BARR : "Solidarité et amitié" : rescapés et proches des 87 victimes du crash du Mont Sainte-Odile, survenu le 20 janvier 1992, ont commémoré dimanche les trente ans de ce drame qui a bouleversé leurs vies mais "cimenté" à jamais leurs relations.
"Il y a eu le temps du combat (judiciaire). Restent aujourd'hui la solidarité et l'amitié", a lancé lors de la cérémonie Bernard Laumon, le président d'Echo, association fondée après la catastrophe, à l'origine chaque année d'un rassemblement sur les lieux de l'accident.
Ce dimanche, pour les trente ans de la catastrophe, plus d'une centaine de personnes, proches de victimes et rescapés, s'est réunie dans la clairière enneigée, formée par l'impact de l'A320 d'Air Inter sur le mont "La Bloss", dans le massif du Mont Sainte-Odile.
Sur la stèle gravée des 87 noms des victimes, familles et survivants ont posé des roses. La maire de Barr, Nathalie Kaltenbach-Ernst, a quant à elle déposé une gerbe au nom de la commune où a eu lieu le crash.
"En souvenir de vous tous!", a lancé, très ému, Alvaro Rendon, 76 ans. Figure historique d'Echo, M. Rendon, qui assure la présidence d'honneur de l'association, a perdu sa femme dans l'accident.
"Si la justice ne nous a pas rendu gain de cause, une histoire extraordinaire s'est écrite et continue de s'écrire depuis trente ans (...) une histoire cimentée par des liens indéfectibles", a estimé Isabelle Renard, dont le père a péri dans le crash.
Après plus de 13 ans d'instruction et deux procès-fleuve, la justice a en effet fini par écarter la responsabilité civile d'Airbus, reconnue en première instance, et supprimé les indemnités attribuées à Echo. Six prévenus avaient également été relaxés, en première instance comme en appel.
"Malgré le chagrin, malgré la frustration" que la justice n'ait pas désigné de responsables à cette catastrophe, "c'est ce combat que nous avons mené (...) qui a fait cette union entre nous", qui perdure encore aujourd'hui, a estimé Alvaro Rendon.
Isabelle Renard a évoqué, elle, la "profonde" et "indestructible amitié (...) progressivement forgée avec les neuf rescapés devenus nos frères" et "notre famille".
"Echo, c'est une microsociété, avec toute sa diversité et pourtant, il y a un tel lien qui nous réunit" et "qui gomme tout le reste", explique M. Laumon, qui a perdu son frère dans l'accident.
"Émotionnellement, sentimentalement, c'est très fort. On s'aime, tout simplement", résume Claude Cohana, 62 ans, rescapée avec sa fille Mélissande, 13 mois à l'époque.