SEOUL: L’Arabie saoudite et la Corée du Sud sont convenues de collaborer pour développer l’économie hydrogène, a annoncé le bureau du président Moon Jae-in après la rencontre de ce dernier avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
«Après leur entretien au palais d’Al-Yamamah à Riyad, les deux nations ont conclu des accords préliminaires pour développer conjointement l’hydrogène vert, qui est produit à partir de sources d’énergie renouvelables, notamment solaire et éolienne, et construire conjointement un écosystème d’hydrogène», a déclaré le bureau de Moon dans un communiqué.
En vertu de ces accords, Séoul sera en mesure de s’approvisionner en hydrogène et en ammoniac neutres en carbone auprès du Royaume. Elle aidera également Riyad à exploiter des voitures à hydrogène et des stations de ravitaillement en hydrogène.
Moon entame la deuxième étape de sa tournée au Moyen-Orient, avec, en tête des priorités, la diplomatie économique, l’intelligence artificielle, la santé publique et la coopération énergétique.
Mercredi, le président Moon doit s’entretenir avec le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Nayef ben Falah al-Hajjraf, afin de négocier un accord de libre-échange entre Séoul et le CCG.
Forum des affaires saoudo-coréen
À l’issue de son entretien avec le prince héritier, le président sud-coréen a prononcé un discours liminaire lors d’un forum d’affaires à Riyad.
«L’Arabie saoudite, qui a le potentiel de produire de l’hydrogène propre, comme l’hydrogène vert et bleu, et la Corée du Sud, qui possède des atouts dans l’utilisation de l’hydrogène grâce aux voitures à hydrogène et à la technologie des piles à combustible, doivent coopérer étroitement pour être à la tête de l’économie mondiale de l’hydrogène», a souligné Moon, cité par la principale agence de presse sud-coréenne, Yonhap News Agency.
Le Forum des affaires saoudo-coréen a abouti aujourd’hui à 13 accords d’investissement dans des domaines d’intérêt stratégique tels que les énergies propres et la fabrication, les infrastructures intelligentes et la numérisation, le renforcement des capacités, les PME, les soins de santé et les sciences de la vie.
Le Fonds d’investissement public (PIF) et Aramco ont signé de nombreux contrats avec des entreprises coréennes de premier plan, notamment Posco, dans laquelle le PIF détient une participation de 38%.
Le ministre saoudien de l’Investissement Khaled al-Faleh et le ministre coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie, Moon Sung-wook, se sont réunis dans le cadre du comité saoudo-coréen pour la Vision 2030, selon SPA.
Ce comité a été créé en 2017 pour exploiter des ressources complémentaires afin de générer des avantages économiques et des opportunités commerciales conformément à la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et au plan quinquennal (2017-2022) de la Corée pour l’administration des affaires d’État.
Accords
Le ministère saoudien de l’Investissement a signé un contrat avec Samsung C&T qui lui permettra de développer et de localiser les industries liées aux technologies de construction, aux produits verts et à l’investissement dans la construction et le financement de projets d’infrastructure.
Le PIF a quant à lui signé un mémorandum d’entente avec les entreprises coréennes Posco et Samsung C&T afin d’étudier et d’élaborer un projet de production d’hydrogène vert en Arabie saoudite à des fins d’exportation. Quant au ministère saoudien de l’Investissement, il a signé une déclaration de coopération conjointe avec Samsung C&T dans le domaine de l’hydrogène vert pour les blocs de béton préfabriqués et les infrastructures.
Mémorendum d’entente également entre Aramco et la Korea Electric Power Corporation (KEPCO) pour réaliser une étude de préfaisabilité sur l’ammoniac bleu et l’hydrogène bleu pour l’investissement, la production, la logistique et les ventes. En outre, la société saoudienne a conclu un contrat avec Posco concernant l’investissement dans l’ammoniac bleu et l’hydrogène bleu et une entente de base avec l’Export-Import Bank of Korea pour des accords-cadres qui comprennent une limite de crédit allant jusqu’à 6 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro). Saudi Aramco a par ailleurs signé une série d’accords avec S-Oil dans des domaines tels que la recherche et le développement, l’hydrogène bleu et le développement technologique.
