PARIS: Quinze milliards d'euros de plus en 5 ans et le droit à une "vie tranquille": le quasi candidat Emmanuel Macron est passé à l'offensive lundi à Nice sur la sécurité, un thème central à trois mois de la présidentielle, défendant un bilan étrillé par la droite et l'extrême droite.
Ce premier déplacement du président depuis qu'il a affirmé la semaine dernière vouloir "emmerder" les non-vaccinés intervient sur fond de violences contre les élus en faveur du pass vaccinal, comme l'agression dimanche du député LREM de Saint-Pierre-et-Miquelon Stéphane Claireaux (LREM), qualifiée d'"inacceptable" par le chef de l'Etat.
Donné à ce stade largement en tête (autour de 25-27%) des sondages au premier tour, le chef de l'Etat a promis que le budget de la sécurité serait accru de 15 milliards d'euros sur cinq ans, dans le cadre d'un projet de loi présenté en Conseil des ministres en mars. Mais qui ne pourrait donc être voté qu'après l'élection présidentielle.
Il a également dit vouloir "doubler les policiers sur le terrain d'ici à 2030" et détaillé ses mesures pour renforcer la lutte contre les violences intrafamiliales, le harcèlement de rue ou encore les cyberattaques.
Se gardant des formules polémiques, il a souhaité "œuvrer à la vie tranquille à laquelle tous nos concitoyens ont droit". "Nous n’y sommes pas encore (...) mais nous devons améliorer inlassablement les choses", a-t-il ajouté lors d'un échange avec élus et forces de l'ordre devant le futur "hôtel des polices" de Nice, avant de se rendre dans la vallée de la Roya, théâtre de crues meurtrières il y a 15 mois.
"Une nation plus forte c'est une nation qui continue d'investir sur l'éducation, sur la sécurité, la justice, la santé, et parfois il faut assumer de faire des transformations qui vont prendre du temps et de les lancer dès maintenant", y a-t-il relevé dans la ville de Tende.
De quoi voir en ces mesures une ébauche de programme de campagne? "Je ne parle pas pour moi-même, je parle pour notre pays: l'intérêt général suppose de voir loin", a-t-il assuré.
«Ensauvagement»
La sécurité est la pierre angulaire, avec l'immigration, des programmes de ses rivales à droite: Valérie Pécresse (LR) et Marine Le Pen, toutes deux autour de 16/17% dans les sondages, elles-mêmes suivies de près par l'autre candidat de l'extrême droite Eric Zemmour.
Emmanuel Macron "aura été le président de l'+ensauvagement+. (...) Les Français ne sont pas dupes. Je remettrai la France en ordre", a très vite réagi la candidate du Rassemblement national.
En des termes similaires, Eric Ciotti, "conseiller à l'autorité" de la candidate de la droite, a accusé le président sortant d'avoir laissé la société "s'ensauvager", fustigeant "un Waterloo sécuritaire". Selon Mme Pécresse, il est "comptable et coupable en matière d'insécurité", estimant que "le candidat Macron veut faire oublier les défaillances du président Macron".
Pour Eric Zemmour, Macron "veut doubler le nombre de policiers" quand lui veut "diviser le nombre de délinquants". Lors de ses voeux à la presse, le polémiste s'est imaginé à l'Elysée recevant les journalistes et rompant avec le "style de (son) prédécesseur, cet illustre emmerdeur", plaidant au passage pour le retour de la "blouse" à l'école primaire ou encore la "fin du collège unique".
En attendant, il a reçu dimanche le ralliement très commenté de Guillaume Peltier, transfuge de LR, nommé lundi vice-président du néo-parti de M. Zemmour, Reconquête!.
La gestion de la crise du Covid, avec des contaminations au plus haut depuis deux ans et un appel à la grève pour jeudi de la part des syndicats enseignants, reste omniprésente dans la campagne présidentielle.
Mardi, le Sénat va se pencher à son tour sur le pass vaccinal, adopté en première lecture la semaine dernière à l'Assemblée nationale. Les opposants au pass se sont mobilisés en nombre samedi avec plus de 105 000 participants, selon le ministère de l'Intérieur, soit quatre fois plus que le 18 décembre.
Réforme des parrainages
A gauche, Christiane Taubira, qui doit confirmer d'ici la fin de la semaine si elle se présente ou non à la présidentielle, était lundi en déplacement à Nantes pour esquisser son plan de lutte contre les violences contre les femmes.
Les quelques sondages qui l'ont testée lui ont attribué entre 2,5% et 7% des intentions de vote. Pour ses détracteurs, une candidature ajouterait encore un peu plus de confusion au sein d'une gauche éclatée en cinq candidatures principales.
Le leader des Insoumis et candidat de la gauche le plus haut dans les sondages (autour de 10%) Jean-Luc Mélenchon a de son côté demandé, lors d'une conférence de presse à Paris, une réforme rapide du système des 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle, estimant que ce "filtre est devenu un couperet".
Il avait déclaré la veille avoir réuni près de 400 parrainages.