Les crises se poursuivent en 2022, les souffrances des Libanais aussi

Un centre commercial pendant la saison des vacances à Hazmieh, au Liban, le 29 décembre 2021. (Photo, Reuters)
Un centre commercial pendant la saison des vacances à Hazmieh, au Liban, le 29 décembre 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 31 décembre 2021

Les crises se poursuivent en 2022, les souffrances des Libanais aussi

  • Au milieu des crises économiques, politiques, énergétiques et sociales en cours, il semble peu probable que la nouvelle année soit meilleure que la précédente
  • Un grand défi reste la mise en œuvre des normes exigées par la communauté internationale comme condition d'aide pour soutenir le Liban à surmonter ses crises économiques et sociales

 

BEYROUTH: Alors que le peuple libanais se prépare à accueillir l'arrivée d'une nouvelle année, il est épuisé par l'escalade des souffrances qu'il a endurées en 2021.

Une année marquée par des crises supplémentaires affectant le secteur de la santé, le système judiciaire et l'armée s’achève sur fond de relations de plus en plus glaciales entre les dirigeants politiques du pays.

Des images de parents en larmes parce qu'ils sont incapables d'acheter des médicaments ou du lait pour leurs enfants, et des scènes de longues files d'attente dans les stations-service étaient parmi les illustrations les plus parlantes des humiliations subies par les citoyens.

La valeur du salaire minimum de 675 000 livres libanaises (1 livre libanaise = 0,00058 euro) est tombée à seulement 23 dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) alors que le taux de change du dollar a atteint un sommet sans précédent de 29 000 livres.

Au cours des 12 derniers mois, le Liban a traversé des crises décrites par la Banque mondiale en juin comme «les plus graves au monde».

Les politiques monétaires ont été critiquées car la Banque centrale libanaise a connu une nouvelle baisse brutale de ses réserves en devises étrangères. Elle a eu recours à plusieurs reprises à l'impression répétée de monnaie pour garantir les liquidités nécessaires, ce qui a alimenté l'inflation.

En août, elle a cessé de subventionner les importations de carburant, puis de médicaments. Les travailleurs doivent désormais dépenser plus de la moitié de leur salaire uniquement pour se rendre au travail. La vie de nombreuses personnes est en danger parce que les médicaments ne sont pas disponibles ou, s’ils le sont, elles ne peuvent plus les acheter.

Le Liban est littéralement tombé dans l'obscurité cette année, car l’Électricité du Liban, la principale compagnie d'électricité du pays, n'était pas en mesure de fournir des niveaux minimums d'électricité, et de nombreuses personnes ont dû arrêter de louer des générateurs privés en raison de la flambée des coûts mensuels.

La suppression des subventions de l'État ne s'est accompagnée d'aucun mécanisme clair de protection des citoyens de la pauvreté, puisqu’un programme d'aide sous forme de carte de paiement pour les pauvres et la classe moyenne n'a pas encore été approuvé.

L'instabilité sociale croissante s'est reflétée dans la situation sécuritaire et l'augmentation du taux de criminalité dans le pays, les cas de vol ayant augmenté de 137 % par rapport à 2020.

Le 4 février, l'éditeur et militant politique Lokman Slim, un éminent critique du Hezbollah, a été assassiné. Il avait auparavant déclaré avoir reçu des menaces de mort de la part du groupe.

Pendant ce temps, le Hezbollah n'a ménagé aucun effort pour consolider son contrôle sur le pays, allant jusqu'à menacer le juge Tarek Bitar, qui dirige l'enquête judiciaire sur l'explosion du port de Beyrouth, l'accusant de politiser l'enquête.

Malgré les défis lancés par le Hezbollah au gouvernement libanais, et aux sanctions américaines, en important du carburant d'Iran via la Syrie en septembre, cela n'a pas duré longtemps au milieu des crises en cours.