La Saudi Arabian Industrial Investments Co. (Dussur), Saudi Aramco et Doosan Heavy Industries and Construction ont pour leur part conclu un contrat pour construire une usine de moulage et de forgeage du fer à haut rendement à Ras al-Khair, avec une capacité de production de 83 000 tonnes par an. Cet accord devrait permettre d’attirer les investissements étrangers, de transférer des technologies de qualité en Arabie saoudite et de localiser les chaînes d’approvisionnement des secteurs stratégiques de l’industrie des équipements destinés aux secteurs du pétrole et du gaz, de l’eau, de l’énergie et du transport maritime.
De plus, le promoteur immobilier saoudien ROSHN et Samsung C&T ont convenu d’établir un cadre non exclusif pour explorer conjointement les opportunités dans le développement de logements et les blocs de béton préfabriqués.
L’Office coréen de la propriété intellectuelle et l’Autorité saoudienne de la propriété intellectuelle (SAIP) ont signé des accords de partenariat avancés en vue d’une coopération bilatérale, notamment en ce qui concerne le détachement d’experts coréens auprès de la SAIP.
Le ministère de la Garde nationale d’Arabie saoudite a signé un accord, qui revêt la forme d’une lettre d’intention, avec EzCaretech, en vue de fournir et de mettre en œuvre conjointement un outil de solutions médicales basé sur l’intelligence artificielle, baptisé Dr. Answer, dans des hôpitaux spécifiques.
Enfin, Kumho Tire et Al-Sahm al-Usud for Tires ont conclu un accord de partenariat technique pour construire une usine de production de pneus. La capacité de production de l’usine atteindra 15 millions de pneus par an, et la production devrait commencer au troisième trimestre de 2023.
Commerce entre l’Arabie saoudite et la Corée
L’Arabie saoudite est le premier partenaire économique et commercial de la Corée du Sud au Moyen-Orient, contribuant à plus de 30% des importations totales de pétrole brut de Séoul en 2021, selon les données de la Korea International Trade Association.
Le Royaume et la République de Corée entretiennent un partenariat de longue date, qui a débuté avec l’établissement de relations diplomatiques il y a 60 ans. Cette relation a profité aux deux pays sur le plan économique, le commerce bilatéral étant passé de 3,9 milliards de dollars en 1980 à 25,5 milliards de dollars en 2019.
Au début du mois, le ministre sud-coréen de l’Industrie, Moon Sung-wook, a rencontré le ministre saoudien de l’Énergie, Abdelaziz ben Salmane, à Riyad, pour discuter de la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire et d’autres domaines énergétiques dans le cadre de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
À ce jour, les projets conjoints entre l’Arabie saoudite et la Corée du Sud sont au nombre de 120 et leur valeur s’élève à environ 1 milliard de dollars. Parmi eux, 20% sont des projets industriels.
Selon SPA, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de 66% au cours du troisième trimestre de 2021, par rapport à la même période de l’année dernière, pour atteindre 27,7 milliards de riyals saoudiens (1 riyal saoudien = 0,23 euro).
Coopération entre les Émirats arabes unis et la Corée du Sud
Le déplacement de Moon en Arabie saoudite fait suite à sa visite de quatre jours aux Émirats arabes unis, au cours de laquelle il a conclu un contrat de 3,5 milliards de dollars pour la vente de missiles sol-air coréens KM-SAM, connus sous le nom de Cheongung II.
Outre l’accord d’exportation d’armes — le plus important de ce type dans l’histoire de la Corée du Sud — Abu Dhabi et Séoul ont convenu d’étendre leur coopération au développement de technologies de capture du carbone pour créer ce que l’on appelle l’hydrogène bleu, la nation d’Asie de l’Est cherchant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
L’hydrogène bleu est obtenu à partir de gaz naturel selon un processus qui empêche les émissions de carbone d’être libérées dans l’atmosphère.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com