Mali: la France et l'UE soutiennent les sanctions ouest-africaines contre la junte

Le président français Emmanuel Macron (à droite) écoute le président du Conseil européen Charles Michel (à gauche) lors d'une conférence de presse conjointe après un déjeuner de travail pour discuter des principales priorités des six mois de présidence française de l'Union européenne, à l'Elysée à Paris en janvier 11, 2022. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) écoute le président du Conseil européen Charles Michel (à gauche) lors d'une conférence de presse conjointe après un déjeuner de travail pour discuter des principales priorités des six mois de présidence française de l'Union européenne, à l'Elysée à Paris en janvier 11, 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 12 janvier 2022

Mali: la France et l'UE soutiennent les sanctions ouest-africaines contre la junte

  • L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au coeur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putschs depuis 2020
  • Mais un texte du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant les sanctions de la Cédéao, proposé par la France, a été bloqué mardi par la Russie et la Chine

BAMAKO: La France, l'Algérie et les Etats-Unis ont ajouté mardi à la pression exercée par les Etats ouest-africains sur la junte malienne pour qu'elle se plie à l'exigence d'un retour rapide des civils au pouvoir.

La junte, elle, tente de rallier les Maliens autour d'un discours patriotique et les appelle à manifester vendredi contre les sanctions infligées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

La Cédéao a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années.

L'effet de ces mesures de rétorsion sur la junte, mais aussi sur la population, ajoutent à l'incertitude des lendemains dans un pays au coeur de l'instabilité sahélienne, théâtre de deux putschs depuis 2020.

La France et les Etats-Unis, importants partenaires du Mali, ont pris le sillage de la Cédéao. Le président Emmanuel Macron a assuré que la France et l'Union européenne, dont son pays assure la présidence tournante, soutenaient la "position très claire et ferme" de la Cédéao face aux "dérives de la junte".

Les Européens se préparent à renforcer à leur tour leurs sanctions, a-t-il dit.

Mais un texte du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant les sanctions de la Cédéao, proposé par la France, a été bloqué mardi par la Russie et la Chine.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a quant à lui accusé mardi les mercenaires du groupe russe Wagner de "soutenir" la junte au pouvoir au Mali sous couvert de lutte antijihadiste.

"Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis soutiennent également les sanctions ouest-africaines, a dit leur ambassadrice à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une réunion du Conseil de sécurité.

Un délai de cinq années, comme l'ont demandé les colonels pour passer la main aux civils, "prolonge la douleur" des Maliens, plongés dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, a-t-elle dit.

Appel à la raison

Le voisin algérien, autre allié primordial, a encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive". Le président algérien Abdelmadjid Tebboune juge "raisonnable et justifiable une période de transition d’une durée ferme de douze à seize mois", ont dit ses services dans un communiqué.

Les autorités maliennes font, elles, assaut de pugnacité depuis dimanche et se drapent dans la défense de la patrie et de sa souveraineté, autour desquelles elles exhortent au ralliement.

"L’heure est au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie", a déclaré lundi soir dans un discours à la Nation le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021.

Le colonel Goïta et le gouvernement ont à nouveau fustigé les décisions de la Cédéao, au "caractère illégitime, illégal et inhumain" selon le premier.

L'embargo imposé par la Cédéao, hors produits de première nécessité, suscite la crainte de l'inflation et de la pénurie dans un pays pauvre et enclavé, éprouvé par les violences de toutes sortes et la pandémie de Covid-19.

Le gouvernement a accusé la Cédéao de s'être laissée "instrumentaliser par des puissances extra-régionales", référence claire à certains partenaires internationaux aux premiers rangs desquels la France, engagée militairement au Sahel mais avec laquelle les relations se sont sérieusement dégradées depuis 2020.

Plan de riposte

Jusqu'à mardi, très peu de voix significatives s'étaient élevées, au Mali même, pour critiquer la junte.

Une coalition de partis maliens, le Cadre d'échange, a rompu cette réserve en faisant porter à la junte "la seule et l’unique responsabilité" des sanctions.

Epreuve de force passagère ou durable, les intentions de la junte sont inconnues.

"Le Mali reste ouvert au dialogue avec la Cédéao pour trouver un consensus", a déclaré le colonel Goïta.

Mais ni lui ni le gouvernement n'ont pour le moment offert de perspective de sortie de crise. Le gouvernement a au contraire dit son intention d'élaborer "un plan de riposte".

Les colonels s'étaient engagés en 2020 à rendre les commandes aux civils au bout de 18 mois. Ils disent à présent ne pas être en mesure de respecter l'échéance prévue du 27 février 2022 pour organiser des élections.

Ils invoquent l'insécurité persistante dans le pays et la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations, à l'instar des précédentes.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.