Débat Trump-Biden: combativité et agressivité l'emportent

Donald Trump et Joe Biden se retrouvent ensemble sur scène à 35 jours d'une élection présidentielle américaine sous très haute tension, le 29 septembre 2020 (Photo, AFP)
Donald Trump et Joe Biden se retrouvent ensemble sur scène à 35 jours d'une élection présidentielle américaine sous très haute tension, le 29 septembre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 30 septembre 2020

Débat Trump-Biden: combativité et agressivité l'emportent

  • « Tout le monde sait que c'est un menteur »: a lancé l'ancien vice-président au sujet du président républicain
  • Le vice-président républicain Mike Pence affrontera la colistière de Joe Biden, la sénatrice et ex-procureure Kamala Harris, le 7 octobre à Salt Lake City, dans l'Utah

CLEVELAND : Combativité et agressivité ont marqué le premier débat de l’élection présidentielle américaine qui a eu lieu à Cleveland dans l’Ohio entre le président républicain actuel, Donald Trump et le candidat démocrate Joe Biden, dans la nuit de mardi à mercredi.

Combatif, tentant de préserver son calme, Biden a voulu prendre les rênes de cette première confrontation avec Trump. Face à lui, le président sortant au style très particulier n’a pas tardé à enflammer la discussion. Résultat : un débat tendu des deux bords, virant par moments vers le personnel, le familial, avec des accusations réciproques qui feront des remous pour les jours à venir dans les medias et sur les réseaux sociaux.

A 35 jours de l'élection présidentielle américaine, « tout le monde sait que c'est un menteur », a lancé l'ancien vice-président au sujet du président républicain, moins de quinze minutes après le début du duel télévisé suivi par des dizaines de millions d'Américains. Joe Biden a même demandé au 45e président des États-Unis de « la fermer », avant de le traiter de « clown ».

Trump, de son coté, n’a pas manqué d’interrompre son adversaire pour reprendre la main, des interruptions qui lui ont valu plusieurs rappels à l’ordre de la part de l'animateur du débat, le journaliste de Fox News Chris Wallace.

Stratégie de langage corporel ou réaction spontanée ?  Le locataire de la Maison Blanche, qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans, était tourné durant tout le débat vers Joe Biden. Ce dernier, à l'inverse, fixait la caméra en permanence, et a donné beaucoup plus l’impression de s’adresser aux Américains, plutôt que de se concentrer sur son rival et le duel.

« Rien d'intelligent en vous »

« Il n'y a rien d'intelligent en vous », a raillé Donald Trump, qui ne cesse de remettre en cause la santé physique et mentale de son concurrent, et qui espérait une bonne performance, ou un faux-pas de son rival, pour se rattraper dans les sondages.

« Êtes-vous pour la loi et l'ordre? », a lancé le président américain dans un échange particulièrement tendu durant lequel il l'accuse d'être otage de ses supporters au « sein de la gauche radicale ». « La loi et l'ordre, et la justice », a répondu son adversaire démocrate.

Le milliardaire républicain a aussi tenté d'accuser Joe Biden, issu de l'aile modérée du parti démocrate, de vouloir un système de santé "socialiste" défendu par la gauche radicale.

Le candidat démocrate a de son côté dénoncé la volonté du locataire de la Maison Blanche d'installer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre. « Ce qui est en jeu ici, c'est que le président a dit clairement qu'il veut se débarrasser de l'Affordable Care Act », la loi d'assurance-maladie plus connue sous le nom d'Obamacare, a-t-il déploré.

« Nous devrions attendre de voir le résultat de cette élection », a plaidé le candidat démocrate, cravate à fines rayures noires et blanches.

« Nous avons gagné l'élection » de 2016 « et nous avons le droit de le faire », a rétorqué l'ex-magnat de l'immobilier, cravate sombre rayée de rouge.

« Aucun plan » contre la Covid-19

Les deux candidats septuagénaires se sont ensuite écharpés sur le bilan de la pandémie de Covid-19 aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus de 205.000 morts.

« Vous n'auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait, vous n'avez pas cela dans le sang », a martelé Donald Trump.

« Je sais ce qu'il faut faire » tandis que « le président n'a aucun plan », a répondu Joe Biden.

Coronavirus oblige, et comme prévu, les deux hommes ne se sont pas serré la main mais se sont salués de loin sur la scène de Cleveland, dans l'Ohio, l'un de ces états-clés qui pourrait faire basculer la victoire dans un camp ou dans l'autre le 3 novembre.

Ils faisaient face à un public restreint, avec leurs épouses, Melania Trump et Jill Biden, toutes deux masquées.

Oreillette et stimulants

Toute la journée, le climat a été tendu. Dans le camp de Donald Trump, 74 ans, on a ainsi sous-entendu que Joe Biden, 77 ans, pourrait avoir recours à une oreillette durant la soirée. Faux, a répondu le camp démocrate, comme il avait déjà balayé la demande du président qui avait réclamé un test antidopage, insinuant que le candidat démocrate pourrait avoir recours à des stimulants. Juste avant le débat, Joe Biden a toutefois semblé vouloir faire retomber la tension avec un tweet humoristique illustré par une photo avec des écouteurs d'iPhone et un pot de crème glacée. « C'est la soirée du débat alors j'ai préparé mon oreillette et mes produits dopants », a-t-il écrit.

Son équipe a elle assuré que le camp présidentiel avait demandé au modérateur du débat Chris Wallace de ne pas mentionner le nombre de morts du Covid-19 (plus de 205.000 aux États-Unis). « Mensonge », a-t-on rétorqué côté républicain.

L'ancien vice-président démocrate a aussi rendu publiques mardi ses feuilles d'impôts pour l'année 2019, un coup directement adressé au locataire de la Maison Blanche, affaibli par des révélations explosives sur sa situation fiscale et son endettement.

Si leur impact sur le scrutin reste souvent limité, ces débats sont des moments forts de la campagne électorale, depuis le premier tête-à-tête télévisé organisé il y a 60 ans, à Chicago, entre John F. Kennedy et Richard Nixon.

Tout sépare les deux candidats septuagénaires. Le milliardaire républicain s'est présenté une fois, en 2016, et a créé la plus grande surprise de l'histoire politique moderne.

Entré en politique il y a un demi-siècle, Joe Biden, sénateur puis vice-président, espère que sa troisième tentative pour la Maison Blanche (il s'était déjà présenté aux primaires démocrates en 1988 et 2008) sera la bonne.

Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride, et à Nashville, dans le Tennessee.

Le vice-président républicain Mike Pence affrontera la colistière de Joe Biden, la sénatrice et ex-procureure Kamala Harris, le 7 octobre à Salt Lake City, dans l'Utah.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.