Un jeune homme d'un clan arabe à Khaldeh, au sud de Beyrouth, a assassiné un responsable du Hezbollah en août, et des membres du même clan ont tendu une embuscade à des partisans du parti lors des funérailles de leur collègue à Khaldeh, ce qui a entraîné la mort de cinq personnes.

Le point culminant de la confrontation armée entre le Hezbollah et ses opposants a eu lieu à Ain al-Remmaneh en octobre, où une fusillade de quatre heures a opposé des combattants armés de mitrailleuses et de missiles. Sept personnes sont mortes dans ces affrontements et des dizaines ont été blessées. Le Mouvement Amal et le Hezbollah ont accusé le parti des Forces libanaises d'avoir attaqué des manifestants, fidèles à Amal et au Hezbollah, qui se dirigeaient vers le Palais de justice dans le but d’exiger la destitution du juge Bitar.

Depuis qu'il a repris l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth, celle-ci a été suspendue à sept reprises par des hommes politiques accusés d'être impliqués dans les circonstances qui ont conduit à l'explosion, dont l'ancien Premier ministre Hassan Diab.

Pendant ce temps, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a démissionné après avoir été incapable de former un gouvernement de spécialistes indépendants pour soutenir une initiative d'aide française, apparemment parce que le processus a été entravé par le Courant patriotique libre et le Hezbollah.

Najib Mikati a pris le relais et, après 13 mois d'impasse politique, il a formé un nouveau gouvernement en septembre. Cependant, les mêmes anciennes forces politiques y étaient représentées et, en un mois, son travail a été interrompu par le Hezbollah et le mouvement Amal.

La crise dans le pays a atteint son paroxysme vers la fin de l'année lorsque l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe ont rompu leurs relations diplomatiques et économiques avec le Liban pour protester contre les critiques offensives formulées par le ministre de l'Information, George Kordahi, à propos de la guerre au Yémen.

La démission tardive du politicien n'a pas réussi à améliorer les relations tendues, car les autorités saoudiennes ont affirmé que «le Hezbollah continue de déstabiliser le Liban et d'exporter de la drogue vers le Royaume».

À cause de la crise économique persistante et de l'incapacité du Liban à payer ses cotisations pour le travail du Tribunal international pour le Liban, le tribunal a été définitivement suspendu en juillet.

Le pays fait face à deux événements politiques importants en 2022: les élections législatives du 15 mai, auxquelles des milliers d'expatriés pourront participer, et des élections présidentielles en octobre.

Un grand défi reste la mise en œuvre des réformes exigées par la communauté internationale comme condition à l'aide pour soutenir le Liban à surmonter ses crises économiques et sociales.

Le Liban a au moins reçu la promesse d’une amélioration de la qualité et de la fiabilité de son approvisionnement en électricité, grâce à l'Égypte et à la Jordanie, au cours de l'année prochaine. Et les services de sécurité libanais ont promis de poursuivre leur lutte contre le trafic de drogue à travers le pays.

Pendant ce temps, la pandémie mondiale continue de faire rage et, en ce début d’année, de nombreuses personnes au Liban attendront les résultats des tests, dans un contexte de violation des mesures de précaution visant à ralentir la propagation du virus.

Les Libanais espèrent que ce sont les seuls résultats négatifs qu'ils verront au cours de cette année qu’ils souhaitent désespérément meilleure.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frankly Speaking : Évaluation du plan de la Ligue arabe pour Gaza

S'adressant à l'animatrice Katie Jensen, le prince Turki a expliqué pourquoi Israël devrait assumer la responsabilité financière des dommages qu'il a infligés à Gaza et à la Cisjordanie. (Photo AN)
S'adressant à l'animatrice Katie Jensen, le prince Turki a expliqué pourquoi Israël devrait assumer la responsabilité financière des dommages qu'il a infligés à Gaza et à la Cisjordanie. (Photo AN)
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  • Le chroniqueur saoudien Abdulrahman al-Rashed déclare que la proposition de la Ligue arabe n'est peut-être pas parfaite, mais qu'en présentant une alternative aux plans américains et israéliens, elle permet de faire avancer les pourparlers.
  • M. al-Rashed estime que le président américain Trump devrait avoir la possibilité de résoudre la crise du Moyen-Orient, mais insiste sur le fait que seule l'Autorité palestinienne possède la légitimité de gouverner Gaza.


