Pourquoi le changement climatique est de nouveau une priorité

De jeunes militants participent à une manifestation lors d'une journée mondiale d'action sur le changement climatique dans le canton de Khayelitsha, près du Cap, en Afrique du Sud, le 25 septembre 2020 (Reuters)
De jeunes militants participent à une manifestation lors d'une journée mondiale d'action sur le changement climatique dans le canton de Khayelitsha, près du Cap, en Afrique du Sud, le 25 septembre 2020 (Reuters)
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Publié le Mercredi 30 septembre 2020

Pourquoi le changement climatique est de nouveau une priorité

Pourquoi le changement climatique est de nouveau une priorité
  • Une jeunesse énergique ne peut pas être longtemps réduite au silence
  • Les manifestants étaient majoritairement jeunes, ce qui est compréhensible puisqu'ils hériteront de ce monde et qu'ils veulent vivre sur une planète habitable

Ces six derniers mois, la pandémie de coronavirus a poussé à l’arrière-plan tous les autres problèmes et, pendant un certain temps, elle a même fait taire les jeunes qui manifestaient pour le climat, et qui ont fait part de leurs revendications sur Internet.

Certes, il y a eu des manifestations depuis mars, mais elles concernaient des mesures contre le coronavirus (pour ou contre). Il y a eu aussi les manifestations Black Lives Matter (BLM), en réaction à la mort de George Floyd, et d'autres exemples plus récents de violence policière contre les Afro-Américains, lorsque les agents qui ont tiré sur Breonna Taylor sont restés relativement impunis. Il y a eu aussi des manifestations anti-BLM.

Certaines d’entre elles étaient pacifiques, d'autres non. Elles sont le reflet des sociétés occidentales polarisées, et elles ont ceci de commun qu’elles sont une réaction directe à une situation qui s’est produite sur place.

Le changement climatique est différent. Il ne s'agit pas d'un événement unique mettant en évidence un abus spécifique. C'est une situation inquiétante qui s’installe silencieusement. Un monde confiné a peut-être empêché la propagation du virus, mais la nature fait toujours rage. Il y a eu des inondations, des incendies et des ouragans. Avant la mi-septembre, les incendies de forêt en Californie ont déjà détruit une superficie aussi grande que celle qui est habituellement touchée durant toute la saison des feux de forêt. Le changement climatique est peut-être moins immédiat que le virus ou l'injustice sociale, mais il est néanmoins réel. À long terme, il fera plus de morts que la Covid-19. Cela peut sembler macabre, mais c’est la vérité.

Une jeunesse énergique ne peut pas être longtemps réduite au silence. Vendredi dernier, les étudiants ont manifesté dans plus de 3 500 endroits dans le monde, de l'Europe à l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord et du Sud. L'image la plus dramatique fut celle de Mya-Rose Craig, militante de 18 ans, debout sur une calotte glaciaire arctique pour nous alerter sur la fonte des pôles et l'élévation du niveau de la mer.

Il y a eu 400 manifestations en Allemagne et 21 000 jeunes se sont rassemblés dans la seule ville de Berlin. La militante suédoise Greta Thunberg, qui a lancé le mouvement, a rassemblé ses partisans à Stockholm.

Dans de nombreux endroits, les organisateurs de la manifestation ont prescrit le port du masque et ont respecté les règles de distanciation sociale, ce qui n’est pas le cas pour d'autres manifestations depuis mars dernier, quelle qu'en soit la cause. Les manifestants étaient majoritairement jeunes, ce qui est compréhensible puisqu'ils hériteront de ce monde et qu'ils veulent vivre sur une planète habitable. Leur principale revendication, portée par leur slogan «Pas un degré de plus!», est de mettre fin à la combustion d’énergies fossiles d'ici à 2030, ce qui est pour le moins ambitieux.

Il est facile de critiquer les jeunes défenseurs du climat comme étant trop ambitieux, mais si les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat de 2015 doivent être atteints, les politiciens devront être persuadés de légiférer pour des mesures drastiques.

Il est facile de critiquer les jeunes défenseurs du climat comme étant trop ambitieux, mais si les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat de 2015 doivent être atteints, les politiciens devront être persuadés de légiférer pour des mesures drastiques. L’Accord de Paris vise à limiter le réchauffement de la terre à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels d'ici à la fin du siècle, et avec les mesures actuelles, nous sommes loin d'atteindre cet objectif.

C'est le travail des jeunes d'être audacieux, tout comme c'est le travail des dirigeants mondiaux de mettre les demandes en perspective. Vu à travers ce prisme, Thunberg et ses partisans ont accompli beaucoup en un peu moins de trois ans.

L'année dernière, le débat sur le changement climatique a dominé les élections dans de nombreux pays européens, les partis verts faisant des progrès considérables. Les politiques ont également été influencées, le green deal de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en est un exemple.

C'était un signe des temps quand le président Xi Jinping a déclaré à l'Assemblée générale des nations unies que les émissions de carbone de la Chine culmineraient avant l’année 2030 et qu'elle envisageait de devenir neutre en carbone d'ici à 2060.

Le plan de Xi Jinping n'était peut-être pas assez ambitieux, mais c’est un pas dans la bonne direction. De plus, l'élan prend forme, avec la Chine, l'Union européenne, le Japon et la Californie, et plusieurs autres grands États américains, plus ou moins au diapason. En ce sens, les jeunes manifestants ont beaucoup accompli.

La Covid-19, quelle que soit sa gravité, est une distraction temporaire. Nous ne devons pas sous-estimer nos jeunes et leur activisme, et les élus politiques, en particulier, les ignorent à leurs risques et périls.

Certaines de leurs demandes sont-elles extrêmes et irréalistes? C'est peut-être le cas, mais aucun mouvement n'a jamais réalisé quoi que ce soit en étant timide. Nous devons nous attendre à ce que l'agenda sur le changement climatique revienne au premier plan. Les organisateurs de la manifestation peuvent également apprendre des réponses au Covid-19 ce qu'exige une mobilisation maximale à l'échelle mondiale.

Ce sera le travail de leurs aînés de mettre les choses en perspective et de veiller à ce que des questions comme la justice sociale, le développement économique dans le tiers-monde et la reprise économique post-Covid soient également prises en compte, tout en essayant d'atteindre les objectifs du changement climatique.

 

Cornelia Meyer est conseillère en entreprise, macroéconomiste et experte en énergie.

Twitter : @MeyerResources

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com