L'ex-président Porochenko rentre en Ukraine et risque la détention

Cette photo prise et publiée par le service de presse de l'ancien président ukrainien Petro Porochenko le 17 janvier 2022 montre l'ex-président ukrainien Petro Porochenko s'exprimant lors d'une pause d'audience à Kiev. (Mikhail Palinchak / Service de presse de l'ancien président ukrainien / AFP)
Cette photo prise et publiée par le service de presse de l'ancien président ukrainien Petro Porochenko le 17 janvier 2022 montre l'ex-président ukrainien Petro Porochenko s'exprimant lors d'une pause d'audience à Kiev. (Mikhail Palinchak / Service de presse de l'ancien président ukrainien / AFP)
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Publié le Lundi 17 janvier 2022

L'ex-président Porochenko rentre en Ukraine et risque la détention

  • Porochenko doit comparaître en fin de matinée devant un tribunal qui doit décider s'il y a lieu de placer l'ex-chef de l'État en détention provisoire
  • Ce retour n'est pas sans rappeler celui en Russie de l'opposant Alexeï Navalny, il y a exactement un an

KIEV, Ukraine : L'ex-président ukrainien Petro Porochenko est rentré dans son pays lundi, malgré la menace d'une arrestation pour "haute trahison", une affaire qui risque de provoquer une crise politique intérieure, en pleines tensions géopolitiques avec la Russie.

Son vol de ligne a atterri peu après 07H10 GMT à l'aéroport Sikorsky de Kiev, en provenance de Varsovie. M. Porochenko, qui avait quitté l'Ukraine depuis un mois, a passé le contrôle des passeports dans la cohue, affirmant ensuite que les garde-frontières avaient tenté de ne pas le laisser rentrer.

Il doit comparaître en fin de matinée devant un tribunal qui doit décider s'il y a lieu de placer l'ex-chef de l'État et opposant au président Volodymyr Zelensky en détention provisoire. 

Les autorités "ont tellement peur de nous", a-t-il lancé. "Ils ont dirigé tous leurs efforts non pas vers la protection de l'État contre l'agresseur (russe) mais vers la lutte contre l'opposition", a-t-il accusé.

Devant l’aéroport, plusieurs milliers de ses partisans étaient rassemblés. "Nous avons besoin de la démocratie" ou "Le pays a besoin de Porokh" (surnom de Porochenko), proclamaient leurs pancartes.

- Principal opposant -

Ce retour n'est pas sans rappeler celui en Russie de l'opposant Alexeï Navalny, il y a exactement un an. Le détracteur du Kremlin a été arrêté et est en prison depuis.

M. Porochenko accuse son successeur d'avoir ordonné les poursuites contre lui pour "détourner l'attention" des problèmes réels du pays.

Âgé de 56 ans, il est le principal rival de l'actuel président et l'un des hommes les plus riches d'Ukraine. Les autorités le suspectent d'avoir, pendant sa présidence, entretenu des liens commerciaux avec des séparatistes pro-russes de l'Est, ce qui constituerait un acte de "haute trahison".

Ce bras de fer intervient au moment où l'Ukraine craint une invasion par la Russie voisine qui a massé depuis des mois troupes et blindés à ses frontières.

Moscou dément tout projet d'offensive militaire, mais réclame, sous peine de représailles, qu'Américains et Européens s'engagent à ne jamais accepter l'Ukraine au sein de l'Otan. Une revendication rejetée jusqu'ici.

Dans ce contexte explosif, Kiev a accusé dimanche la Russie d'être derrière une cyberattaque d'ampleur qui a visé la semaine dernière les sites de plusieurs ministères.

M. Porochenko, dont la fortune est estimée à 1,6 milliard de dollars par le magazine spécialisé Forbes, a dirigé le pays de 2014 à 2019, avant d'être battu par M. Zelensky.

Aujourd'hui député, l'ex-président a été cité depuis dans plusieurs dizaines d'affaires judiciaires. En décembre, les autorités ont annoncé qu'elles le soupçonnaient de "haute trahison".

- Avoirs gelés -

M. Porochenko rejette en bloc les accusations et Washington, principal allié de l'Ukraine face à la Russie, a dit "suivre de près" le dossier.

Début janvier, un tribunal de Kiev a ordonné le gel des avoirs de l'ex-président qui possède notamment une grosse entreprise de confiserie, Roshen, et deux chaînes de télévision.

Il est soupçonné d'avoir facilité l'achat de charbon à des entreprises situées dans l'est de l'Ukraine, aux mains des séparatistes prorusses qui sont en guerre contre Kiev.

Les faits remontent à 2014 et 2015 et portent sur environ 48 millions d'euros.

Le crime est passible de 15 ans de prison.

L'Ukraine est déchirée depuis 2014 par un conflit dans l'Est du pays entre forces de Kiev et séparatistes prorusses qui a fait plus de 13.000 morts et a démarré après l'annexion de la Crimée par Moscou.

Toute tentative de coopération avec les séparatistes, dont Moscou est largement considéré comme le parrain militaire, est très mal perçue par nombre d'Ukrainiens.

En 2019, M. Porochenko avait été battu à plate couture par Volodymyr Zelensky, un ex-comédien novice en politique.

L'ancien chef de l'Etat semble déterminé à prendre sa revanche.