RIYAD : Bien que le plan de la Ligue arabe pour Gaza, annoncé lors du sommet du Caire le 4 mars, ait fait l'objet d'un rejet catégorique de la part des Etats-Unis et d'Israël, il joue toujours un rôle crucial pour poursuivre les pourparlers, a déclaré le célèbre chroniqueur et analyste politique saoudien Abdulrahman al-Rashed.

Dans le cadre de l'émission d'actualité d'Arab News Frankly Speaking, M. al-Rashed a présenté une évaluation franche du plan de la Ligue arabe pour l'après-guerre à Gaza, de sa position par rapport aux propositions concurrentes et de l'évolution de l’ambiance politique au Liban, en Syrie et en Arabie saoudite.

Le sommet extraordinaire de la Ligue arabe s'est tenu la semaine dernière en réponse à la suggestion controversée du président américain Donald Trump selon laquelle les États-Unis pourraient prendre le contrôle de Gaza, déplacer sa population palestinienne vers l'Égypte et la Jordanie et réaménager le territoire en station de loisirs.

En revanche, le plan de la Ligue arabe, qui a reçu le soutien des dirigeants européens, prévoit que Gaza soit gouvernée temporairement par un comité d'experts indépendants et que des forces internationales de maintien de la paix soient déployées sur le territoire.

Ce comité serait chargé de superviser l'aide humanitaire et de gérer temporairement les affaires de Gaza sous la supervision de l'Autorité palestinienne. La reconstruction du territoire sera réalisée pour un coût de 53 milliards de dollars, sans qu'il soit nécessaire de déplacer la population. 

« Je pense qu'il ne nous reste plus que trois plans », a déclaré M. al-Rashed à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen.

« D'une part, il y a le premier plan, celui de la Ligue arabe, qui prévoit que les habitants demeurent à Gaza et que la reconstruction soit achevée en cinq ans. D'autre part, il y a le plan israélien, qui repose essentiellement sur l'occupation et probablement la continuation des opérations militaires. Et bien sûr, il y a le plan Trump, connu sous le nom de "riviera", selon lequel deux millions de personnes devraient partir, tandis que la région serait entièrement reconstruite pour la rendre habitable. Je ne sais pas si ces deux millions de personnes reviendront un jour. Mais les trois plans sont désormais sur la table.

Je ne sais pas si le sommet du Caire a réussi à convaincre la Maison Blanche, mais au moins, nous avons un plan. Et c'est précisément l'objectif : négocier », explique M. al-Rashed.

Bien qu'il craigne que les propositions d'Israël et de Trump n'aboutissent à un nettoyage ethnique, M. al-Rashed estime que le plan du Caire est essentiel pour fournir un cadre à la poursuite de l'engagement diplomatique.

« Il s'agit en fait d'un moyen de négocier, de maintenir l'élan, de sorte que Trump ne se contente pas de dire "expulsons les deux millions de personnes" et que le chaos règne en Égypte, en Jordanie et au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

M. al-Rashed a admis qu'il aborde ce plan avec une certaine dose de cynisme lorsqu'il a récemment écrit sur son compte X que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, devrait se rendre à la Maison Blanche pour présenter ce plan directement à M. Trump — même si cela signifie risquer une confrontation publique similaire à celle survenue entre le président Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« M. Aboul Gheit, à mon avis, devrait les informer du plan, le présenter directement aux Américains et en discuter avec eux », a affirmé M. al-Rashed.

