Transport aérien: réclamé à cor et à cri, le «ciel unique européen» reste nébuleux

Une photo prise le 15 janvier 2022 depuis un avion montre une vue aérienne des montagnes des Alpes françaises. Valéry HACHE / AFP
Une photo prise le 15 janvier 2022 depuis un avion montre une vue aérienne des montagnes des Alpes françaises. Valéry HACHE / AFP
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Publié le Lundi 24 janvier 2022

Transport aérien: réclamé à cor et à cri, le «ciel unique européen» reste nébuleux

  • Un accord sur la rationalisation de la navigation aérienne en Europe semble toujours aussi difficile à atteindre
  • Cela fait 18 ans qu'a été lancé le projet de «Ciel unique européen» pour passer d'un système d'organisation du trafic épousant les frontières nationales à une zone cohérente où les trajectoires des avions se rapprocheraient de la ligne droite

PARIS: Un accord sur la rationalisation de la navigation aérienne en Europe semble toujours aussi difficile à atteindre, suscitant l'exaspération des compagnies qui le réclament "à cor et à cri" en particulier pour tenir leurs engagements environnementaux.
Cela fait 18 ans qu'a été lancé le projet de "Ciel unique européen" pour passer d'un système d'organisation du trafic épousant les frontières nationales à une zone cohérente où les trajectoires des avions se rapprocheraient de la ligne droite, gain de temps et d'argent à la clé.
Dans un espace par lequel transitaient, avant la crise sanitaire, plus de 11 millions de vols par an, cette mise en œuvre s'avère complexe, touchant à des aspects techniques, de sécurité, mais aussi de souveraineté nationale et de revenus.
Elle pourrait également s'avérer explosive sur le plan social si elle s'accompagnait d'une réduction des effectifs des contrôleurs aériens.
"Un fournisseur de service de contrôle aérien n'aura pas toujours intérêt à optimiser un flux, si cela implique moins de trafic dans ses espaces, donc moins de redevances pour lui; un projet trop transformateur pourra être abandonné si le risque de grève prolongée est trop important", remarquait en 2021 le groupe de réflexion sur la décarbonation "The Shift Project".
Les sessions du "trilogue" sur le dossier entre Commission, Conseil et Parlement européens patinent.
Le Conseil et le Parlement ont chacun adopté en 2021 des orientations générales divergeant notamment sur "le système de régulation, la mise en place d’un régulateur central européen ou encore le niveau de libéralisation des services de contrôle aérien", explique la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) française à l'AFP.
Mais, "à ce stade, il n’a pas encore été possible de dégager des compromis sur des chapitres du texte", ajoute-t-on de même source.
Malgré ce blocage politique, la modernisation des systèmes de contrôle aériens européens se poursuit, via le programme "Sesar".
La crise sanitaire a torpillé le secteur aérien en Europe: il n'a transporté en 2020 que 32,4% des passagers de 2019 et 44,3% en 2021, mettant au second plan le problème de la saturation des cieux.
Un autre aspect s'est invité: l'urgence climatique, la Commission européenne visant une réduction des émissions de CO2 de 55% d'ici à 2030.

 

La baisse de l'empreinte carbone des avions passe aussi par le sol

Des matériels de piste au roulage des avions, la réduction de l'empreinte environnementale du transport aérien passe aussi par l'optimisation des opérations au sol, à l'impact certes infime par rapport aux émissions des avions en vol mais où les gains peuvent être immédiats.
Pour tenir leur engagement de "zéro émission nette" de CO2 en 2050, soit une baisse nécessaire de 90% des émissions du secteur aérien compte tenu de la croissance attendue du trafic, les compagnies aériennes misent avant tout sur les carburants durables et de futurs avions plus frugaux, longs à se développer.
"Les opérations au sol représentent une petite partie de nos émissions mais on veut agir sur tous les leviers possibles et le plus rapidement possible", affirme Vincent Etchebehere, directeur du développement durable d'Air France. La compagnie française a ainsi électrifié 60% de ses engins de piste (tracteurs de charriots à bagage, élévateurs...) sur les aéroports parisiens.
Les matériels de piste comptent pour 4% des émissions de CO2 d'un aéroport et "dans cette industrie, il y a clairement un changement de direction vers des produits plus verts, électriques", observe Amaury Papillault, directeur des ventes de la société Smart Airport Systems (SAS).
Quand un avion est statique, son alimentation électrique nécessaire aux systèmes de bord, à la climatisation et à l'allumage des moteurs est fournie par un générateur de bord appelé APU, alimenté par le kérosène des réservoirs de l'avion.
L'utilisation de l'APU des avions représente 1,2% de l'ensemble des émissions du transport aérien en France, selon les calculs du groupe de réflexion sur la décarbonation "The Shift Project".
La solution est de l'éteindre et de "brancher" l'avion à une alimentation électrique au sol.
Ces systèmes électriques ont tendance à se généraliser dans les aéroports en Europe pour alimenter les avions stationnés aux portes d'embarquement, pas encore pour ceux parqués "au large" et que les passagers doivent rejoindre en bus.

