LONDRES : Dans un contexte de craintes liées à une éventuelle invasion russe de l’Ukraine, les États-Unis mènent à présent des discussions avec le Qatar et d'autres exportateurs de gaz pour éviter une baisse de l'offre.
Les discussions avec le Qatar et certains pays de l'Union européenne visent essentiellement à identifier de nouvelles voies permettant le transport par voie maritime de produits alternatifs au gaz naturel liquéfié.
La semaine dernière, les discussions ont pris une dimension plus intense sur fond de piétinement des pourparlers en matière de sécurité entre les ministres américain et russe.
L'Europe fait face en effet à des prix record pour les sources énergétiques et on redoute notamment que l'approvisionnement en gaz ne diminue de façon importante.
« Nous envisageons les mesures à prendre pour se préparer à une éventuelle recrudescence de la situation, en raison notamment des faibles réserves (de gaz naturel européen) stockées en plein hiver », a confié au quotidien Financial Times un haut responsable de l'administration américaine.
« Nous nous sommes penchés sur les produits énergétiques pouvant être transportés sur le marché et sur les mesures à prendre... mais aussi aux moyens à mettre en œuvre dès maintenant en cas d’escalade ».
Les responsables redoutent en effet de voir l'Europe confrontée à un chaos généralisé accompagné de coupures de courant et de perturbations du fonctionnement de l'industrie si les exportations de gaz russe baissent brusquement dans le sillage d'une éventuelle invasion. Les stocks de gaz sont à leur niveau le plus bas pour cette période de l'année.
Le responsable du gouvernement américain précise que les contrats déjà signés entre les exportateurs de GNL et les acheteurs asiatiques risquent de contrarier les nouveaux plans prévoyant d'approvisionner le marché européen.
« Les solutions miracles n'existent pas », a ajouté le fonctionnaire. « La situation est difficile à gérer ; elle est très compliquée. On cherche à y remédier en prenant en compte le fonctionnement des marchés et les modalités du commerce et des transports de marchandises ».
Un responsable de l'industrie de l'énergie a prévenu que les prix des produits énergétiques en Europe connaîtraient très probablement une hausse extrême en cas d'invasion de l'Ukraine ; cette hausse des prix exigerait une action coordonnée des gouvernements pour assurer des alternatives d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié.
« Ils devront effectivement rivaliser pour obtenir la totalité du GNL disponible sur le marché ; ils priveront ainsi l'Asie d'une partie des cargaisons, et au bout du compte, c'est probablement le contribuable qui en paiera le prix », explique le responsable au Financial Times.
« C'est comme lorsque les gens se sont précipités pour acheter des EPI (équipements de protection individuelle) au début de la pandémie ; les gouvernements ont dû intervenir ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.