POINTE-À-PITRE : Plusieurs centaines de personnes ont participé samedi en Guadeloupe à un rassemblement citoyen pour dire "stop" aux violences contre le personnel hospitalier de l'île, sur fond de crise autour de l'obligation vaccinale, a constaté une journaliste de l'AFP.
Lors de cette manifestation organisée par un collectif citoyen au Mémorial ACTe, des soignants sont venus témoigner d'un climat "de terreur" au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) et déploré le climat généralisé de désinformation autour de la crise sanitaire.
"Il faut libérer l'hôpital, nous refusons la terreur", a martelé Serge Romana, généticien guadeloupéen, officiant à Paris, mais présent au rassemblement sous les applaudissements de la foule.
Mardi, le directeur du CHU de Guadeloupe Gérard Cotellon et ses deux adjoints avaient dû être exfiltrés par la police de leurs bureaux assiégés par des militants contre l'obligation vaccinale.
"Cotellon est attaqué parce qu'il est compétent mais surtout parce qu'il est "neg gwadloup" (Guadeloupéen de souche)", a estimé M. Romana rappelant le procès en traîtrise que font les opposants à l'obligation vaccinale au directeur du CHU, qui, selon eux, applique les "lois de l'Etat colonial".
Des enseignants ou des anciens syndicalistes ont aussi dénoncé "des méthodes" syndicales qui manquent "d'éthique dans tous les services publics notamment au CHU", occupé depuis le 15 novembre par des personnels affiliés à la branche santé du syndicat UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe).
"Franchement, ça fait du bien de voir que les gens commencent à parler publiquement autour de cette pression permanente pour venir travailler et cette sensation de ne jamais être libre et à l'aise au travail", a souligné le docteur Tania Foucan, médecin légiste.
Un peu plus loin, le collectif contre l'obligation vaccinale s'était aussi mobilisé, tentant de rejoindre le mémorial et encadré par quelques membres des forces de l'ordre.
"Ils nous laissent sans salaire, sans emploi, on ne les lâchera pas", a indiqué Gaby Clavier, ancien secrétaire général de la branche santé de l'UGTG en référence aux suspensions liées au refus du personnel soignant de se faire vacciner.
En Guadeloupe, la cinquième vague a entrainé entre lundi et vendredi plus de 7 000 contaminations.
Le variant Omicron représente 100% des prélèvements et la pression sur le SAMU et les entrées en soins intensifs s'accélère, selon un bulletin épidémiologique de l'Agence Régionale de Santé et de la préfecture.
Dans ce contexte, le couvre-feu décrété entre 22h00 et 5h00 sera avancé dès lundi à 20h00, a annoncé la préfecture.