Des rails sous la piste

Le principal levier pour réduire les émissions de CO2 au sol --ainsi que le bruit-- tient au "taxiing", le roulage de l'avion entre la porte d'embarquement et la piste.
"5% de la consommation de carburant des avions vient de leurs mouvements au sol", pointe Sébastien Fabre, président du fournisseur de services informatiques Sita for aircraft, mettant en avant "l'importance du contrôle aérien pour avoir un bon séquencement des mouvements d'avions" et éviter les attentes moteurs allumés au seuil de la piste.
Un moyen déjà utilisé pour réduire la consommation au sol est de couper l'un des deux moteurs de l'avion le temps de roulage, une bonne pratique sur laquelle "les pilotes sont extrêmement mobilisés" assure-t-on chez Air France.
Une autre est d'arrimer le train avant de l'avion à un "taxibot" qui le tracte jusqu'au seuil de piste ou à la porte d'embarquement.
Piloté depuis le cockpit de l'avion, il consomme pour cette mission 10 litres de diesel quand l'avion brûle 200 à 300 kilos de kérosène.
Déjà en service à New Delhi et Bangalore (Inde), il est testé depuis 2020 à Amsterdam-Schiphol et "une version 100% électrique est en cours de développement", selon Amaury Papillault.
Aux Etats-Unis, la start-up Aircraft Towing Systems (ATS) propose même d'installer un système de rails souterrains allant du seuil de piste jusqu'à la porte d'embarquement. La roue avant de l'avion se pose sur une plaque de remorquage reliée au rail.
Un prototype est en cours d'installation sur une ancienne base aérienne de l'Oklahoma, explique son président Vince Howie, lui-même ancien de l'US Air Force.
Outre les gains de carburant, donc d'émissions, "c'est un système beaucoup plus sûr parce que nous connaissons le parcours exact de l'avion" pour ainsi éviter une collision, plaide-t-il.
Le prix peut être dissuasif: 150 millions de dollars pour équiper un aéroport comme Chicago O'Hare, l'un des plus fréquentés du monde. Mais les économies de carburant réalisées permettraient selon lui de le rentabiliser "en moins de deux ans".

« Hypocrisie » des Etats

Pour y parvenir, les compagnies misent sur de nouveaux avions et technologies, des carburants renouvelables... et sur le "Ciel unique", qui selon l'association "Airlines for Europe" (A4E), pourrait "aboutir à des réductions d'émissions de 10%".
A4E demande avec insistance aux pays de se mettre d'accord, critiquant "la résistance de certains Etats membres à donner la priorité aux réductions d'émissions sur leurs souverainetés et influences nationales".
"On le réclame tous à cor et à cri depuis des années", expliquait fin 2021 la directrice générale d'Air France, Anne Rigail: "on a vraiment besoin d'un engagement et d'une mise en œuvre très forte et très rapide du ciel européen et de tout ce qui est à disposition sur le contrôle aérien" afin de réduire les émissions.
"Nous savons tous qu'il y a différents intérêts en jeu, c'est très difficile. Mais il n'y a pas de raison de ne pas faire de compromis", espérait de son côté son homologue de Brussels Airlines, Peter Gerber.
Le "Ciel unique", "une des mesures les plus rapides" pour limiter les émissions, fera disparaître des "inefficacités qui n'ont plus lieu d'être" mais est loin de représenter le levier le plus puissant, remarque Jo Dardenne, responsable de l'aérien au sein de l'ONG Transport & Environment, estimant le potentiel à seulement -6% de CO2 pour l'aérien.
Constatant que les compagnies insistent sur cette réforme tout en rejetant "l'imposition d'un prix carbone plus élevé", elle regrette que les Etats ne soient "même pas capables de se mettre d'accord" sur le dossier, "une forme d'hypocrisie" au moment où certains lancent des filières de carburants alternatifs ou interdisent des liaisons aériennes intérieures.
Alors que, face aux membres d'A4E, le directeur général "Transports et mobilité" de la Commission Henrik Hololei disait fin 2021 sa "colère" vu l'absence de "progrès significatifs", la présidence française du Conseil de l'UE pourrait-elle donner une nouvelle impulsion?
"La France (...) poursuivra la négociation avec le Parlement dans le cadre des trilogues", répond la DGAC.


