En temps de crise, la pêche n’est pas toujours miraculeuse au port de Byblos

La mer est calme, et le soleil se couche dévoilant des couleurs rosées dans le ciel. Il est temps de poser les filets. (Matt KYNASTON)
La mer est calme, et le soleil se couche dévoilant des couleurs rosées dans le ciel. Il est temps de poser les filets. (Matt KYNASTON)
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Publié le Jeudi 01 octobre 2020

En temps de crise, la pêche n’est pas toujours miraculeuse au port de Byblos

  • Pêcheurs libanais, Philippe et Ziad se retrouvent comme chaque soir au port de Byblos, ancien port phénicien du Liban, avant de prendre la mer
  • « La pêche est un très bon passe-temps, mais je ne le conseillerais pas comme métier ; tout est devenu trop cher pour peu de revenus »

Il est 16h passées. Philippe et Ziad se retrouvent au port de Byblos, ancien port phénicien du Liban, à côté de leur petit bateau à moteur blanc. Les deux hommes se connaissent bien. Philippe, soixante ans, est grand et bien portant. Il est le cousin de Ziad, 45 ans, barbichette soignée, portant un marcel et des tongs. Les deux hommes travaillent en mer depuis trente ans, dans cette ville qui est l’une des plus anciennes au monde à être continuellement habitée, depuis plus de 7000 ans.

« Il n’y a rien de plus beau que la mer! », s’exclame Philippe. Alors que les deux hommes coupent des morceaux de calamars pour les accrocher aux hameçons sur leur longue ligne, la lumière du jour commence à faiblir en cette soirée d’été. Il est temps d’y aller. Deux paniers d’osiers avec plusieurs mètres de fil en plastique sont parfaitement rangés, prêt à être envoyés en mer. Le moteur ronfle, et les deux hommes sortent du port, laissant le bruit de la ville derrière eux.

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Alors que les deux hommes coupent des morceaux de calamars pour les accrocher aux hameçons sur leur longue ligne, la lumière du jour commence à faiblir en cette soirée d’été. (Matt KYNASTON)

Il est bientôt 19h30 et les hommes sont à environ 500 mètres du port. La mer est calme, et le soleil se couche dévoilant des couleurs rosées dans le ciel. Il est temps de poser les filets. Les deux hommes ont chacun leur rôle et travaillent de concert, sans se donner d’instructions, en un véritable ballet.

Ziad, à la barre, démêle les filets et les jette à l’eau pendant que Philippe s’occupe de poser des bouées de fortune, des gallons d’huile vides, jaunes pour les repérer, qu’ils attachent à l’aide d’une ficelle épaisse afin de ne pas les perdre. Ensuite, une autre bouée, formée de plusieurs briques de polystyrène attachées ensemble avec une lampe clignotante verte, est jetée en mer. On la voit de loin, même en pleine nuit. Car aux alentours de 20h, il fait déjà noir sur les côtes libanaises.

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Ensuite, une autre bouée, formée de plusieurs briques de polystyrène attachées ensemble avec une lampe clignotante verte, est jetée en mer. (Matt KYNASTON)

Les deux pêcheurs continuent de jeter leurs 300 hameçons en mer. « Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de poisson, on verra combien on en pêche, mais pas plus de deux ou trois kilos, je dirais », estime Philippe. « La pêche est un très bon passe-temps, mais je ne le conseillerais pas comme métier ; tout est devenu trop cher pour peu de revenus », renchérit Ziad.

« Je suis avec la révolution »

« Prenez les hameçons par exemple! », rétorque Philippe. Dans le temps, 100 hameçons coutaient 3 000 livres libanaises (environ 2 dollars), mais avec le dollar qui a augmenté, les prix ont quadruplé. Le nylon que l’on jette en mer? Il est passé de 20 000 livres le kilo à 90 000 livres… Et puis il faut rajouter le mazout, 10 000 livres par sortie en mer ! »

Alors que les deux hommes patientent, grignotent loin de leurs filets, sans lumière pour éviter d’utiliser trop d’essence, les langues se délient.

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« La pêche est un très bon passe-temps, mais je ne le conseillerais pas comme métier ; tout est devenu trop cher pour peu de revenus », renchérit Ziad. (Matt KYNASTON)

« Evidemment que je suis avec la révolution, confie Ziad. Nous avons tous des diplômes mais nous nous retrouvons en mer, espérant gagner peut être 100 000 ou 200 000 livres libanaises, que l’on doit ensuite diviser par deux. Nous n’avons reçu aucune aide de l'Etat, et aujourd’hui, que puis-je acheter pour mes enfants avec 100 000 livres? Rien! »

L’inflation galopante et le taux de change flottant impactent directement les revenus des deux hommes qui cumulent aussi d’autres métiers et alternent afin de procurer un revenu décent à leur famille.

