AL-MUKALLA, Yémen : Une bande de trafiquants d'armes capturée a révélé comment l'Iran fournit des armes aux milices houthies au Yémen via une base en Somalie.
Les Houthis exploitent la pauvreté au Yémen pour recruter des pêcheurs comme contrebandiers d'armes, et envoient des combattants en Iran pour une formation militaire sous le couvert de vols « humanitaires » du Yémen à Oman, a indiqué le groupe.
Les quatre trafiquants sont interrogés depuis mai, date à laquelle ils ont été arrêtés avec une cargaison d'armes à Bab Al-Mandab, le détroit stratégique reliant la mer Rouge au golfe d'Aden.
Dans des séquences vidéo diffusées à la télévision yéménite, le chef de la bande Alwan Fotaini, un pêcheur de Hodeidah, admet avoir été recruté par les Houthis en 2015. Son recruteur, un trafiquant d’armes appelé Ahmed Halas, lui a dit que lui et d'autres pêcheurs opéreraient à partir de la ville côtière de Berberaen Somalie, et qu’ils transporteraient des armes et du carburant vers les Houthis.
Fin 2015, Fotaini s'est rendu à Sanaa et a rencontré un contrebandier houthi appelé Ibrahim Hassam Halwan, connu sous le nom d'Abu Khalel, qui deviendrait plus tard son contact en Iran.
Il s'agit d'un réseau complexe qui nécessite une surveillance constante, d'où le resserrement de la sécurité maritime.
Dr Theodore Karasik, analyste de sécurité
Se faisant passer pour des parents de combattants blessés, Fotaini, Abu Khalel et un autre passeur appelé Najeeb Suleiman ont embarqué sur un vol humanitaire à Oman, puis se sont envolés pour l'Iran. Ils ont été emmenés dans la ville portuaire de Bandar Abbas, où ils ont reçu une formation sur l'utilisation du GPS, le camouflage, le pilotage de navires, ainsi que l'entretien des moteurs.
« Nous sommes restés à Bandar Abbas pendant un mois pendant qu'ils préparaient la cargaison d'armes que nous transporterions au Yémen », a affirmé Fotaini.
Lors de la première mission de contrebande de Fotaini, son travail était d’agir comme leurre pour détourner l’attention d’un autre bateau transportant des armes iraniennes vers les Houthis. « Le plan consistait à appeler l'autre bateau pour changer de cap si on nous interceptait», a-t-il mentionné.
Il a ensuite été envoyé à Mahra au Yémen pour attendre de nouvelles expéditions d'armes. Les Houthis lui ont envoyé les coordonnées d’un lieu maritime où il a rencontré Abu Khalel ,en compagnie d’autres passeurs, avec un bateau chargé d'armes en provenance d'Iran qui ont été livrées aux Houthis.
L'analyste de la sécurité, le Dr Theodore Karasik, a déclaré que les relations commerciales de longue date entre le Yémen et la Somalie rendaient la contrebande d'armes difficile à arrêter. «Il s'agit d'un réseau complexe qui nécessite une surveillance constante, d'où le resserrement de la sécurité maritime », a déclaré à Arab News, Karasik, conseiller principal de Gulf State Analytics à Washington DC aux États-Unis
« Les itinéraires de contrebande suivent les voies de communication traditionnelles qui se mélangent avec d'autres commerces maritimes. La tentation de détourner le regard est parfois forte, une attention particulière est donc nécessaire pour briser ces chaînes.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com