« Nous aurons deux options. Soit ils négocieront et parviendront probablement à un accord, soit Trump fera exactement ce qu'il a fait avec Zelensky : il dira non, il ne l'acceptera pas, et poussera la Ligue arabe à revoir le plan et à proposer quelque chose de plus pragmatique. C’est ce que je voulais dire, en fait », a-t-il averti.

L'une des principales objections au plan de la Ligue arabe tient au rôle que le Hamas pourrait jouer dans la future gouvernance de Gaza, d'autant plus qu'Israël, les États-Unis et de nombreux pays occidentaux le considèrent comme un groupe terroriste, notamment en raison de son attaque du 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël.

Interrogé sur le fait que l'approbation du plan du Caire par le Hamas pourrait rendre sa présentation plus difficile, M. al-Rashed a déclaré que le groupe avait déjà exprimé son intention de se retirer.

« En fait, le Hamas a fait une déclaration presque assez proche pour dire qu'il accepte le plan et il a presque dit qu'il est prêt à accepter tout ce que les parties palestiniennes accepteront pour diriger Gaza, pour gérer Gaza », a-t-il dit. « Je pense donc que le Hamas est sur le point de dire oui ».

Toutefois, il a souligné le fait que si le Hamas pourrait accepter de renoncer au contrôle politique, le groupe ne s'est pas encore engagé à un désarmement complet.

De nombreux observateurs ont été surpris d'apprendre récemment que l'administration Trump avait entamé des pourparlers directs avec le Hamas. Les États-Unis ont lancé un ultimatum, exigeant la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas en échange d'un cessez-le-feu durable.

Si M. al-Rashed considère qu'il s'agit d'une évolution positive, il a critiqué le Hamas, qui s'est montré réticent à l'égard d'un tel accord, car il semble donner la priorité à son image publique plutôt qu'au bien-être de la population de Gaza.

« Je pense que nous sommes actuellement au bord de la deuxième phase de la guerre. Nous verrons probablement d'autres chars israéliens pénétrer dans la bande de Gaza. Et il est probable que l'avertissement ait un effet immédiat : le Hamas libérera probablement la plupart des otages, voire tous ceux qui restent, dans les semaines à venir », a-t-il averti.

« Je pense que le problème actuel pour le Hamas est de trouver une sorte de solution pour sortir de la situation, quelque chose qui leur donnera l'impression d'avoir gagné, tout en ne restant pas à Gaza. Je ne sais pas vraiment comment cela va se dérouler, mais c’est ce qui fait défaut actuellement. Il s'agit davantage de l'image du Hamas que de la vie des deux millions d'habitants de Gaza ou des otages restants », a-t-il expliqué.

L'Égypte et le Qatar ont la capacité d'exercer une influence sur le Hamas, ce qui pourrait faciliter le processus. « Nous avons une véritable fenêtre de solution cette fois-ci, bien plus qu'auparavant, après la conférence », a déclaré M. al-Rashed.

« Je pense que les Égyptiens et les Qataris ont désormais un moyen de pression. Ils peuvent vraiment faire pression sur le Hamas. S'il accepte l'idée, le Hamas libérera tous les autres otages, qui pourront quitter Gaza en toute sécurité et vivre ailleurs, peut-être en Algérie ou ailleurs. Et les Palestiniens, principalement l'Autorité palestinienne, dirigeront Gaza. Si ce scénario se produit - et je parie mon argent sur le fait qu'il est le plus probable - oui, nous mettrons fin à l'hostilité. Je pense que les Israéliens auront une sorte de supervision de Gaza. Les Palestiniens seront enfin en paix et un nouveau chapitre s'ouvrira au Moyen-Orient », a-t-il signalé. 

Toutefois, M. al-Rashed a également critiqué le refus d'Israël d'envisager un rôle pour l'Autorité palestinienne ou même pour l'Office de secours et de travaux des Nations unies dans la gestion de la bande de Gaza d'après-guerre.

