PARIS : Les élèves retrouvent lundi les bancs de l'école, mais parents et enseignants abordent la rentrée scolaire dans le flou face aux conditions sanitaires et au nombre exponentiel de cas dus au variant Omicron.
"Je n’avais pas envie d’attendre une semaine de plus avant de retourner à l’école, sinon, on aurait été décalé", se réjouit Clémence, élève de CP en région parisienne.
La rentrée scolaire se fera donc lundi et sans grande modification du protocole sanitaire en place depuis fin novembre: le niveau 3 (sur 4) est maintenu dans les écoles élémentaires, comme le niveau 2 dans les collèges et lycées. Tous les cours auront lieu en présentiel.
Les niveaux 2 et 3 du protocole visent à réduire le brassage entre les classes et les niveaux.
Seul changement dans les règles: dans les écoles primaires, si "un enseignant est absent et dans l'attente de son remplacement, les élèves ne peuvent être répartis dans les autres classes", a annoncé vendredi le ministère de l’Éducation nationale sur son site internet.
Pour Paule, la mère de Clémence, la décision de maintenir les écoles ouvertes évite une situation professionnelle compliquée. "Je n’avais pas envie d’avoir à demander d’être remplacée au travail", dit la trentenaire qui a requis l'anonymat. "Le télétravail avec des enfants reste compliqué !".
Ce n’est pas pour autant que cette rentrée, sans protocole sanitaire renforcé, la rassure : "On voit des règles de l’extérieur mais on ne peut pas savoir si elles sont respectées".
Le quasi statu quo sanitaire a été annoncé jeudi, à l'issue d'une réunion entre les syndicats d'enseignants et le ministère.
La piste envisagée deux jours plus tôt par le ministre Jean-Michel Blanquer, selon laquelle les élèves pourraient avoir à présenter au moins deux tests négatifs à plusieurs jours d'intervalle, contre un actuellement, "reste en suspens et dépend de l'avis de la Haute autorité de santé" attendu pour la fin de semaine, selon les syndicats.
Pour l'heure donc, la règle reste fixée à un test négatif pour revenir en classe lorsqu'un cas positif y est détecté.
« Déni cosmique »
Les syndicats d'enseignants du primaire réclamaient le retour à la politique de fermeture d'une classe dès le premier cas positif, mesure qui n'est plus en vigueur depuis le 29 novembre. Désormais, il faut trois cas confirmés pour fermer une classe durant sept jours. A la veille des vacances, 3.150 classes étaient fermées en France en raison de l'épidémie.
"Les enseignants ne pourront plus boire leur café debout, mais les autres décisions sécuritaires restent en attente d'arbitrage", déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.
"Reporter la date de la rentrée n’aurait fait que décaler le problème", dit à l'AFP Laurent Zameczkowski, vice-président de la Peep, qui déplore toutefois que "les annonces faites par (le Premier ministre) Jean Castex n’aient pas été précisées depuis le 27 décembre".
Pour la Peep, "un déni cosmique" se fait ressentir en matière de "sécurisation des salles de classe", avec notamment l'absence de capteurs de CO2, que la fédération souhaite rendre obligatoire.
"L'immobilisme de l’Éducation nationale mais aussi des collectivités territoriales" face à la situation d'urgence "consterne" les parents d'élèves, selon M. Zameczkowski.
L’annonce de l’école ouverte est "une belle histoire à laquelle la FCPE ne croit plus", prévient sa coprésidente Carla Dugault.
"L'école ne pourra pas rester ouverte, dit-elle à l'AFP, alors que les élèves cas contact devront télétravailler" et que les enseignants, quand ils ne seront pas eux-mêmes positifs au Covid-19, devront gérer un enseignement distanciel et physique, "ce qui n'est pas possible".
"La continuité pédagogique dont on parle tant n'existe pas sur le terrain", insiste Mme Dugault, qui souligne que les enfants sont "malmenés" depuis le début de la crise sanitaire.
Le juste arbitrage semble difficile à trouver face à la recrudescence de la pandémie de Covid-19.
"Il n'y a aucune prise en compte du variant Omicron, rien ne nous permet de rentrer sereinement lundi", résume Guislaine David, porte-parole et secrétaire générale du SNUipp-FSU.