Pendant son passage au pouvoir, M. Porochenko a rapproché son pays des Occidentaux, mais n'a pas réussi à endiguer la corruption et la pauvreté. M. Zelensky a promis d'éradiquer ces fléaux, sans y parvenir jusqu'à présent.


Des dizaines de séismes dans la région de Naples

Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking
  • Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques

 

ROME: Des dizaines de secousses sismiques d'une intensité inédite depuis 40 ans ont été enregistrées lundi soir sur les Champs phlégréens, près de Naples, dans le sud de l'Italie, sans faire de dégâts majeurs mais semant la panique parmi les habitants, ont rapporté les autorités.

Une secousse d'une magnitude de 4,4 a été enregistrée à 20H10 locales (18H10 GMT), à 2,5 kilomètres de profondeur, a annoncé l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques.

"Depuis 19H51 (17H51 GMT, NDLR) est en cours un essaim sismique dans la région des Champs phlégréens", une zone volcanique, et "49 tremblements de terre ont été mesurés", a précisé l'institut dans un communiqué peu avant minuit.

Selon Mauro Di Vito, de l'INGV, "il s'agit du plus puissant essaim sismique de ces 40 dernières années".

Les pompiers ont fait état sur le réseau social X de "fissures" et de "chutes de corniches" tandis que des vidéos amateur montraient le sol d'un supermarché jonché de bouteilles de lait ou d'alcool tombées des rayons à Pouzzoles, commune située dans la zone d'activité des Champs phlégréens dans laquelle résident un demi-million de personnes.

Nouvelles secousses 

Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking et une place en bord de mer pour accueillir les habitants paniqués, a annoncé le maire de la ville, Luigi Manzoni, sur Facebook.

L'INGV n'exclut pas de nouvelles secousses dans la nuit.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs phlégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

"On doit vivre avec la peur, tout le temps", a témoigné un habitant de Pouzzoles sur la chaîne publique Rainews. "Combien de temps les bâtiments pourront tenir en subissant toutes ces secousses, c'est ce qu'on se demande, il ne sont pas faits pour en absorber autant."

"La terre continue à se soulever au rythme de deux centimètres par mois, c'est un rythme plus élevé que l'an dernier, et il semble que cela doive se poursuivre malheureusement", a estimé le volcanologue Mauro Di Vito sur la chaîne Canale 21.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.


Amal Clooney parmi les experts ayant conseillé la CPI sur les crimes de guerre à Gaza

 L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
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  • L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
  • "Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré

WASHINGTON: L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a demandé des mandats d'arrêt contre deux ministres israéliens, dont Benjamin Netanyahu, et trois dirigeants du Hamas.

Dans un message sur le site de la "Clooney foundation for justice", fondée avec son mari acteur George Clooney, l'avocate et militante des droits humains explique qu'elle a été contactée "il y a plus de quatre mois" par le procureur de la CPI pour rejoindre un groupe d'experts en droit international chargé d'"examiner des preuves de crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés" commis en Israël et dans la bande de Gaza.

"Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré.

"Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que les chefs du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment prise d'otage, assassinat et crime sexuel. Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment l'emploi de la famine comme arme de guerre, assassinat, persécution et extermination", a-t-elle écrit.

Au sujet des demandes de mandats d'arrêt réclamés lundi par le procureur Karim Khan, l'avocate libano-britannique a assuré qu'elle soutenait cette "étape historique" visant à "faire justice aux victimes d'atrocités en Israël et en Palestine".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.


Biden affirme que l'offensive d'Israël à Gaza «  n'est pas un génocide »

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
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  • "Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU
  • Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI)

WASHINGTON: Joe Biden a pris lundi la défense d'Israël face à la justice internationale, jugeant "scandaleuse" la demande de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et balayant l'accusation de "génocide" pour l'offensive à Gaza.

"Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, devant laquelle Israël est accusé de "génocide".

Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI).

Ce magistrat a réclamé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et contre son ministre de la Défense.

"Nous rejetons" cette demande, a dit Joe Biden, répétant que son soutien à Israël était "inébranlable".

« Scandaleuse »

"Nous sommes aux côtés d'Israël pour éliminer (le chef du Hamas à Gaza Yahya) Sinouar et le reste des bouchers du mouvement palestinien", a-t-il encore déclaré, en promettant de s'activer "contre vents et marées" pour libérer les otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre.

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".

Les Etats-Unis continueront cependant à "apporter (leur soutien à la CPI) en ce qui concerne les crimes commis en Ukraine", a de son côté souligné le chef du Pentagone Lloyd Austin.

La CPI avait émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, accusé du crime de guerre d’expulsion illégale d’enfants ukrainiens.

"Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune", a asséné Joe Biden dans son communiqué.

Antony Blinken a estimé dans un communiqué que la demande du procureur "pourrait compromettre" les pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza.

Par ailleurs, la CPI n'a "pas de juridiction" sur Israël, a-t-il rappelé.

Ni Israël ni les Etats-Unis ne sont membres de la CPI.

« Génocide »

Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense ainsi que trois dirigeants du Hamas pour crimes contre l'humanité présumés.

Karim Khan a déclaré avoir réclamé des mandats contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.

La CIJ, elle, est l'organe judiciaire principal des Nations unies et juge des différends entre Etats.

Elle a été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" dans la conduite de son offensive militaire à Gaza.

La CPI et la CIJ siègent à La Haye (Pays-Bas).