« À l'heure actuelle, rien ne fonctionnera tant que nous ne disposerons pas d'une solution pratique », a-t-il confirmé. « Essayer d'expulser deux millions de personnes n'est pas une solution pratique. Cela n'arrivera pas. Si cela se produit, tout le monde sera perdant, y compris les Israéliens ».

M. al-Rashed a insisté sur le fait que l'Autorité palestinienne reste l'organe directeur le plus légitime pour Gaza, malgré son impopularité en Cisjordanie.

« Je pense qu'en termes de légitimité, ce n'est pas le Hamas, c'est l'Autorité palestinienne », a-t-il précisé. « L'Autorité palestinienne est l’autorité dotée de légitimité et reconnue par tout le monde, y compris les pays occidentaux ».

Bien qu'il soit difficile de prédire les événements, M. al-Rashed a déclaré qu'il soutenait le point de vue du chroniqueur d'Arab News Hassan Yassin, qui a suggéré dans sa récente tribune que la politique non conventionnelle de Trump pourrait contribuer à ouvrir la voie à une paix durable dans la région.

« Je pense que nous devons donner au président Trump l'espace et la possibilité de le faire parce que, écoutez, Trump n'est pas (Joe) Biden, et je pense que Trump est unique parmi tous les présidents américains », a-t-il assuré.

« Il est certain qu'il déplace des montagnes. Et je pense qu'il y a une grande chance pour le Moyen-Orient (...) non seulement pour régler la question de Gaza, mais nous pouvons aller au-delà et trouver une solution à deux États », a-t-il observé. 

« Trump a la capacité de convaincre n'importe qui, pour être honnête, à sa manière ; il a un style bien à lui. Je suis certain que (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahou n'osera pas se comporter avec Trump comme il l'a fait avec Biden ou (Barack) Obama dans le passé », a-t-il souligné.

« Trump peut entrer dans l'histoire et gagner le prix Nobel. Sans aucun doute », a constaté M. al-Rashed. 

M. al-Rashed a également rejeté toute idée selon laquelle l'Égypte et la Jordanie pourraient s'opposer à Israël au sujet du déplacement des Palestiniens, après que le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré qu'une telle action équivaudrait à un acte de guerre.

« Je ne pense pas que la Jordanie ou l'Égypte iront aussi loin. Je pense qu'il s'agit des deux meilleurs pays et gouvernements de la région qui savent comment gérer la crise », a-t-il remarqué. 

« Ils sont préoccupés par la question de Gaza. Les choses vont vraiment trop loin en termes de dévastation. Plus de 50 000 personnes y ont été tuées. Des otages israéliens y sont également restés. Nous sommes donc coincés », a-t-il regretté. 

« La question est de savoir comment faire sortir les otages israéliens, comment faire sortir le Hamas de Gaza, comment instaurer la paix à Gaza et enfin comment mettre en œuvre le plan de paix. Je ne pense pas que ce que nous avons entendu au sujet de la volonté égyptienne et jordanienne soit sérieux, honnêtement », a-t-il averti. 

Au sujet du Liban, M. al-Rashed a exprimé un optimisme mesuré quant à l'avenir du pays, suite à l'élection de l'ancien chef de l'armée Joseph Aoun à la présidence et de l'ancien juge de la Cour internationale de justice Nawaf Salam au poste de Premier ministre en janvier.

Après avoir été frappé par une crise financière majeure depuis 2019 et plus de deux ans sans formation de gouvernement officiellement reconnu, le pays est maintenant sur la bonne voie pour se redresser, notamment à la suite du récent conflit sur son territoire entre Israël et le Hezbollah.

M. al-Rashed a déclaré que la récente visite du président Aoun à Riyad était révélatrice de la réinitialisation en cours des relations entre l'Arabie saoudite et le Liban, mais il a averti que le Hezbollah - bien qu'il ait été considérablement affaibli par le conflit - restait une force potentiellement déstabilisatrice.

