Islamistes et militants d'extrême droite, même combat pour l'avocat général du Royaume-Uni

Depuis mars 2017, les autorités ont déjoué 12 complots d'extrême droite ainsi que 18 complots planifiés par des islamistes (Photo, AFP).
Depuis mars 2017, les autorités ont déjoué 12 complots d'extrême droite ainsi que 18 complots planifiés par des islamistes (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 janvier 2022

Islamistes et militants d'extrême droite, même combat pour l'avocat général du Royaume-Uni

  • Alex Chalk QC réclame qu'«aucune hiérarchie» ne soit faite entre les extrêmismes, après la nouvelle condamnation d'un néo-nazi
  • La police britannique prévient que la radicalisation de l'extrême droite est en hausse et qu'elle occupe une part plus importante des enquêtes en cours

LONDRES : L’avocat général du Royaume-Uni Alex Chalk QC a demandé que les militants d'extrême droite et les extrémistes islamistes soient punis de la même manière, affirmant qu'il ne devrait y avoir «aucune hiérarchie» dans la lutte contre les terroristes.
Chalk s'est exprimé après que la Cour d'appel de Londres a annulé la peine «indûment clémente» prononcée à l'encontre du condamné néonazi Ben John. Il avait été sommé, dans le cadre de sa sentence, de lire des romans d'écrivains du XVIIIe siècle, dont Jane Austen, plutôt que des ouvrages extrémistes. John a été condamné une nouvelle fois à deux ans de prison.
L’avocat général a plaidé en faveur d'une peine plus sévère pour le jeune homme de 22 ans, affirmant au quotidien Independent que «ceux qui ont recours au terrorisme pour faire avancer leur vision déformée du monde, qu'il s'agisse de terrorisme d'extrême droite ou de terrorisme islamiste, ou encore de terrorisme anarchiste, doivent comprendre que les autorités interviendront et doivent s'attendre à une peine sévère.»
La police britannique interpelle deux fois plus de personnes soupçonnées de participer à des activités d'extrême droite que de personnes d'origine asiatique.
En décembre 2021, Dean Haydon, le coordinateur national principal de la police antiterroriste du Royaume-Uni, a déclaré à l'Independent que l'extrême droite représentait environ 13% des affaires actives de terrorisme.
Depuis mars 2017, les autorités ont déjoué 12 complots d'extrême droite ainsi que 18 complots planifiés par des islamistes.
John fait partie d'un nombre croissant de cas où la police intervient tôt, en prévention d'une attaque future. Il a été reconnu coupable de possession d'un document contenant des instructions pour la fabrication d'explosifs.
Le militant d'extrême droite avait déjà été adressé deux fois au programme britannique de lutte contre l'extrémisme Prevent, mais il s'est avéré qu'il possédait du matériel lié à la suprématie blanche, à l'antisémitisme et au satanisme, notamment de la propagande des groupes terroristes néonazis National Action et Atomwaffen Division.
Chalk a déclaré à l'Independent avoir «pensé que, compte tenu de toutes les circonstances – la nature du manuel de terrorisme dont il était en possession, ainsi que son manque de réaction aux tentatives de déradicalisation par le biais de Prevent – une peine avec sursis ne répondait pas à la justice de l'affaire et était insuffisante pour protéger le public.»
«La possession de ce matériel n'est pas un délit mineur, c'est un délit grave et à juste titre. Si quelqu'un entretient un sentiment extrémiste, ce matériel, s'il est à portée de main, peut être l'outil qu'il lui faut pour commettre une atrocité. C'est pourquoi c'est si grave – c'est cette alliance impie entre le manuel du terroriste et la vision du monde déformée qui peut conduire à des résultats conséquents et dangereux. C'est pourquoi nous ne nous excusons pas d'adopter une approche stricte», a-t-il poursuivi.
Lors de son premier procès, John avait été condamné à deux ans de prison avec sursis. Lors de l'audience, le juge Timothy Spencer l'avait questionné sur ses auteurs de référence. «Avez-vous déjà lu Dickens ? Austen ? Eh bien, commencez maintenant. Commencez par Orgueil et Préjugés. Shakespeare? Essayez La nuit des rois. Dickens, commencez avec Un conte de deux villes et, si vous avez le temps, pensez à Hardy et à Trollope.»
Lors de la nouvelle détermination de la peine, le juge Holroyde a déclaré que le principal problème de la précédente n'était pas l'instruction de lire des œuvres de la littérature britannique, mais qu'elle aurait du être accompagnée d'un temps d'emprisonnement, compte tenu de la loi dans de telles affaires.
«Il s'agissait certainement d'une peine très clémente, mais nous ne sommes pas persuadés que, dans les circonstances de cette affaire, la durée de la peine d'emprisonnement était en soi indûment clémente. C'est parce que la peine était illégale que nous concluons qu'elle était indûment clémente,» a-t-il déclaré.
Nick Lowles, directeur général du groupe de pression Hope Not Hate, a salué l’annonce de la nouvelle peine.
«Alors que la prison échoue souvent dans la réhabilitation et n'est pas toujours la solution, la proposition déconcertante (de Spencer) de faire lire à Ben John de la littérature classique réduit les graves délits qu'il a commis à une parodie. L'extrême droite représente la menace de violence qui progresse le plus rapidement en Grande-Bretagne aujourd'hui.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.