BEYROUTH : Le Liban est un « lieu d'espoir » et « ne devrait pas être une plate-forme d'agression », a déclaré dimanche à Beyrouth le ministre des Affaires étrangères du Koweït, Cheikh Ahmad Nasser Al-Mohammed Al-Sabah.
Au deuxième jour de sa visite dans la capitale, le ministre a réitéré lors de réunions séparées avec des responsables libanais un « message koweïtien, du Golfe, arabe et international pour que le Liban ne soit une plate-forme pour aucune agression, et que toutes les frontières soient contrôlées par l'État. »
Le ministre a rencontré dimanche le président Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berri et le ministre de l'Intérieur Bassam Mawlawi.
À l'issue de ses entretiens avec le ministre koweïtien, Aoun a souligné la « ferme volonté du Liban de préserver les meilleures relations avec les pays arabes ».
Le ministre koweïtien s'est entretenu samedi soir avec le Premier ministre Najib Mikati.
Il a également rencontré le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, qui doit se rendre au Koweït samedi.
Le Koweït préside actuellement le conseil ministériel de la Ligue arabe.
Al-Sabah a déclaré que la visite faisait partie des différents efforts internationaux visant à rétablir la confiance entre le Liban et la scène internationale.
Les déclarations du ministre koweïtien se sont centrés sur 3 axes.
Le premier était un message de « sympathie, de solidarité, de synergie et d'affection pour le peuple libanais frère ».
Dans le deuxième, Al-Sabah a exhorté les responsables libanais à adopter une position de neutralité et à s'assurer que le pays « ne sera pas une plate-forme pour une quelconque agression, tout en s'abstenant de s'ingérer dans les affaires intérieures des pays arabes en général, et du Golfe en particulier ».
Son troisième message souligne un désir régional « de voir un Liban stable, sûr et fort qui met en œuvre les résolutions internationales et arabes ».
Al-Sabah a déclaré : « le Liban examinera les messages que j'ai transmis aux responsables libanais et ... nous recevrons bientôt une réponse ».
Les relations du Liban avec les États du Golfe ont plongé dans une nouvelle crise en octobre après les commentaires de l'ancien ministre libanais de l'information George Kordahi critiquant le conflit au Yémen.
Le Koweït était l'un des nombreux membres du Conseil de coopération du Golfe, dont l'Arabie saoudite, qui ont rétorqué en expulsant l'ambassadeur du Liban et en rappelant son ambassadeur à Beyrouth.
Aoun a déclaré dimanche dans un tweet que le Liban tenait à maintenir « les meilleures relations » avec les États du Golfe et que les propositions koweïtiennes seraient discutées avant qu'une position appropriée ne soit annoncée.
Certains ont lié la visite d'Al-Sabah au retour de l'ancien Premier ministre Saad Hariri au Liban, mais le ministre koweïtien a nié un tel lien.
Il a souligné : « La visite n'a rien à voir avec les affaires intérieures libanaises. Nous n'intervenons pas dans les affaires libanaises. »
Hariri annoncera lundi sa décision finale quant à sa candidature ou non aux prochaines élections législatives.
Son bureau de presse a déclaré que l'ancien premier ministre prononcerait un discours à 16 heures lundi depuis son domicile.
Pour la deuxième journée consécutive, des centaines de partisans de Hariri ont afflué devant son domicile dans la capitale, exigeant qu'il se présente aux élections.
S'adressant à ses partisans, Hariri a déclaré : « Je vous ai entendus aujourd'hui et je veux que vous m'écoutiez demain. »
« Je vous assure que mon sang est le vôtre, et les portes de cette maison seront toujours ouvertes pour vous recevoir tous. »
Il a déclaré aux journalistes : « Parfois, il faut prendre du recul pour avancer. »
Les partisans portaient des photos de Hariri avec les drapeaux libanais et du Courant du futur, scandant des slogans en faveur de l'ancien Premier ministre.
Ils demandent à Hariri de revenir sur sa décision de s'abstenir de se présenter aux élections, et de ne pas abandonner ses partisans.
« Hariri et le Courant du Futur font partie des principaux symboles politiques du pays, et nous n'accepterons pas leur abdication », a déclaré un partisan.
Sa décision devrait avoir de profondes répercussions sur le processus électoral et la politique libanaise en général.
Par ailleurs dans son sermon dominical, le patriarche maronite Bechara Boutros Al-Rahi a réitéré l'importance de la neutralité du Liban.
« Cependant, il est regrettable que ce concept soit complètement absent des discours des responsables et que le Liban reste ainsi l'otage des axes régionaux », a ajouté Al-Rahi.
Au cours de sa conférence de presse conjointe dimanche avec le ministre libanais de l'Intérieur, Al-Sabah a déclaré : « Nous avons discuté de la question du trafic de drogue à partir du Liban, et nous apprécions ce que fait le Liban. »
Il a ajouté : « Nous avons exigé des mécanismes pour garantir que les cargaisons n'atteignent pas le Koweït et le reste de la région, et que les autorités libanaises le fassent pour rétablir la confiance.
« Il y a un consensus général pour que toutes les frontières libanaises soient contrôlées par l'État et que le Liban devienne plus sûr et plus stable."
Mawlawi, ministre libanais de l'Intérieur, a déclaré : « Je réitère la position du Liban et du ministère de l'Intérieur qui rejettent tout abus verbal à l’encontre du Koweït. Nous avons discuté de toutes les questions liées au contrôle des frontières et au trafic de drogue.
Une source gouvernementale a déclaré à Arab News : « Les messages transmis par Al-Sabah sont le résultat de contacts entre la France, l'Arabie saoudite et le Koweït, et ils sont conformes aux principes contenus dans la déclaration ministérielle du gouvernement Mikati ».
La source a ajouté : « Ces messages seront discutés et le ministre libanais des Affaires étrangères communiquera la réponse du Liban lors de sa visite au Koweït".
La source a également commenté la possibilité que le Hezbollah ignore ces principes – comme il l'a fait à plusieurs reprises en insultant les pays du Golfe.
Ils ont déclaré que la position du gouvernement libanais « est la seule qui compte, car elle représente tout le Liban ».
La position du gouvernement est basée sur la déclaration ministérielle qui souligne la neutralité du Liban et insiste sur des relations amicales avec les pays arabes et du Golfe, a ajouté la source.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com