France: forte contraction de l'activité du secteur privé en novembre, selon l'indice PMI Flash

Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
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  • "De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué
  • "Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB

PARIS: L'activité du secteur privé français a enregistré en novembre sa plus forte contraction depuis janvier, avec un indice PMI Flash en recul pour le troisième mois consécutif, indiquent vendredi l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB), qui calculent cet indice.

Le PMI Flash s'est établi à 44,8 en novembre, au plus bas depuis dix mois, contre 48,1 en octobre.

"De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué.

"Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB.

La production a ainsi "fortement baissé" dans le secteur manufacturier, avec un taux de contraction le plus élevé depuis décembre 2023. Les fabricants attribuent cette baisse de l’activité à plusieurs facteurs, dont la faiblesse des secteurs automobile, cosmétique et du BTP, ainsi qu’une conjoncture morose sur les marchés étrangers.

"Les prestataires de services ont quant à eux mentionné un manque de visibilité économique et politique, se traduisant par une plus grande réticence des clients à engager des dépenses". L'activité "a ainsi enregistré son plus fort recul depuis janvier dernier" dans les services.

Le volume des nouvelles affaires s'est lui aussi contracté en novembre, une baisse qui est "la plus marquée depuis quatre ans". Cette tendance "reflète principalement une forte diminution des nouvelles commandes dans l’industrie manufacturière".

Le recul global des ventes "s’explique également par un très fort repli de la demande étrangère, les tensions géopolitiques et l’affaiblissement de la demande en provenance des Etats-Unis", qui ont entraîné "la plus forte contraction des nouvelles affaires à l’export depuis mai 2020".

Les perspectives d’activité pour les douze prochains mois "sont orientées à la baisse pour la première fois depuis mai 2020" dans le secteur privé en novembre, car de nombreuses entreprises craignent que la faiblesse prolongée de la demande soit synonyme d'une contraction de l'activité au cours de 2025.

Les répondants à cette enquête expliquent leur pessimisme par "le climat d’incertitude actuel, engendré notamment par la morosité de la conjoncture économique", et "par la fermeture d’entreprises et la faiblesse des secteurs de l’automobile et du BTP".

S&P et HCOB relèvent toutefois "une tendance favorable" sur un point: "l'emploi est reparti à la hausse", avec un taux de création de postes à un plus haut depuis six mois, "exclusivement" dû à une augmentation des effectifs dans les services.


450 000 emplois dans le secteur saoudien du divertissement d'ici 2030, selon le ministère de l'Investissement

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
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  • L'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année
  • La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut

RIYAD: Le secteur du divertissement en Arabie saoudite devrait créer 450 000 emplois et pourrait contribuer à hauteur de 4,2% au produit intérieur brut du pays d'ici à 2030, selon un nouveau rapport.

Dans son dernier communiqué, le ministère de l'Investissement du Royaume indique que l'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année, ce qui représente une augmentation de 13% par rapport aux trois mois précédents.

Le ministère a ajouté que le nombre total de permis d'investissement délivrés dans le secteur du divertissement entre 2020 et la fin du troisième trimestre s'élevait à 303.

«Conformément à l’initiative saoudienne Vision 2030, l'Arabie saoudite vise à diversifier son économie et à améliorer la qualité de vie en promouvant le tourisme et la culture saoudienne à l'échelle internationale pour attirer les visiteurs. Le secteur du divertissement est un pilier crucial pour atteindre ces objectifs ambitieux, en se concentrant sur l'amélioration de la qualité de vie à travers diverses activités culturelles et de divertissement», a déclaré le ministère de l'Investissement.

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies.

En 2016, l'Arabie saoudite a créé l'Autorité générale pour le divertissement en vue de stimuler l'industrie du divertissement et des loisirs. Depuis, le Royaume a connu des développements notables, notamment la réouverture de salles de cinéma en 2018.

Selon le rapport, l'Arabie saoudite a délivré 2 189 permis dans le secteur du divertissement au cours des cinq dernières années.

Le Royaume a également accueilli 26 000 événements au cours des cinq dernières années, attirant plus de 75 millions de participants.

Le ministère a ajouté que l'essor du secteur du divertissement catalysait également la croissance du secteur du tourisme dans le Royaume.

Le rapport indique que le nombre de touristes entrants dans l'industrie du divertissement a atteint 6,2 millions en 2023, ce qui représente une augmentation de 153,3% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes entrants dans l'industrie du divertissement ont atteint 4 milliards de riyals saoudiens (1,07 milliard de dollars; 1 dollar = 0,95 euro) en 2023, soit une augmentation de 29,03% par rapport à l'année précédente.