« En général, quand on descend en mer, au moins quatre fois par semaine, on commence à 3h du matin, on dépose nos filets aux alentours de 5h, puis on rentre chez nous pour 7h. Le soir, on revient au port pour 16, 17h, puis on rentre vers 22h », explique Philippe, alors qu’il récupère les hameçons vides. Car il est l’heure, les 300 hameçons sont restés une demi-heure en mer, et il est temps de les récupérer.

Ce soir, la pêche ne sera pas bonne: une trentaine de poissons pêchés, deux serpents de mer rejetés, et environ deux kilos de marchandise. De quoi tapisser le fond d’un cageot de plastique. « Nous avons du jarbidi, du mannouri, du sarghouse et du trakhour », des poissons communs dans la Mer méditerranée, expliquent-ils.

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Ce soir, la pêche ne sera pas bonne: une trentaine de poissons pêchés, deux serpents de mer rejetés, et environ deux kilos de marchandise. (Matt KYNASTON)

Les poissons passeront la nuit dans de la glace, au frigidaire chez Ziad. Demain, les poissonniers qui fournissent les meilleurs restaurants de la ville viendront les acheter, à des prix cependant plus élevés qu’auparavant.

« Les poissons qui coûtaient 10 000 livres il y a un an, sont aujourd’hui à 25 000. Tout est plus cher, et nous sommes obligés de nous adapter ».

Les deux hommes vendront leur marchandise à environ 100 000 livres. « Si on enlève toutes les dépenses, cela fait environ 20 000 livres chacun, même pas de quoi s’acheter une cartouche de cigarettes! » soupire Philippe, rappelant que le secteur de la pêche au Liban, pourtant millénaire, est en perdition. De nouveaux produits venant de l’étranger s’immiscent dans le marché, et les Libanais qui s’appauvrissent n’ont plus toujours les moyens d’acheter du poisson frais, même pêché sur leurs rives…  


Le nombre de prix remportés par Arab News s’élève à cent vingt-cinq, avec trois nouvelles récompenses au concours Newspaper Design

Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
Les reconnaissances passées englobent une gamme de projets spéciaux, notamment la couverture du « Règne animal saoudien », le « Guide étape par étape du Hajj 2023 » et l'édition spéciale de la « Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022 ». (Photo, AN)
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  • Présidé par Mario Garcia, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle
  • Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018

LONDRES: Arab News, le premier quotidien anglophone d’Arabie saoudite, a remporté trois prix d’excellence lors du 6e concours Newspaper Design, ce qui porte le nombre total de récompenses à cent vingt-cinq depuis sa relance, en 2018.

The Kingdom's Bride and Joy La Mariée et la Joie du Royaume»), qui était une édition papier spéciale consacrée au mariage royal jordanien, a remporté le prix de la meilleure page, et Riyadh: A city steeped in history Riyad: une ville chargée d’histoire») celui de la meilleure double page. Accession to the British ThroneL’accession au trône britannique») a obtenu le prix de la meilleure infographie pour la couverture spéciale qu’Arab News a réservée au couronnement du roi Charles III, l’année dernière.

Créé en 2009, Newspaper Design est le premier site Internet d’Asie consacré à la conception de journaux. Il récompense les contributions exceptionnelles à la conception de journaux, tant dans les médias imprimés qu’en ligne.

Présidé par Mario Garcia, un concepteur de médias américano-cubain de renommée mondiale, le jury de cette année a félicité Arab News pour son innovation et ses prouesses en matière de narration visuelle.

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La page The Kingdom's Bride and Joy, qui commémore l’union historique entre le prince héritier Hussein de Jordanie et la Saoudienne Rajwa al-Saif, a été saluée pour son illustration cinématographique, qui soulignait l’importance de l’événement. «Cette page commémore un événement historique. Elle en saisit l’ampleur et la signification grâce à une illustration soignée qui ressemble davantage à une affiche de film remarquablement conçue qu’à une simple première page de journal», ont estimé les juges.

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De même, la page consacrée à la fête nationale de l’Arabie saoudite et à la campagne d’Arab News sur l’Expo 2030 a été saluée pour son mélange innovant de photographies de paysages et d’illustrations. Ce document raconte de manière lumineuse l'histoire de la ville de Riyad.

La couverture par Arab News de l’accession au trône du roi Charles III en mai dernier a été récompensée pour ses infographies élégantes et festives. En décembre, la page a également été récompensée dans la catégorie «Suppléments» pour les occasions spéciales des European Newspaper Awards.