« Dans une certaine mesure, le pire est derrière nous, mais nous avons encore des problèmes », a averti M. Al-Rashed. « Même avec des couteaux de cuisine, le Hezbollah pourrait constituer un problème. Le Hezbollah, bien sûr, est confronté à de nombreux problèmes en ce moment. Des milliers de personnes sont à court d'argent. Leurs maisons ont été détruites. Elles doivent être reconstruites. Ils n'ont plus de routes vers l'Iran. Ils sont déconnectés de l'Iran ».

À propos de la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre et de la montée en puissance du gouvernement de transition d'Ahmed al-Charaa en Syrie, M. al-Rashed a déclaré qu'il s'agit d'un changement important pour la région.

« Je ne peux pas vraiment parler au nom de Riyad, mais d'après ce que j'ai compris, tout le monde - ou presque - est extrêmement heureux du départ du régime al-Assad », s’est-il félicité. « Il était là depuis un demi-siècle. Il a contribué au chaos ».

Les affrontements entre les forces de sécurité gouvernementales et les factions pro-Assad présumées au sein de la communauté alaouite se sont intensifiés la semaine dernière. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a apporté son soutien total à al-Charaa.

« Tout le monde a exprimé son soutien au président al-Charaa, y compris les Saoudiens », a précisé M. al-Rashed. « Il s'est rendu à Riyad pour sa première visite, et les Saoudiens l'ont chaleureusement accueilli. Il n'y a donc aucune raison de ne pas accepter le nouveau régime. Bien sûr, il est le bienvenu tant qu'il adopte un comportement conforme aux standards de la région. »

« L'Arabie saoudite peut jouer un rôle majeur dans le développement de la Syrie, mais cela dépend d'abord, bien sûr, de la levée des sanctions. Et cela relève davantage de Washington que de Riyad. Mais oui, c'est ce que nous observons actuellement : l'histoire est en train de s'écrire, c'est certain », a-t-il confirmé.

M. al-Rashed a également mis en garde contre l'implication d'Israël dans la communauté druze en Syrie, suggérant que les initiatives visant à créer une région séparée dirigée par la minorité ethnoreligieuse pourraient créer davantage d'instabilité.

« Les Israéliens, quel que soit leur objectif, cherchent bien sûr à créer une zone tampon en incitant les régions voisines, comme la région druze, à se mettre sous leur protection », a-t-il averti. 

En se tournant vers l'Arabie saoudite, M. al-Rashed a salué les réformes radicales mises en place dans le cadre du programme Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui ont permis au Royaume de se positionner comme une force de changement majeure dans la région.

« Nous voyons l'Arabie saoudite non seulement se développer, mais aussi devenir plus modérée sur le plan islamique. Nous assistons à un leadership qui s'efforce de diffuser ce message à travers la région et au sein du monde islamique », s’est-il félicité. 

« Les Saoudiens ne se contenteront pas de changer l'Arabie saoudite, ils transformeront le monde islamique, comme c’est déjà le cas aujourd’hui », a-t-il assuré. 

« Les individus jouent un rôle clé dans les grands changements historiques. Certains dirigeants parviennent à marquer une différence considérable pour leur pays. Et je pense que le prince héritier a démontré ses idées et, bien sûr, sa résilience depuis le début », a déclaré M. al-Rashed, en référence au leadership du prince héritier.

« Si vous avez écouté le prince héritier Mohammed ben Salmane au cours des dix dernières années, lorsqu'il s'adresse aux médias locaux ou régionaux, il parle de l'économie, du bien-être de la population et de l'avenir. Ce sont trois sujets qui font une réelle différence », a souligné M. al-Rashed.

