PARIS: L'Opéra de Paris, secoué depuis des mois par une succession de crises, a enregistré une baisse du tiers des recettes du mécénat et jusqu'à 45% des abonnements pour la saison 2020-2021, a affirmé sa direction mercredi.
« On est entre 35 et 45% de perte d'abonnements pour la saison 2020-2021. Est-ce que qu'on va la récupérer? Je pense que c'est peu probable », a affirmé le directeur sortant Stéphane Lissner.
Il était auditionné avec le directeur-adjoint Martin Ajdari par la commission en charge de la culture au Sénat.
En plus, « il y a à peu près un tiers des recettes du mécénat qui vont diminuer en 2020 », a indiqué M. Ajdari. Les entreprises, notamment moyennes, « hésitent à investir au moment où elles doivent demander des efforts et des sacrifices à leurs salariés » à la suite de la pandémie.
« On a de grands partenaires historiques qui restent fidèles, mais il y a tout un ensemble de donateurs, de mécènes intermédiaires qui ont tendance à se replier donc on ne pourra pas tabler sur ces recettes », a encore ajouté le directeur-adjoint.
M. Lissner qui, depuis son arrivée à la tête de l'Opéra en 2015, a fait plus que doubler le mécénat (de 9 à 19 millions d'euros en 2020) a aussi évoqué le défi de récupérer le public dans un contexte complexe post-grèves et post-Covid.
Une grève historique en décembre et janvier contre la réforme des régimes spéciaux, puis l'épidémie du coronavirus ont provoqué des pertes de billetterie de l'ordre de 45 millions d'euros.
« Les grèves ont énormément choqué une partie du public et une partie des abonnés; on a eu des réactions de mécènes ou d'abonnés qui sont extrêmement fâchés de ce qui s'est passé », a précisé sur ce plan M. Lissner.
L'Opéra de Paris, la plus grande maison d'opéra d'Europe en termes de places avec le palais Garnier et l'Opéra Bastille, est financé à 40% par l’Etat et à 60% par ses recettes propres. Il s'agit de la scène la plus subventionnée de France: 95 millions d'euros de l'État pour un budget de 230 millions.