FLORENCE: Après avoir assisté à 40 meetings de Donald Trump, Jonathan Riches est absolument persuadé que la dernière élection présidentielle américaine a été "volée" à son champion.
Une conviction partagée par les milliers d'autres qui, comme lui, ont patienté des heures samedi dans un champ poussiéreux de l'Arizona pour assister à un discours de l'ex-président, et ce, malgré le souhait des chefs du parti républicain de laisser 2020 derrière eux pour mieux se concentrer sur les législatives de mi-mandat prévues en novembre.
"On adore notre président -- je l'appelle président Trump car je continue de considérer qu'il est mon président", a confié à l'AFP M. Riches, 44 ans, avant l'arrivée du milliardaire républicain sur la scène de cette réunion publique.
Dans cette petite bourgade de Florence, à environ 100 km de Phoenix, certains sont venus de très loin et plusieurs jours à l'avance -- Jonathan Riches de Floride, à 3.500 km de là --, profitant d'une ambiance de kermesse avec des amis affluant de tout le pays comme Jennifer Winterbauer, depuis le Texas.
"Tout le monde ici fait partie de la famille", estime-t-elle.
Les enceintes du meeting diffusent les leitmotivs habituels du trumpisme: le président Joe Biden serait "dérangé", les médias "bidons", les frontières soi-disant "ouvertes"... mais surtout, l'élection de novembre 2020 entachée de "fraude".
Pourrie jusqu'à la moelle
Les républicains les plus hauts gradés tentent pourtant de se détacher de ce récit martelé depuis plus d'un an par l'ex-président.
Leur chef au Sénat, Mitch McConnell, est venu cette semaine au secours d'un de ses collègues, Mike Rounds, qui avait reconnu la défaite du magnat de l'immobilier.
"Je suis d'accord avec lui", a dit sur CNN l'influent sénateur qui s'efforce de recentrer l'attention son parti vers le bilan de Joe Biden dont la première année de mandat a été rendue difficile par le Covid-19, l'inflation et les querelles intestines chez les démocrates.
Mais l'emprise de Donald Trump sur la base du parti ne lui facilite pas la tâche.
"Il faut qu'on réagisse à 2020", insiste ainsi auprès de l'AFP Jennifer Winterbauer, 49 ans. Sinon "on aura le même problème".
Pour elle, "c'est comme Trump dit, quand on braque une banque, on se fait attraper. On ne peut pas garder l'argent, ni s'en tirer comme ça".
Sur scène, les intervenants se succèdent et rabâchent les théories complotistes à propos de cette prétendue fraude à la présidentielle, qu'aucune preuve n'est jusqu'ici venue étayer.
"Cette élection était pourrie jusqu'à la moelle", a par exemple dit l'élu de la Chambre des représentants Paul Gosar.
Et lorsque Donald Trump lui-même a enfin pris la parole, il a opposé les personnes "intelligentes" et "fortes" -- qui souscrivent à ses allégations sans fondement -- à celles "horribles" et "faibles".
"Si on prête vraiment attention aux faits, aux différents audits, différentes informations, on voit très clairement" que le scrutin n'était pas "légitime", abonde Will Garrity, venu de Houston, au Texas, alors que les multiples analyses indépendantes et enquêtes judiciaires ont toutes confirmé la validité de la victoire de Joe Biden
Un sondage indiquait ce mois-ci qu'environ 40% des Américains pensaient que l'élection avait été compromise.
"Si on continue de regarder en arrière et de dire à nos gens de ne pas voter car il y a de la fraude, alors on se crée un énorme désavantage", expliquait justement le sénateur Mike Rounds sur ABC News.