«Le secteur du divertissement est un domaine vital et dynamique du Royaume, agissant comme un catalyseur pour le secteur du tourisme. En accueillant divers événements et activités, il stimule le tourisme et attire les visiteurs, ce qui se traduit par une augmentation des dépenses touristiques et un renforcement de l'économie locale», a déclaré le ministère de l'Investissement.

En 2023, le secteur du divertissement a attiré 35 millions de touristes locaux, soit une augmentation de 17% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes locaux en 2023 étaient de 4,7 millions de riyals saoudiens, ce qui représente une baisse marginale de 8,5% par rapport à l'année précédente.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Black Friday, moment privilégié pour les cadeaux de Noël, réjouit les e-commerçants et désespère les indépendants

Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
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  • Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG)

PARIS: Dépassé, le lèche-vitrine des boutiques enguirlandées de Noël? Faire ses cadeaux durant le Black Friday séduit désormais les consommateurs, une tendance mettant au défi logistique les acteurs de la vente en ligne, et désespérant les commerces indépendants.

Loriane, 26 ans, achète ses cadeaux de Noël pendant le Black Friday car "les offres sont plus intéressantes, ça permet de faire de plus beaux cadeaux", justifie auprès de l'AFP la jeune femme, qui travaille au ministère de l’Intérieur. Pareil pour Marlène, 53 ans, salariée d'Orange, qui recherche "les meilleures offres". Son collègue Julien, 42 ans, confirme : "En boutique l’année dernière, les gens se pressaient plus pour le Black Friday qu'à Noël".

Né aux États-Unis, le Black Friday a été introduit en France par Amazon "il y a à peu près 15 ans", rappelle à l’AFP Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon.fr.

Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG).

Les consommateurs plébiscitent le "large choix de produits, les prix bas et la livraison rapide", selon M. Duval.

Cet événement commercial est toujours lancé le vendredi après Thanksgiving, et se tiendra cette année le 29 novembre.

- Black Month -

"Aujourd’hui, le plus gros mois pour la consommation, c’est novembre" plutôt que décembre, abonde Marc Lolivier, délégué général de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), qui juge auprès de l'AFP que ce phénomène "a cinq, six ans".

Evénement devenu phare de la vente en ligne, le Black Friday oblige les logisticiens à s'adapter pour faire face à l'afflux colossal de colis.

A titre d'exemple, en 2022, sur la semaine qui a suivi le Black Friday, La Poste avait livré 13,7 millions de colis. Elle en attend "16 millions en 2024", chiffre Jean-Yves Gras, le directeur général de Colissimo.

Certains entrepôts passent dès le mois de novembre "en trois-huit, sept jours sur sept, le dimanche et la nuit", comme à Cdiscount, décrit à l'AFP son PDG Thomas Métivier.

Les équipes sont massivement reforcées: Amazon recrute ainsi 8.000 saisonniers pour novembre-décembre.

Le défi est également technologique, comme pour Cdiscount, dont le site est visité par 10 millions de clients ce jour-là, contre 17 millions par mois en temps normal. "De loin la plus grosse journée de l’année en termes de trafic et d’achats", ce qui conduit les équipes à réaliser des crash-tests pour éprouver la robustesse de leur site internet, raconte M. Métivier.

Au fil des ans, le Black Friday est devenu une "Black Month", constate Quentin Benault, directeur général délégué de Mondial Relay, qui explique que les commerçants proposent des promotions dès le début du mois de novembre. Un soulagement pour les acteurs de l'e-commerce, car cela leur permet de lisser la charge logistique sur un mois plutôt qu'un seul jour.

- "Ça tue le commerce" -

Mais le Black Friday ne fait pas que des heureux. L’Union des Fabricants (Unifab), qui défend la propriété intellectuelle des industriels, alerte : cette période marquée par une profusion de colis en circulation "est une aubaine pour les contrefacteurs", leurs produits passant plus facilement entre les gouttes des contrôles.

"Plus de 8 millions de jeux et de jouets de contrefaçon ont été saisis par les douanes en 2023, la majorité au moment du Black Friday", rappelle sa directrice générale Delphine Sarfati-Sobreira à l'AFP.

Le Black Friday "tue la notion du commerce", déplore aussi Thibaut Ringo, directeur général d'Altermundi, un réseau de boutiques prônant une consommation responsable. "Le consommateur n’attend qu’une chose : qu'on fasse des remises mais nous, les commerçants indépendants, on ne peut pas s'aligner", se désole-t-il.

La Confédération des commerçants de France s'indigne, elle aussi, et met en garde contre des remises "pouvant être basées sur des prix de référence artificiels" et "des stocks spécifiques de moindre qualité proposés à prix cassés". Contre cette "concurrence déloyale", elle appelle à "mieux protéger [les] petits commerçants, qui font vivre [les différents] territoires".