PARIS: Alors qu'une grève géante se profile jeudi dans les écoles, l'exécutif est sous le feu des oppositions, qui ont pilonné mercredi le ministre Jean-Michel Blanquer mais aussi le "président candidat" Emmanuel Macron, à moins de trois mois du premier tour.
La toute fin de soirée a offert une consolation au gouvernement avec le vote, au Sénat, d'un projet de loi sur le pass vaccinal, toutefois substantiellement modifé.
Turbulences aussi au sein d'une gauche divisée autour de la Socialiste Anne Hidalgo, enlisée entre 2 et 5% des intentions de vote. La direction du PS a dû réaffirmer qu'il n'y avait aucune "ambiguïté" dans son soutien à l'actuelle maire de Paris alors que la candidature de Christiane Taubira se rapproche à grand pas.
Attaqué par l'opposition lors des questions au gouvernement au Sénat, le Premier ministre Jean Castex a défendu la stratégie du gouvernement sur la vaccination, "arme centrale" contre le Covid, et le protocole sanitaire dans les écoles.
"Tout n'a pas été parfait" quant à ce protocole, allégé lundi face à la "pagaille" engendrée, a toutefois concédé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Très en soutien
Il a assuré que l'exécutif était "très en soutien" du ministre de l'Education, particulièrement fragilisé après avoir été l'un des piliers les plus solides du gouvernement avec un record de longévité exceptionnel dans un poste faisant figure de siège éjectable.
"Ça ne sert à rien de l'enfoncer. On ne va pas changer de ministre à moins de 100 jours de la présidentielle. Mais ce n'est pas une situation facile", souligne un poids lourd de la macronie.
La candidate du RN, Marine Le Pen a assuré sur BFMTV et RMC "comprendre parfaitement" la grève et l'"authentique et légitime" exaspération des Français face à un gouvernement qui leur "pourrit l'existence".
Même tonalité chez son rival à l'extrême droite Eric Zemmour (Reconquête!) qui "soutient et approuve ce mouvement car le gouvernement fait n'importe quoi" avec un protocole sanitaire "débile", a-t-il estimé sur BFMTV.
"C'est un désordre et un chaos généralisés dans l'école, et moi je ressens cette immense souffrance, à la fois de la communauté éducative, mais aussi surtout des parents", a abondé sur France 2 la candidate LR, Valérie Pécresse.
Le porte-parole du PS Boris Vallaud appelle même à la démission de Jean-Michel Blanquer, qui a affirmé mardi devant les députés qu'"on ne fait pas une grève contre un virus".
Le chef de l'Etat peut au moins se féliciter que l'examen du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal au Sénat, dominé par la droite, ait eu lieu dans un climat apaisé. Loin de la vindicte des oppositions en première lecture à l'Assemblée, alimentée notamment par l'affirmation de son "envie d'emmerder" les non-vaccinés.
Le Sénat a voté dans la nuit de mercredi jeudi le texte en première lecture, avec des "ajustements", pour une entrée en vigueur de la loi espérée par le gouvernement dès le 17 janvier, en plein rebond épidémique (près de 24.000 patients étaient hospitalisés mercredi soir, dont près de 4.000 en soins critiques).
Je crains la haine
Brigitte Macron est revenue de son côté lors d'un entretien sur TF1 sur les violences visant les élus, notamment ceux en faveur du pass: "Je crains la violence, je crains la haine, je crains aussi cette espèce de crescendo permanent, on va de plus en plus loin".
Dans les intentions de vote, Emmanuel Macron reste favori. Les deux derniers sondages du jour (Elabe et Harris Interractive) le donnent en tête au premier tour entre 23 et 25%, devant Valérie Pécresse et Marine Le Pen, toutes deux à 16-17%, et l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour (entre 13 et 15%).
A gauche, la socialiste Anne Hidalgo présente jeudi son projet présidentiel et espère se relancer après sa tentative avortée de rassembler une gauche fragmentée entre cinq candidatures.
Les priorités de son programme, dévoilé dès mercredi soir par le journal Le Monde, portent sur l'éducation, la santé, le pouvoir d'achat, la transition écologique, la jeunesse et les services publics.
Certaine mesures étaient déjà connues, comme l'augmentation du Smic de 15% (200 euros net par mois), la revalorisation des salaires des enseignants en début de carrière pour qu'ils atteignent ceux des cadres, l'abrogation de la réforme de l'assurance-chômage et de ParcourSup, la création d'un "minimum jeunesse" pour les jeunes de plus de 18 ans sous condition de ressources.
L'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, qui se soumettra au résultat de la Primaire populaire, une initiative citoyenne d'investiture du 27 au 30 janvier, devrait pour sa part officialiser sa candidature samedi à Lyon.
En tête de la gauche dans les sondages, le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon continue, lui, de tracer sa route, fustigeant la stratégie de "l'union à tout prix à gauche" qu'il compare à "une machine à désespérer".