais pas que ce serait un si grand attentat. Quand j'ai vu, j'ai été surpris, donc j'ai abandonné la mission".

"C'est quoi un grand attentat par rapport à un petit ?", demande le président. "Le nombre de morts, de blessés ?"

"Oui", répond Muhammad Usman.

"Et jusqu'à quel nombre de morts vous auriez pu accepter de participer ?" Tête baissé, l'accusé élude à nouveau.


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
Short Url
  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

Short Url
  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Short Url
  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".