En Belgique, une «ville fantôme» bien décidée à renaître

Cette photographie prise le 7 janvier 2022 montre des maisons abandonnées à Doel près de la ville d'Anvers. Le village de Doel fait face à sa bataille finale pour sa survie contre les plans d'expansion du port adjacent d'Anvers qui l'effaceront de la carte pour faire place à un nouveau quai à Doel près de la ville portuaire d'Anvers. (François Walschaerts/AFP)
Cette photographie prise le 7 janvier 2022 montre des maisons abandonnées à Doel près de la ville d'Anvers. Le village de Doel fait face à sa bataille finale pour sa survie contre les plans d'expansion du port adjacent d'Anvers qui l'effaceront de la carte pour faire place à un nouveau quai à Doel près de la ville portuaire d'Anvers. (François Walschaerts/AFP)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

En Belgique, une «ville fantôme» bien décidée à renaître

  • Surtout connue pour héberger une centrale nucléaire, isolée au milieu des polders en bordure de l'Escaut, la petite cité flamande a été victime d'un projet d'extension du gigantesque port d'Anvers
  • La police patrouille régulièrement pour prévenir le vandalisme et empêcher l'installation de squatteurs

DOEL, Belgique : Avec ses rues désertes et ses façades murées, Doel, au nord d'Anvers, est la «ville fantôme» la plus célèbre de Belgique. Mais ses quelques habitants -21 actuellement- ont aujourd'hui l'espoir de voir leur cité renaître.

Il s'agirait d'un spectaculaire revirement pour un lieu qui se vide régulièrement depuis la fin des années 1970, époque où sa population était 60 fois plus importante.

Surtout connue pour héberger une centrale nucléaire, isolée au milieu des polders en bordure de l'Escaut, la petite cité flamande a été victime d'un projet d'extension du gigantesque port d'Anvers qui a poussé les habitants à fuir... mais n'a finalement jamais vu le jour.

Conséquence : elle est devenue un terrain de jeu pour les graffeurs, ainsi qu'une sorte d'attraction morbide pour les touristes curieux et les «explorateurs urbains» venant se filmer dans des bâtiments en ruine.

La police patrouille régulièrement pour prévenir le vandalisme et empêcher l'installation de squatteurs.

Seuls une église et deux cafés -- dont un adossé à un moulin du XVIIe siècle -- rappellent aux visiteurs que le village n'est pas complètement déserté.

«Ce n'est pas une ville fantôme... Bien sûr si vous venez ici le dimanche, ou surtout le soir, vous voyez les maisons vides et c'est ça qui suscite ce type de commentaires», explique une habitante, Liese Stuer.

«Il est très important que les gens sachent qu'on peut encore vivre ici et venir s'installer», ajoute-t-elle.

Cette femme de 37 ans, professeure de néerlandais pour les étrangers et graphiste indépendante, s'est installée il y a cinq ans à Doel où résidait déjà son conjoint.

Enfant, elle s'y rendait avec ses grands-parents, qui vivaient à proximité, et elle se souvient du lieu comme d'une destination courue pour s'aérer dans la verdure.

Mais le destin de Doel a dérapé à la fin des années 1990, lorsque les autorités belges ont décidé d'exproprier et de raser plusieurs zones urbanisées autour du port d'Anvers --le deuxième d'Europe-- pour construire un nouveau quai à conteneurs.

Si la plupart des habitants sont partis, une poignée d'irréductibles est restée et a décidé de contester ce projet devant les tribunaux, tout en promouvant le street-art pour égayer les maisons vides.

- «Cicatrices du passé» -

Après une série de rebondissements en justice, la victoire est acquise en 2019 quand le gouvernement régional flamand confirme que le village pourra être conservé.

Trois ans plus tôt, en 2016, le Conseil d'Etat belge avait invalidé le projet d'extension du port, en s'appuyant sur une décision de la Cour de justice de l'UE qui insistait sur la nécessaire préservation des marécages au bord de l'Escaut.

Liese Stuer explique être restée à Doel pour la nature, et pour la solidarité et les liens qui se sont créés entre résidents.

«Le vert que l'on voit ici l'été, c'est vraiment agréable (...) c'est l'endroit où je veux que mon enfant grandisse», poursuit la graphiste. «Et puis je n'ai pas l'impression d'être isolée, pas du tout, l'ambiance est très chaleureuse ici».

Sur la forme que prendra la résurrection du lieu, les discussions se poursuivent entre autorités et habitants.

En décembre, la commune a présenté un plan visant à accueillir progressivement de nouveaux habitants et à rénover un vieux bateau échoué, tout en construisant un nouveau quai pour les besoins du trafic portuaire.

«Nous savons que le village ne disparaîtra pas... Il a effectivement l'image d'une ville fantôme, mais il ne doit pas l'être», assure Matthias Diependaele, ministre flamand chargé des Finances et du Patrimoine immobilier. Le gouvernement flamand est aujourd'hui propriétaire de toutes les maisons sauf une.

«La chose la plus difficile est que nous savons pertinemment que juste à côté, il y aura une activité portuaire 24 heures sur 24 et sept jours sur sept», ajoute-t-il.

A ce stade, aucun calendrier n'a été arrêté, il est seulement question de préciser dans les semaines ou mois à venir les projets pour faire revivre Doel.

«J'espère vraiment qu'ils évolueront dans le sens du retour à un village normal, avec ses cicatrices, bien sûr... Elles seront toujours visibles, les cicatrices de ce passé récent», lâche Liese Stuer.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.