Englué dans le «partygate», Boris Johnson lutte pour sa survie politique

Attendues au mieux la semaine prochaine, les conclusions de cette enquête interne s'annoncent désormais déterminantes pour le destin de Boris Johnson. (AFP)
Attendues au mieux la semaine prochaine, les conclusions de cette enquête interne s'annoncent désormais déterminantes pour le destin de Boris Johnson. (AFP)
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Publié le Vendredi 14 janvier 2022

Englué dans le «partygate», Boris Johnson lutte pour sa survie politique

  • Déjà accablé par une série d'autres scandales, Johnson avait présenté ses excuses mercredi au Parlement pour avoir participé à une fête le 20 mai 2020, affirmant avoir alors pensé qu'il s'agissait d'une réunion de travail
  • L'événement, pour lequel une invitation avait été envoyée par son secrétaire à une centaine de personnes, s'est déroulé pendant une période traumatisante pour les Britanniques

LONDRES: Visé par des appels à la démission au sein même de sa majorité, Boris Johnson bataille pour son maintien à la tête du gouvernement britannique après son mea culpa pour sa présence à une fête à Downing Street en plein confinement en 2020.


La situation s'est encore compliquée jeudi après des révélations du média The Telegraph faisant état d'une autre fête à Downing Street, toujours en plein confinement, mais cette fois à la veille des funérailles du prince Philip, l'époux de la reine Elizabeth, alors que le pays était en deuil national.


Déjà accablé par une série d'autres scandales, le dirigeant conservateur âgé de 57 ans avait présenté ses excuses mercredi au Parlement pour avoir participé à une fête le 20 mai 2020 dans les jardins de sa résidence officielle, affirmant avoir alors pensé qu'il s'agissait d'une réunion de travail. 


L'événement, pour lequel une invitation avait été envoyée par son secrétaire à une centaine de personnes, s'est déroulé pendant une période traumatisante pour les Britanniques. En pleine première vague de Covid-19, seules deux personnes étaient autorisées à se retrouver à l'extérieur et nombre de Britanniques n'ont pas pu dire adieu à leurs proches mourants.


Immédiatement, les partis de l'opposition, les travaillistes en tête qui l'ont accusé de mensonge, ont réclamé sa démission, tandis que les membres de son gouvernement lui ont dans leur majorité apporté leur soutien, sur Twitter ou dans les médias.


Le sujet ne fait toutefois pas l'unanimité dans les rangs des conservateurs, qui louaient jusqu'à récemment la capacité de Boris Johnson à séduire, avec sa promesse de réaliser le Brexit, les classes populaires du nord de l'Angleterre naguère acquises au Labour.

«Mort-vivant»
L'appui très timoré que lui a apporté un poids lourd de l'exécutif, le ministre des Finances Rishi Sunak, perçu comme un potentiel candidat au poste de Premier ministre, a été ainsi largement commenté.


En déplacement dans le Devon (sud-ouest de l'Angleterre) tandis que le chef du gouvernement affrontait les foudres des députés, M. Sunak a mis huit heures à se ranger derrière lui, via un tweet dans lequel il insiste sur son propre engagement pour l'emploi au Royaume-Uni. 


"Le Premier ministre a bien fait de présenter ses excuses et je soutiens sa demande de faire preuve de patience" en attendant les résultats de l'enquête interne menée par la haute fonctionnaire Sue Gray, a-t-il sobrement déclaré. 


Attendues au mieux la semaine prochaine, les conclusions de cette enquête interne s'annoncent désormais déterminantes pour le destin de Boris Johnson. 


Raillée pour la ligne qu'elle suit consistant à ne pas enquêter a posteriori en matière de violation des règles anticovid, la police de Londres a annoncé jeudi soir qu'elle réexaminerait sa façon de voir les choses si l'enquête interne mettait en évidence de potentielles infractions pénales.


Signe des fissures qui lézardent l'unité du parti au pouvoir, la révolte gronde aussi chez les conservateurs écossais, qui jugent sa position intenable, et des députés tories à Westminster. 


Comme Roger Gale, pour qui Boris Johnson est un "mort-vivant", certains élus se sont ouvertement dits favorables à un vote de défiance au sein du Parti conservateur afin de le pousser vers la sortie. 


"La position du Premier ministre est intenable et je pense qu'on ne doit pas laisser les conclusions d'une fonctionnaire déterminer son avenir", a acquiescé un autre député, William Wragg, le vice-président du puissant Comité 1922, responsable de l'organisation parlementaire de la formation. "Il revient au Parti conservateur, si ce n'est au Premier ministre lui-même, de prendre cette décision", a-t-il ajouté sur la BBC. 


Ce scandale vient s'ajouter à d'autres révélations sur des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les périodes de confinement des deux dernières années, ainsi qu'à des accusations de corruption et de favoritisme. 


Boris Johnson, arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019, a depuis vu sa popularité longtemps inoxydable dégringoler dans les sondages. L'un d'eux, réalisé par YouGov pour le Times avant ses excuses, donne au Labour une large avance de dix points, une première en près d'une décennie. 


Jeudi, le chef du gouvernement a échappé aux caméras et aux questions des médias: cas contact Covid, il a annulé une visite prévue dans un centre de vaccination. 


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.