WASHINGTON : Les Etats-Unis sont prêts à discuter avec la Russie des dispositifs de missiles et des exercices militaires des deux pays, lors de discussions qui pourraient commencer dès dimanche soir à Genève, a fait savoir samedi un haut responsable de la Maison Blanche.
Des diplomates américains et russes se retrouvent en Suisse pour tenter de désamorcer les tensions autour de l'Ukraine, alors que les Etats-Unis et les Européens accusent Moscou de préparer une nouvelle invasion de l'Ukraine.
"Il y a certains domaines (...) dans lesquels nous pensons qu'il pourrait être possible de faire des progrès", à condition que toute promesse soit "réciproque", a rappelé cette source, en donnant quelques détails lors d'une conférence téléphonique.
"La Russie a dit se sentir menacée par la perspective d'un positionnement de systèmes de missiles offensifs en Ukraine. (...) Les États-Unis n'ont aucune intention de faire cela. Voilà un domaine où nous pourrions trouver un accord si la Russie accepte de prendre un engagement réciproque", a dit le haut responsable, qui a requis l'anonymat.
Moscou "a aussi exprimé son intérêt à discuter l'avenir de certains systèmes de missiles en Europe, selon les principes du traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces)" et "nous sommes ouverts à une discussion" à ce sujet, a dit le haut responsable.
La Turquie appelle à éviter toute «provocation» avant ces pourparlers
ANKARA : La Turquie a appelé samedi à éviter toute "provocation" avant les pourparlers.
L'Otan, dont la Turquie est membre, juge qu'il existe un risque réel que la Russie envahisse l'Ukraine, après le positionnement de dizaines de milliers de militaires russes près de la frontière ukrainienne.
"Nous avons l'espoir que les tensions entre l'Ukraine et la Russie, entre la Russie et l'Otan, seront résolues par des moyens pacifiques", a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar lors d'une conférence de presse à Ankara. "N'aggravons pas les tensions, évitons les provocations".
Le ministre s'en est aussi pris à ce qu'il a estimé être un embargo sur les armes, "secret ou assumé", envers la Turquie de la part de ses alliés de l'Otan, sans nommer de pays précis.
"L'affaiblissement des forces armées turques signifie un affaiblissement de l'Otan", a-t-il dit.
Le Canada a bloqué ses exportations d'armes vers la Turquie en avril 2021, après avoir découvert que sa technologie de drones vendue à Ankara avait été utilisée par l'Azerbaïdjan lors de sa guerre contre l'Arménie.
Et en 2020, les Etats-Unis avaient frappé de sanctions l'agence turque d'armement, après l'achat par Ankara d'un système de défense antiaérienne russe.
M. Akar a ajouté que son pays était prêt à aider les autorités du Kazakhstan, confrontées à des manifestations contre la hausse du prix de gaz qui ont dégénéré en émeutes dans toute l'ex-république soviétique.
La Turquie cherche à renforcer ses liens avec les pays turcophones d'Asie centrale comme le Kazakhstan depuis la fin de l'URSS en 1991.
"Le Kazakhstan est un de nos alliés importants. Il faut la paix et l'ordre dès que possible", selon le ministre.
Enfin, Washington est prêt à discuter de "la possibilité de restrictions réciproques sur la taille et l'ampleur" des exercices militaires conduits par la Russie comme par les Etats-Unis et l'Otan, a indiqué la source.
"Nous ne saurons pas avant de commencer ces conversations demain soir si la Russie est préparée à discuter sérieusement et de bonne foi", a-t-il averti, précisant que les Russes et les Américains "auraient probablement une première conversation dimanche soir", avant de tenir leur "principale réunion lundi" en Suisse.
La vice-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman doit s'entretenir avec son homologue russe Sergueï Riabkov dimanche soir, selon un porte-parole du département d'Etat.
"Nous abordons ces discussions avec réalisme, pas avec optimisme", a encore souligné la source, indiquant qu'elles seraient "exploratoires" et ne déboucheraient pas sur des promesses fermes.
"Je ne serais pas surpris que les médias russes commencent à rapporter, peut-être même pendant que les discussions ont lieu, que les Etats-Unis ont fait toutes sortes de concessions à la Russie. C'est une tentative délibérée de créer des divisions entre alliés, en partie en vous manipulant", a-t-il dit aux journalistes participant à sa conférence téléphonique.