« Malheureusement, les hommes politiques de la région consacrent 90% de leurs conversations à la politique. Je pense que c'est la raison pour laquelle les Saoudiens ont ce qu'on appelle 2030, une vision pour l'avenir. Et c'est ce qui occupe tout le monde », a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le dirigeant syrien appelle à l'unité après des violences meurtrières inédites

PHOTO DE FICHIER : Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, s'adresse aux participants lors d'un dialogue national, une étape clé dans la transition vers un nouveau système politique après des décennies de régime Assad, à Damas, en Syrie, le 25 février 2025. (REUTERS)
PHOTO DE FICHIER : Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, s'adresse aux participants lors d'un dialogue national, une étape clé dans la transition vers un nouveau système politique après des décennies de régime Assad, à Damas, en Syrie, le 25 février 2025. (REUTERS)
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  • Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante jeudi de partisans de M. Assad contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié (ouest), un ex-bastion du pouvoir déchu et berceau de la communauté alaouite.
  • Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, sur la côte ouest, où les forces de sécurité ont lancé d'importantes opérations pour traquer les partisans de l'ex-président.

LATTAQUIE, SYRIE : Le dirigeant Ahmad al-Chareh a appelé dimanche à l'unité nationale et à la paix civile en Syrie après la mort, selon une ONG, de centaines de personnes, en majorité des civils, dans des violences sans précédent depuis la chute de Bachar el-Assad.

Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante jeudi de partisans de M. Assad contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié (ouest), un ex-bastion du pouvoir déchu et berceau de la communauté alaouite, une branche de l'islam chiite dont est issu le clan Assad.

Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, sur la côte ouest, où les forces de sécurité ont lancé d'importantes opérations pour traquer les partisans de l'ex-président.

D'après l'Observatoire des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, « 745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte et les montagnes de Lattaquié par les forces de sécurité et des groupes affiliés » depuis jeudi.

Au moins 273 membres des forces de sécurité et des combattants pro-Assad ont également trouvé la mort, a précisé l'Observatoire, qui a fait état d'« exécutions sur des bases confessionnelles ». Mais les autorités n'ont pas fourni de bilan des victimes.

« Ces défis étaient prévisibles. Nous devons préserver l'unité nationale et la paix civile autant que possible, et, si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays », a déclaré M. Chareh lors d'un discours dans une mosquée de Damas.

Dimanche, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'envoi de « renforts supplémentaires » pour « rétablir le calme » à Qadmous, un village de la province de Tartous. Les forces de sécurité « traquent les derniers hommes fidèles à l'ancien régime à Qadmous et dans les villages environnants ».

L'agence officielle syrienne Sana a rapporté de « violents affrontements » à Taanita, un village de la montagne de la province de Tartous, où ont fui « de nombreux criminels de guerre affiliés au régime renversé et des groupes d'hommes fidèles à Assad qui les protègent ».

Un convoi de 12 véhicules militaires est entré dans le quartier de Bisnada, dans la province de Lattaquié, où les forces de sécurité fouillent des habitations, a constaté un photographe de l'AFP.

Toutes les routes menant à la région côtière ont été fermées « afin de prévenir les exactions », selon les autorités.

L'OSDH et des militants ont publié vendredi des vidéos montrant des dizaines de corps en vêtements civils empilés dans la cour d'une maison, des femmes pleurant à proximité. Dans une autre vidéo, des hommes en tenue militaire ordonnent à trois personnes de ramper en file, avant de leur tirer dessus à bout portant. L'AFP n'a pas pu vérifier ces images.

Le même jour, une source sécuritaire citée par Sana a fait état d'« exactions isolées », les imputant à des « foules » agissant en représailles à « l'assassinat de plusieurs membres des forces de sécurité par des fidèles de l'ex-régime ».

Depuis son arrivée au pouvoir après plus de 13 ans de guerre civile. M. Chareh s'efforce de rassurer les minorités et a appelé ses forces à faire preuve de retenue et à éviter toute dérive confessionnelle.

Lors d'un sermon dimanche, le patriarche orthodoxe d'Antioche, Jean X, a appelé M. Chareh à « mettre fin aux massacres » dans l'ouest du pays.

