PARIS : Les élèves reprennent lundi le chemin de l'école pour une rentrée marquée par l'incertitude et les défis que le variant Omicron fait peser sur l'enseignement, entre risques de contaminations à la Covid, fermetures de classes et potentielle explosion de l'"absentéisme" des enseignants.
Sur le plan du protocole sanitaire, pas de grand changement à prévoir pour cette rentrée scolaire à risques: le niveau 3 (sur 4) est maintenu dans les écoles élémentaires, tout comme le niveau 2 dans les collèges et lycées, afin de réduire le brassage entre les classes et les niveaux.
Seule évolution: le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer a décidé le renforcement de la politique de "contact tracing", qui soumettra les élèves à trois tests en quatre jours s'il y a un positif dans la classe. "Ce qui change, c’est que désormais, quand la famille fera le premier test, elle recevra en pharmacie deux autotests gratuits, pour que les élèves se testent à nouveau à la maison à J + 2 et à J + 4", a indiqué le ministre, dans un entretien au Parisien dimanche soir.
Le retour en classe se fera "sur présentation d'un résultat négatif".
"Au-delà d’envoyer personnels et élèves au casse-pipe, ce nouveau protocole va rendre encore plus difficiles des conditions de travail qui l’étaient déjà largement trop", a dénoncé Sud-Education dans un communiqué dimanche soir. Suivre dorénavant la transmission de trois tests pour chaque élève cas-contact va être infaisable".
Le gouvernement a, au passage, rejeté l'appel de certaines personnalités de l'opposition et d'une frange du corps enseignant à reporter d'une semaine la rentrée.
«Affichage gouvernemental»
"Reporter la date de la rentrée n’aurait fait que décaler le problème", a souligné auprès de l'AFP Laurent Zameczkowski, vice-président de la Peep, une fédération de parents d'élèves qui dénonce toutefois le "déni cosmique" du gouvernement en matière de "sécurisation des salles de classe".
Les syndicats d'enseignants voient les choses autrement: "Il n'y a aucune prise en compte du variant Omicron, rien ne nous permet de rentrer sereinement lundi", résume Guislaine David, porte-parole et secrétaire générale du SNUipp-FSU, syndicat d'enseignants du primaire.
"L'affichage gouvernemental du maintien des écoles ouvertes est en parfaite contradiction" avec la situation sanitaire, ajoute un autre syndicat, la FNEC FP-FO.
Les syndicats d'enseignants du primaire, eux, réclament le retour à la politique de fermeture d'une classe dès le premier cas positif, mesure qui n'est plus en vigueur depuis le 29 novembre.
Enfants «malmenés»
À la veille des vacances, 3 150 classes étaient fermées en France en raison de l'épidémie. Et à l'aune de cette rentrée, une nouvelle menace pèse sur l'enseignement: un "risque d'absentéisme accru" parmi les 800 000 enseignants.
Durant les vacances scolaires, le conseil scientifique a lui-même estimé à "au moins" un tiers les professeurs qui pourraient être touchés par le virus d'ici fin janvier, soit en étant positifs à la Covid-19, soit en étant cas contact.
Mais l'allègement des règles d'isolement, annoncées par le ministre de la Santé, devrait éviter les absences en cascade. Ainsi, les enseignants cas contact "compte tenu de la doctrine qui s'applique désormais, ils font la rentrée s'ils sont vaccinés après avoir fait un test", avance Jean-Michel Blanquer, précisant que les réunions parents-profs se feront en distanciel.
Enfin, le ministère a admis que le déploiement de capteurs CO2 dans les établissements scolaires était "totalement insuffisant". Il a lancé un "appel aux maires" à profiter du fond d’État de 20 millions d’euros pour doter leurs écoles en capteurs.
L’annonce de l’école ouverte est "une belle histoire à laquelle la FCPE ne croit plus", observe la coprésidente de la fédération des parents d'élèves, Carla Dugault.
"L'école ne pourra pas rester ouverte, dit-elle, alors que les élèves cas contact devront télétravailler" et que les enseignants, quand ils ne seront pas eux-mêmes positifs à la Covid-19, devront gérer un enseignement distanciel et physique, "ce qui n'est pas possible".
"La continuité pédagogique dont on parle tant n'existe pas sur le terrain", insiste Mme Dugault, qui souligne que les enfants sont "malmenés" depuis le début de la crise sanitaire.