Label vert au nucléaire: les Européens campent sur leurs divergences

Le drapeau européen flotte devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 25 mars 2021. (Photo, AFP)
Le drapeau européen flotte devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 25 mars 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 22 janvier 2022

Label vert au nucléaire: les Européens campent sur leurs divergences

  • Les États membres ont jusqu'à vendredi minuit pour réclamer des modifications à la Commission, avant qu'elle ne publie le texte définitif
  • Celui-ci sera considéré adopté après quatre mois, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée de 20 États

AMIENS, France : Les Vingt-Sept, qui avaient jusqu'à vendredi pour réagir au projet de labellisation d'énergies "vertes" dans l'UE, campent sur leurs divergences: Autriche et Luxembourg prévoient une action en justice contre l'inclusion du nucléaire, décriée aussi par Berlin mais défendue par Paris, quand d'autres dénoncent l'inclusion du gaz.

Le sujet, non prévu au programme officiel, a fait l'objet de passes d'armes lors de la rencontre des ministres européens de l'Environnement et de l'Énergie entamée jeudi à Amiens (nord de la France).

Dévoilé fin décembre, le projet de "taxonomie" de la Commission européenne classe comme "durables" les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, afin de faciliter le financement d'activités contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les États membres ont jusqu'à vendredi minuit pour réclamer des modifications à la Commission, avant qu'elle ne publie le texte définitif. Celui-ci sera considéré adopté après quatre mois, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée de 20 États.

«Abus de pouvoir»

Dans une lettre à la Commission, des responsables parlementaires déplorent un délai trop court et réclament une consultation publique.

Côté États, un rejet semble hors de portée: une douzaine de pays soutiennent l'inclusion de l'atome, dont la France, confrontée à un mur d'investissements pour relancer sa filière nucléaire.

"Le nucléaire est décarboné. On ne peut pas s'en priver au moment où nous devons baisser très rapidement nos émissions", a affirmé la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, observant qu'il s'agit d'une source d'énergie stable complémentaire d'énergies renouvelables intermittentes.

Des pays d'Europe centrale, comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs polluantes centrales à charbon par des centrales à gaz, défendent aussi le texte.

A l'inverse, les opposants à l'atome persistent: "Ce n'est pas une énergie verte ni durable. La question de la gestion des déchets n'est pas résolue", a tranché jeudi le secrétaire d'État allemand à l'Environnement Stefan Tidow.

"Ça serait du +greenwashing+. Cela enverrait le mauvais signal: ce n'est même pas une énergie de transition, cela prend trop de temps", a déclaré à l'AFP la ministre luxembourgeoise de l'Environnement Carole Dieschbourg.

Le Luxembourg et l'Autriche se disent prêts à engager une action devant la justice européenne en cas de labellisation verte du nucléaire.

Outre les risques sécuritaires et l'incertain destin des déchets, le Luxembourg avance un argument juridique: la Commission outrepasserait ses droits en traitant une question aussi cruciale dans un simple texte technique, un "acte délégué" supposé porter sur des points "non essentiels".

"C'est un débat majeur! La Commission a fait une erreur politique, c'est un abus de pouvoir", dénonce le ministre luxembourgeois de l'Energie, Claude Turmes.

«Crédibilité»

Inclure l'atome "n'est pas acceptable, cela minerait la crédibilité de la taxonomie", renchérit son homologue autrichienne Leonore Gewessler. Et l'atome ne répond pas au critère légal de "ne pas causer de dommages importants à l'environnement".

"Il serait trompeur d'appeler +durables+ des énergies qui ne le sont pas, qui ne sont pas sûres, trop chères et trop lentes pour contrer le changement climatique", dit-elle à l'AFP.

La Commission a néanmoins proposé un critère de transparence: les projets et produits financiers devront préciser la part des activités financées dans l'atome, permettant de choisir des investissements "verts" garantis sans nucléaire.

Si Vienne et Luxembourg appellent Berlin à rejoindre une éventuelle procédure judiciaire, l'Allemagne réserve sa réponse. "Quand la Commission présentera un nouveau texte, nous l'analyserons juridiquement", souligne le secrétaire d'État à l'Économie et au Climat, Sven Giegold.

Le gaz, énergie fossile, suscite également les réticences de l'Autriche comme de l'Allemagne. Les Pays-Bas, favorables à l'inclusion du nucléaire, ne voient par contre "aucune raison scientifique d'intégrer le gaz".

De quoi faire bondir Varsovie: "Si le gaz remplace le charbon car il n'y a pas mieux à court terme, cela peut avoir du sens!", explique à l'AFP le secrétaire d'État polonais Adam Guibourgé-Czetwertynski.

Varsovie soutient également l'inclusion du nucléaire mais regrette que la proposition actuelle n'inclue pas la gestion du cycle du combustible (enrichissement de l'uranium, traitement du combustible usé...), alors que la Pologne ne dispose encore d'aucune centrale, et donc d'aucune infrastructure.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.