« Les zones ciblées étaient principalement habitées par des alaouites et des chrétiens. De nombreux chrétiens innocents ont également été tués. »

« Ce ne étaient pas tous des hommes fidèles au régime, la majorité étaient des civils innocents et désarmés, dont des femmes et des enfants », a affirmé Jean X.

Selon Aron Lund, du centre de réflexion Century International, la flambée de violences témoigne de la « fragilité du gouvernement », dont une grande partie de l'autorité « repose sur des jihadistes radicaux qui considèrent les alaouites comme des ennemis de Dieu ».

Même si M. Chareh a promis de protéger les minorités, cette ligne n'est pas nécessairement partagée par l'ensemble des factions qui opèrent sous son commandement, souligne M. Lund.


Comment la réserve royale du prince Mohammed ben Salmane protège la biodiversité en Arabie saoudite

Faris Abdullah Ismail al-Juhani a passé son temps dans la ferme familiale de Duba, une ville côtière de la réserve royale du prince Mohammed ben Salmane, aidant son père à s'occuper des moutons et des chameaux. Aujourd'hui chef d'équipe de gardes forestiers, il met à profit cette expérience pour protéger le patrimoine sauvage de l'Arabie saoudite dans le cadre du programme de réensauvagement de la réserve (Photo PMSRR).
Faris Abdullah Ismail al-Juhani a passé son temps dans la ferme familiale de Duba, une ville côtière de la réserve royale du prince Mohammed ben Salmane, aidant son père à s'occuper des moutons et des chameaux. Aujourd'hui chef d'équipe de gardes forestiers, il met à profit cette expérience pour protéger le patrimoine sauvage de l'Arabie saoudite dans le cadre du programme de réensauvagement de la réserve (Photo PMSRR).
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  • Les tests génétiques sont essentiels pour s'assurer que les bonnes sous-espèces sont réintroduites
  • La réserve encourage également l'écotourisme durable et apporte des avantages socio-économiques aux communautés locales

RIYAD : Fondée il y a sept ans dans le cadre de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, la réserve royale du prince Mohammed ben Salmane illustre l'engagement du Royaume envers la conservation environnementale.

L'Arabie saoudite a accompli des progrès considérables dans la protection de ses écosystèmes et de sa faune, en étendant ses zones protégées de 19 à plus de 400, couvrant désormais 18% du territoire du Royaume.

"Lorsque j'ai été invité à découvrir l'Arabie saoudite, j'ai été fasciné par sa beauté sauvage et étendue, sa nature brute et sa biodiversité unique", a déclaré Andrew Zaloumis, directeur général de la réserve royale du prince Mohammed ben Salmane, à Arab News.

"J'ai été impressionné par la vision, le leadership et la direction en matière de conservation. La Vision 2030 met en place un cadre permettant de concrétiser les engagements du Royaume en matière d'environnement et de les rendre pertinents à l'échelle mondiale", s’est-il exclamé.

"Son potentiel à devenir un concurrent mondial sérieux était une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer", a-t-il ajouté. 

Située dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, la réserve s'étend sur environ 24 500 kilomètres carrés, englobant 15 écosystèmes et abritant plus de 50 % des espèces marines et terrestres du Royaume, ce qui en fait l'une des zones protégées les plus riches en biodiversité du Moyen-Orient.

"La réserve abrite une biodiversité végétale et animale exceptionnelle", a déclaré M. Zaloumis, précisant qu'elle couvre 1% de la superficie terrestre de l'Arabie saoudite et 1,8% de sa superficie marine.
"Les 170 kilomètres de littoral de la réserve sont les plus longs à être gérés par une seule agence de conservation dans le Royaume", a-t-il noté. 

"Elle abrite 64% des espèces de coraux du Royaume, 22% des espèces de poissons, ainsi que des populations de tortues vertes et de tortues imbriquées, des dauphins à long bec, des dugongs, des requins-baleines et des écosystèmes de mangroves grises d'une importance cruciale", a-t-il détaillé.