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Ces distinctions témoignent de l’évolution éditoriale d’Arab News sous la direction de son rédacteur en chef, Faisal J. Abbas, qui a mené sa relance en 2018.

Sous la direction d’Omar Nashashibi, chef du département de conception, Arab News continue de recevoir des éloges et a récemment reçu plusieurs prix lors de la 59e édition de la prestigieuse Society of Publications Designers, notamment pour sa première page Onions' tears and inflation fears et pour sa conception personnalisée de l’enquête spéciale The Kingdom vs Captagon («Le Royaume contre le Captagon»).

Les récompenses obtenues par le passé englobent toute une série de projets spéciaux, notamment plusieurs prix internationaux pour la couverture du «Royaume animal saoudien», pour le «Guide du Hajj 2023, étape par étape» et pour l'édition spéciale de la «Coupe du monde de football 2022 au Qatar».

Pour plus d’informations sur Arab News et ses projets primés, consultez le lien suivant: https://www.arabnews.com/greatesthits

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi et le prince héritier saoudiens présentent leurs condoléances au président des EAU à la suite du décès d’un haut responsable

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  • Le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane
  • Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères»

RIYAD: Le roi Salmane et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ont présenté jeudi leurs condoléances au président des Émirats arabes unis (EAU) après le décès d’un haut responsable et membre de la famille royale, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans un télégramme adressé au cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane, représentant de l’émir d’Abu Dhabi à Al-Aïn, le 1er mai 2024.

Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères» dans un télégramme séparé adressé au président émirati, selon la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le coût de la reconstruction estimé entre 30 et 40 milliards de dollars, selon l'ONU

Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
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  • Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars
  • Si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patientersi longtemps

AMMAN: L'ONU a estimé jeudi entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée depuis bientôt sept mois par une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien, à cause de l'ampleur sans précédent des destructions.

"Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars", a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.

"L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", a encore dit M. Dardari, également sous-secrétaire général de l'ONU.

Il a indiqué que "des discussions ont eu lieu concernant le financement (de la reconstruction) avec des pays arabes", faisant état de "signaux extrêmement positifs", sans donner plus de détails.

Il a ajouté que si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, "cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter" si longtemps.

"Il est donc important que nous agissions rapidement pour reloger les gens dans des logements décents et rétablir leur vie normale sur les plans économique, social, sanitaire et éducatif. C'est notre priorité absolue, et cela doit être réalisé dans les trois premières années suivant la cessation des hostilités."

En outre, il a estimé à "37 millions de tonnes" le total des décombres accumulés à la suite des bombardements et des explosions. "Nous parlons d'un chiffre colossal, et ce chiffre augmente tous les jours. Les dernières données indiquent qu'il approche déjà les 40 millions de tonnes".

Chute du PIB

Le responsable de l'ONU a d'autre part précisé que "72% de tous les bâtiments résidentiels avaient été entièrement ou partiellement détruits".

Aussi, "le développement humain à Gaza, dans tous ses aspects, notamment la santé, l'éducation, l'économie et les infrastructures, a reculé de 40 ans. Quarante années d'efforts et d'investissements sont parties en fumée".

"La reconstruction doit être minutieusement planifiée, efficace et d'une manière extrêmement flexible, car nous ignorons comment la guerre prendra fin" et quel type de gouvernance sera établi dans la bande de Gaza, a-t-il encore dit.

M. Dardari a souligné l'importance d'une préparation en amont pour pouvoir agir dès la fin des hostilités. "Nous devons être prêts pour fournir des logements temporaires décents, déblayer les décombres et nous occuper des milliers de cadavres qui se trouvent sous ces décombres".

Le PNUD estime dans un rapport publié jeudi que la guerre devrait entraîner en 2024 une perte de 26,9% du PIB pour l'ensemble des Territoires palestiniens, par rapport aux projections initiales du bureau palestinien des statistiques.

Avant le début de la guerre le 7 octobre, la croissance palestinienne était prévue à 3,5% en 2023, mais l'année s'était achevée sur une récession de 5,5% - une différence presque totalement due à l'effondrement de l'économie gazaouie, qui a reculé de plus 90% sur les trois derniers mois de l'année.

La Cisjordanie occupée est également concernée, son économie chutant de 18,8% sur le dernier trimestre 2023 par rapport à la même période un an plus tôt.

"La guerre dévastatrice à Gaza entraînera un coût économique et social pour les futures générations qui entraveront la reprise post-guerre et le développement dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés", a ajouté le rapport.

L'espérance de vie dans l'ensemble des territoires palestiniens a chuté de quatre ans et pourrait même perdre sept années si la guerre dure trois mois de plus.