Castex esquisse son plan pour ressouder la France et préserver l’emploi

Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours pour présenter son programme à l'Assemblée nationale à Paris, le 15 juillet 2020. (Martin BUREAU/AFP)
Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours pour présenter son programme à l'Assemblée nationale à Paris, le 15 juillet 2020. (Martin BUREAU/AFP)
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Publié le Jeudi 16 juillet 2020

Castex esquisse son plan pour ressouder la France et préserver l’emploi

  • « Environ 40 milliards d'euros seront fléchés vers l'industrie », a indiqué Jean Castex face aux députés
  • Le Premier ministre a insisté sur « le pacte républicain », en soulignant la « préoccupation majeure » de lutter contre l'islamisme radical

PARIS: Jean Castex a dévoilé mercredi dans sa déclaration de politique générale ses mesures afin de « ressouder » la France ébranlée par la crise du coronavirus, en érigeant la « lutte contre le chômage » en priorité « absolue » de la fin du quinquennat et en insistant sur le rôle des territoires.

Face aux députés pour son grand oral, 12 jours après sa prise de fonction, le Premier ministre a affirmé que sa « première ambition, immense » sera de "réconcilier ces France si différentes, les souder ou les ressouder ».

Dans cette perspective, il a développé les lignes de force des deux dernières années du quinquennat: emploi, efficacité de l'action publique, souveraineté économique, transition écologique, protection sociale...

Dans un contexte très dégradé, « la lutte contre le chômage et la préservation de l'emploi" seront "la priorité absolue des 18 prochains mois », a-t-il assuré en précisant des mesures évoquées la veille par le président Emmanuel Macron, comme une prime à l'embauche de 4.000 euros par an pour les jeunes, ou des efforts sur la formation.

M. Castex a également esquissé les contours du plan de relance de 100 milliards d'euros, prévu pour la rentrée, qui misera sur la « reconquête économique » et les territoires.

Environ 40 milliards d'euros seront fléchés vers l'industrie, a-t-il indiqué, arguant que la France avait atteint « un niveau de dépendance qui n'est pas raisonnable ».

Vingt milliards seront consacrés à la rénovation thermique des bâtiments et les technologies vertes. Et le plan de relance portera « un plan vélo très ambitieux », a-t-il promis, en plaidant pour « une croissance écologique » face à la « décroissance verte ».

M. Castex a par ailleurs souhaité que les travaux de rénovation urbaine soient lancés dans 300 des 450 quartiers retenus « d'ici la fin 2021 ».

Le Premier ministre, qui se dépeint en homme des territoires, leur a envoyé des signaux en annonçant que toutes les créations d'emploi de fonctionnaires se feront dans les services départementaux, et non dans les administrations centrales. Et un « droit à la différenciation » sera prochainement consacré dans une loi organique.

La jeunesse est particulièrement ciblée sur le volet social, avec la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire de 100 euros. Afin de "soutenir les étudiants, notamment les plus modestes, qui se retrouvent en difficulté avec moins d’accès aux petits boulots", le chef du gouvernement a également annoncé que « dès la rentrée, les repas dans les restaurants universitaires seront à 1 euro pour les étudiants boursiers », contre 3,30 euros actuellement.

Six milliards seront investis dans le système de santé, a ajouté M. Castex, qui a signé lundi des accords de revalorisation salariale pour les soignants. 

Quant à la réforme des retraites, elle reste « nécessaire » mais il faudra bien distinguer les « mesures financières », a assuré M. Castex.

Sur un autre plan, Jean Castex a déclaré que la préparation face à une reprise possible de l'épidémie du coronavirus « passe nécessairement par le développement du port du masque et une intensification de notre politique de dépistage ».

« Ce que nous devons par-dessus tout éviter, c'est un retour à des formes strictes et larges de confinement, dont nous connaissons désormais le coût », a ajouté le chef du gouvernement.

Enfin, le Premier ministre a insisté sur « le pacte républicain », en soulignant la « préoccupation majeure » du gouvernement de lutter contre l'islamisme radical. Un projet de loi de « lutte contre les séparatismes » doit être présenté à la rentrée.

M. Castex a également souhaité créer « dans les territoires des juges de proximité » qui seront chargés de réprimer les « incivilités du quotidien », en promettant une « réponse ferme ».


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».