POINTE-A-PITRE: Les forces de l'ordre ont démantelé lundi le piquet de grève des manifestants contre l'obligation vaccinale, situé depuis plusieurs mois devant le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre et symbole de la crise qui secoue la Guadeloupe.
A 3H00 du matin, "la police a débarqué sur le piquet de grève du CHU et ils ont tout écrasé. Quand on est arrivé, on a constaté qu'ils bloquaient les deux entrées du CHU et qu'ils interdisaient à tout manifestant de rentrer. On a bien compris la manoeuvre, c'est la privation des droits et des libertés", a déclaré Maïté Hubert M'Toumo, secrétaire générale de l'UGTG, syndicat engagé dans le collectif d'organisation contre l'obligation vaccinale, en demandant "à l'ensemble des travailleurs, de tous les secteurs d'activité de venir (les) rejoindre dans cette mobilisation".
"Si on veut entrer et faire grève, il faut envoyer un courrier en recommandé à Cotellon (directeur du CHU, NDLR)... C'est une atteinte au droit de grève fondamental", s'est insurgé le syndicaliste Gaby Clavier, ancien secrétaire général de la branche santé de l'UGTG.
La Guadeloupe a été secouée en novembre par un violent mouvement social, qui a démarré avec la contestation de l'obligation vaccinale des soignants.
Si le combat contre l'obligation vaccinale ne concerne plus désormais que certains manifestants qui maintiennent des meetings et des actions sporadiques, le piquet de grève toujours en place devant le CHU deux mois plus tard en était devenu le symbole.
Il y a une semaine, le directeur du CHU de Guadeloupe Gérard Cotellon et ses deux adjoints avaient dû être exfiltrés par la police de leurs bureaux assiégés par des militants anti-vax.
-'Suspendre le pass vaccinal'-
Lundi, des affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre en fin de matinée après le démantèlement du piquet de grève, a-t-on appris de source policière. Les forces de l'ordre ont fait usage de bombes lacrymogènes, selon les médias locaux.
Un manifestant a été interpellé pour "violences volontaires sur les forces de l'ordre", selon une source policière, et 80 personnes se trouvaient toujours devant le CHU en fin de matinée, selon cette même source.
Pour Widdy, un manifestant cagoulé qui faisait face lundi aux forces de l'ordre, "ce qui se passe là, c'est le début des affrontements, c'est empêcher de faire grève et c'est grave. La Guadeloupe va exploser c'est sûr, elle va brûler sauf si le préfet prend les dispositions nécessaires pour suspendre le pass vaccinal en Guadeloupe", a-t-il indiqué à l'AFP.
Par ailleurs, "trois barrages" ont été érigés tôt lundi matin sur la commune de Basse-Terre, a indiqué à l'AFP une source policière. "Un véhicule de police a été brûlé" et les forces de l'ordre ont essuyé des "jets de cailloux", selon la même source.
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre un motard chutant lourdement devant un barrage enflammé à Rivière des Pères. Les pompiers ont confirmé que le motard a été "transporté en état grave au Centre hospitalier de Basse Terre".
Des pics de 10 à 20 cm de long ont été jetés sur la route et de l'huile de vidange a aussi été déversée sur les axes concernés, selon la même source policière. Le nettoyage des axes étaient en cours en fin de matinée.
Samedi, plusieurs centaines de personnes ont participé à un rassemblement citoyen pour dire "stop" aux violences contre le personnel hospitalier de l'île. Des soignants sont venus témoigner d'un climat "de terreur" au CHU et déploré le climat généralisé de désinformation autour de la crise sanitaire.