DJEDDAH: Une analyse approfondie du British Council a évalué la situation de l'industrie cinématographique en Arabie saoudite. L’étude souligne le potentiel du pays pour que davantage de films soient réalisés par des Saoudiens, en Arabie saoudite, avec pour sujet le Royaume.
Le rapport Saudi Film Skills publié jeudi est le premier du genre. Il paraît alors que le gouvernement saoudien a déclaré, il y a seulement deux ans, la levée de l'interdiction des salles de cinéma en Arabie saoudite, en vigueur depuis trente-cinq ans.
«Le but de l'étude est d’évaluer les lacunes du secteur et, en tant que réalisateurs, nous les connaissons déjà. Cependant, nous devons les définir avec des chiffres et des données précises, afin d'avoir un plan suffisant pour soutenir l'industrie », a déclaré la cinéaste saoudienne Hajar al-Naim à Arab News.
«Nous avons tous à y gagner, le gouvernement, les cinéastes et les investisseurs», ajoute-t-elle. «L’étude a permis de constater de nombreuses lacunes dont nous n'étions pas conscients auparavant.»
La recherche a été menée en 2019-2020 et met en évidence les compétences clés nécessaires pour renforcer et développer l'industrie cinématographique saoudienne à l'avenir après avoir interrogé 422 personnes du secteur. Parmi celles-ci, 40% sont des cinéastes, 30 % des étudiants et 17 % des intervenants sur les équipes de tournage.
Selon le rapport, il existe un potentiel économique énorme pour le cinéma en Arabie saoudite, le public saoudien préférant regarder des films qui reflètent sa propre culture. 93 % de toutes les sociétés cinématographiques saoudiennes filment localement. Par ailleurs, 35 % des personnes interrogées ont déclaré que le plus grand avantage du secteur local est le casting et les talents à l'écran, suivis de la disponibilité des lieux de tournage (19 %) ainsi que le potentiel du marché et la demande du public (17 %).
De plus, ce domaine se caractérise principalement par une main-d’œuvre jeune, 72 % des répondants ayant moins de 30 ans, et 34 % d’entre eux étant des femmes.
Les femmes qui travaillent dans cette industrie ont des motivations différentes de celles de leurs pairs masculins. Par exemple, 51 % des femmes ont déclaré travailler dans le cinéma en raison de leur amour de la narration visuelle, contre seulement 36 % des hommes. Seules 2 % des femmes parties prenantes ont indiqué que le financement était le principal facteur de motivation, contre 16 % des hommes.
Néanmoins, ce secteur prometteur est également confronté à de réels défis car près de la moitié des répondants (43 %) déclarent que le financement sera le plus grand obstacle pour les producteurs et les sociétés sur les cinq ans à venir, tandis que 13 % affirment que c’est le manque de casting qualifié, et 11 % disent que c’est la formation cinématographique et l'accès à l'éducation.
Le recrutement des équipes est aussi un problème important pour les sociétés cinématographiques saoudiennes, car plus de la moitié d’entre elles expliquent que le recrutement est difficile face au problème que pose la pénurie de compétences. En effet, 40% des sociétés parlent d’un manque de compétences, d'éducation ou d'expérience spécifiques à l'emploi comme du plus grand défi du recrutement, suivi de près par le coût de la main-d'œuvre (38 %).
Hajar al-Naim pense que l'industrie cinématographique saoudienne manque d’éléments essentiels pour qui constituent une telle industrie: la règlementation, le financement et les infrastructures.
L'industrie est confrontée à un autre problème: le manque d’intervenants d’équipes techniques. «Tout le monde veut travailler dans les emplois principaux, ils veulent être réalisateurs, producteurs, acteurs et scénaristes, alors que nous manquons d’intervenants d’équipes techniques tels que des opérateurs, des directeurs artistiques et des superviseurs. Les productions internationales seront attirées en Arabie saoudite lorsque nous aurons ces professionnels. Si ce n’est pas le cas, nous ne pourrons pas nous appuyer sur des bases solides.»
Plus de la moitié de toutes les productions saoudiennes sont des courts métrages (54 %), suivis des productions Web (30 %) et seulement 4 % sont des longs métrages.
Le streaming en ligne et les services connexes seraient les plates-formes de visionnage offrant les meilleures opportunités pour le cinéma saoudien à l'avenir, avec Netflix (50 %), YouTube (39 %) et Shahid de MBC (4 %).
Plus d'un tiers du secteur cinématographique est basé à Riyad (39 %) et 29 % dans les villes occidentales de Djeddah et de La Mecque. L’étude, menée par l'agence de recherche londonienne Nordicity, vise à élargir la compréhension des professionnels du secteur culturel en Arabie saoudite et au Royaume-Uni sur les possibilités de collaboration dans le domaine du cinéma, et à développer des programmes et des projets pour soutenir le secteur.
Près d'un tiers des producteurs de films et des sociétés font preuve d’un grand intérêt pour le secteur cinématographique britannique et 72 % des personnes interrogées sont très intéressées par un partenariat avec le Royaume-Uni.
Les producteurs et sociétés de cinéma saoudiens soulignent le professionnalisme du secteur britannique et ses atouts en préproduction.
Parmi eux, près de la moitié (47 %) considèrent que le principal avantage de cette collaboration est l’expérience majeure du Royaume-Uni dans l’industrie cinématographique, suivie par ses normes internationales (21 %). En ce qui concerne les défis, les différences culturelles sont citées comme le problème le plus important, suivies par le coût du voyage (20 %).
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com